avril 24, 2024

Sans Issue

Titre Original : No Exit

De : Damien Power

Avec Havana Rose Liu, Danny Ramirez, David Rysdahl, Dennis Haysbert, Dale Dickey

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Obligée de rentrer de toute urgence dans sa famille, l’étudiante Darby Thorne se retrouve bloquée par une tempête de neige et forcée de s’arrêter sur une aire d’autoroute en compagnie de mystérieux inconnus. Ce qui pourrait n’être qu’un simple mal en patience à prendre dégénère brusquement lorsqu’elle découvre qu’une jeune fille portée disparue est séquestrée dans une camionnette garée sur le parking et appartenant à l’une des personnes à l’intérieur du bâtiment. Commence alors une terrifiante lutte à mort pour non seulement sauver la vie de cette innocente, mais aussi découvrir qui parmi ces gens pourrait être le ravisseur…

Avis :

De nos jours, il est compliqué de fournir de la nouveauté dans un thriller. Tout, ou presque, a déjà été vu, et pour se démarquer, il faut des personnages solides et des twists que l’on ne voit pas venir. Chose plutôt difficile lorsque l’on a un petit budget et un film voué à une plateforme de VOD. C’est un peu le sort promis à Sans Issue (No Exit en version originale), deuxième film de Damien Power, réalisateur australien à qui l’on doit déjà un thriller horrifique avec Killing Ground. Ici, le cinéaste propose de suivre le destin de cinq personnes enfermées dans un office du tourisme à cause d’une tempête de neige. Tout dérape lorsque l’héroïne découvre dans l’une des voitures une petite fille attachée, et sait que le kidnappeur fait partie des cinq personnes présentes dans la salle. A partir de ce constat simple, l’intrigue se met en branle.

Enfermés dedans

Thriller en huis-clos, Sans Issue est donc sorti en toute discrétion sur Disney+ via l’extension Star. Sans grande star dans son casting, si ce n’est Dennis Haysbert (24h Chrono) ou Dale Dickey, le long-métrage avait les coudées franches pour offrir un petit spectacle divertissant à défaut d’être original. Et dans les grandes lignes, c’est bien ce que l’on va avoir. Une jeune femme avec un traumatisme se retrouve bloquée avec des inconnus, elle découvre un problème et s’adresse aux mauvaises personnes. S’ensuit alors un combat pour survivre, oscillant constamment entre l’intérieur étriqué de cet office du tourisme, et un parking en plein air où une tempête de neige fait rage. Damien Power va alors tenter de brouiller les pistes et d’aligner quelques twists afin de donner plus de consistance à son script assez léger.

De ce fait, le cinéaste va tenter de donner de l’épaisseur à ses personnages. On nous présente sommairement l’héroïne, Darby, une jeune femme qui s’échappe d’un centre de désintoxication pour retrouver sa mère mourante à l’hôpital. A l’aide de quelques flashbacks, on va vite comprendre pourquoi Darby veut rejoindre sa mère, et pourquoi sa relation avec sa sœur est compliquée. Cela donne du grain à moudre autour du personnage, et l’on peut voir l’office comme une projection de son esprit, prisonnière entre l’addiction et la volonté de se battre. A ses côtés, on retrouvera quatre personnages assez différents. Tout d’abord un couple qui ne va pas ensemble, avec un ancien G.I. à la retraite et une femme de ménage. Le couple semble s’aimer et veut partir à Reno pour des parties de poker.

Dans ma tête?

A côté d’eux, on va avoir droit à deux jeunes hommes. Le premier est un latino charmant, souriant et qui semble très à l’aise. Tandis que le deuxième est un type introverti, colérique et qui semble avoir l’intelligence d’un petit enfant. Avec de tels portraits, on se doute bien de qui est responsable du kidnapping. On se dit que ce n’est pas possible de faire aussi simple, et pourtant, le réalisateur ne va pas trop se prendre la tête sur les grandes lignes de son récit. Cependant, il tente de surprendre en ajoutant des axes inattendus, nous plaçant constamment du point de vue de l’héroïne, qui va se faire avoir comme une bleue. Les deux twists seront assez bien amenés et prêteront alors à diverses interprétations sur les intentions du métrage. Sommes-nous dans la tête de Darby ou tout cela se passe-t-il vraiment dans la réalité ?

Plusieurs points permettent d’avancer cette théorie. Tout d’abord, le fait que les téléphones n’aient pas de réseau peut se voir comme la difficulté qu’a Darby de communiquer avec les autres et à se livrer. Le début, en thérapie de groupe, la montre comme une rebelle qui veut garder ses secrets pour elle. Il en va de même avec certaines facilités comme la façon de démarrer une voiture avec un simple tournevis. Ne peut-on pas y voir une manière de lancer son introspection et sa bataille contre ses addictions. Une addiction qui va prendre la forme de deux types qui enlèvent une jeune fille, symbole de l’innocence, et donc de la sobriété de Darby. Enfin, l’autre point un peu étrange vient des scènes d’extérieur, où malgré la tempête, les bouches ne relâchent aucune vapeur d’eau. Sommes-nous bien dans la réalité ?

Ou mal foutu?

En tous les cas, si le scénario se veut terre à terre, on notera ces facilités comme de gros défauts, empêchant tout bonnement de se projeter dans le film. De plus, il y a quelques maladresses plutôt impardonnables, et cela concerne tout le message autour de la drogue. En effet, à un moment, pour s’en sortir, Darby va céder à la tentation et prendre de la poudre blanche. Cela va fortement l’aider pour se sortir de ce piège et il est difficile d’y voir un autre message que : « la drogue aide ». Le réalisateur aurait pu trouver une autre façon de s’en sortir, sans céder à la tentation, se plongeant peut-être dans une volonté dure comme fer à l’aide de quelques ressorts scénaristiques sur le passé de l’héroïne.

Comme on peut le constater, Sans Issue est un petit film qui pourtant recèle des pistes de lecture assez intéressantes. Sans être une révolution dans le monde du thriller, malgré son faible budget, le jeune réalisateur tente des choses, ce que l’on retrouve aussi dans la mise en scène. Certaines séquences sont très jolies, à l’image de la fin, avec ce feu qui va bouffer l’office du tourisme, et les plans en miroir pour voir le méchant à travers les flammes. Il y a une sorte d’iconisation de ce lieu clos, qui représente certainement l’esprit étriqué par la drogue du personnage principal. Une façon de s’en sortir, en combattant le mal par le mal, et en ayant très mal.

Au final, Sans Issue est un tout petit thriller qui tente de brouiller les pistes de manière plus ou moins maladroite. On ne peut reprocher à Damien Power de vouloir trouver des ressources malines pour surprendre son spectateur, et on ne peut pas non plus lui en vouloir de jouer avec des codes connus. Entre un budget serré et un film destiné dès le départ à de la VOD, il y a de quoi rapidement céder à la facilité. Pour autant, le film détient un scénario plutôt plaisant, et malgré quelques redondances, on se plait à suivre les grosses galères de cette toxico qui tente de s’en sortir par tous les moyens. Sans être un grand film, ni même un bon film, Sans Issue est un petit thriller assez efficace et plaisant, ce qui est déjà pas mal.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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