Titre Original : Coming to America
De : John Landis
Avec Eddie Murphy, Arsenio Hall, James Earl Jones, Shari Headley
Année : 1988
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie
Résumé :
Dans le royaume africain du Zamunda, le prince Akeem fête ses 21 ans. Ses parents lui ont choisi une épouse, mais Akeem souhaite trouver lui-même la femme idéale. En compagnie de son ami Semmi, il se rend à New York.
Avis :
Chaque acteur a sa période faste. Son moment de gloire où il enchaîne les bons films et devient alors une icône. Bien évidemment, cela est souvent suivi par une traversée du désert, puis par une sorte de revival, mais là n’est pas la question. Pour Eddie Murphy, sa période de prédilection se trouve à la fin des années 80. Coup sur coup, il enchaîne les succès et les films populaires. On peut parler du Flic de Beverly Hills, de Golden Child l’Enfant Sacré du Tibet ou encore de Un Prince à New York. Des films qui vont lui permettre d’atteindre une certaine notoriété et de capitaliser sur son nom. Concernant le dernier film cité, Eddie Murphy va s’acoquiner avec John Landis avec qui il avait déjà travaillé en 1983 pour Un Fauteuil pour Deux. Racisme, lutte des classes, cliché, romance, voici donc le cocktail détonant de ce film.
A la Recherche du bonheur
Le film commence dans le royaume de Zamunda, un pays africain très riche, où l’on va suivre le quotidien d’un prince qui se fait aider dans toutes les tâches quotidiennes. Il se fait laver, se fait habiller, il doit marcher sur des pétales de roses, bref, il ne fait rien par lui-même. Son père, le roi, veut marier son fils et il lui impose une épouse qui doit satisfaire tous les goûts de son mari. Sauf que le prince ne l’entend pas de cette oreille et souhaite trouver l’amour, le vrai, avec une femme intelligente et qui a ses propres opinions. Il décide alors de partir pour New York avec son meilleur ami dans l’espoir de trouver la femme de ses goûts. Pitch assez simple à comprendre, mélange peu subtil de comédie et de romance, Un Prince à New York va pourtant tenir toutes ses promesses.
Et John Landis va en profiter pour offrir un film à la fois drôle, touchant et plutôt intelligent dans ce qu’il raconte. On se doute bien qu’avec ce film, le choc des cultures va être très grand, d’autant plus quand un prince très riche veut aller dans le quartier le plus pauvre de New York. Le choc est grand pour Semmi, le meilleur ami d’Akeem, qui veut rester dans le luxe. Cependant, Akeem adore cette expérience et va tout faire pour s’intégrer dans une société qui n’est pas la sienne. Il va prendre la place d’un employé de fast-food et s’effacer pour devenir un citoyen lambda. Critique acerbe d’une richesse qui fait oublier le savoir-vivre et les galères des travailleurs de l’ombre, Un Prince à New York va planter un personnage atypique, empathique, qui veut juste être un humain « normal ».
N’est pas prince qui veut
L’intelligence du récit est ici de mettre en avant un prince qui s’efface pour tenter de séduire une femme pour ce qu’il est au fond de lui et non pas pour son argent. Si la fin laisse à penser que l’argent fait tout de même le bonheur et que lorsque l’on tombe dessus, on n’a pas forcément envie de le renier, le film tente une approche intéressante dans les relations humaines. Malgré sa notoriété, malgré son meilleur ami qui fait tout pour retrouver le luxe, malgré un père qui va devenir invasif, Akeem veut être aimé pour sa gentillesse, et non pas pour son statut. Le message est assez juste. La romance l’est tout autant, ne tombant jamais dans le pathos ou la guimauve écœurante. Mieux, elle va servir à montrer le vrai visage de certaines personnes. Dont la sœur de l’amoureuse, ou encore son ex-fiancé.
On se doute bien de la fin, mais là n’est pas le plus important. On va remarquer ce qui se trame autour de cette romance avec des personnages secondaires qui ne font faire que représenter différentes visions de l’amour. Le père de Akeem ne comprend que son fils prenne une roturière comme épouse et veut imposer sa vision. Sa mère, quant à elle, l’encourage à courir après son amour, car elle sait que c’est ce qui le rendra heureux. Le père de la dulcinée est un rapace, qui n’est attiré que par une chose, l’argent. Il arrivera à ses fins, mais il montrera les crocs lorsque le roi va dire du mal de sa fille. La preuve d’un père aimant qui ne veut juste que le meilleur pour sa fille aînée. Reste la sœur, qui va prendre l’ex-fiancé, par intérêt plus que par amour.
Et l’humour dans tout ça
Bien évidemment, un film de John Landis sans humour et second degré n’est pas un film de John Landis. Et malgré le côté romance, on va avoir droit à des moments vraiment drôles. Dès le début, lorsque Eddie Murphy se réveille, certains gags valent détours, comme le coup du bain, ou encore lorsqu’il va déjeuner avec ses parents et qu’ils discutent par interphone car ils sont trop loin autour de la table. L’humour un peu débile va côtoyer des moments plus fins et présenter des personnages hauts en couleurs. Une pléiade de personnages qui seront joués par Eddie Murphy et Arsenio Hall. Et cela va permettre aux deux acteurs de mieux se canaliser dans les rôles principaux. Ainsi, Eddie Murphy se lâchera dans la peau du coiffeur blagueur et Arsenio Hall dans celui du présentateur libidineux. Un humour qui va faire mouche et rajoute de l’empathie pour les personnages.
Au final, Un Prince à New York reste une excellente comédie, même après plus de trente ans d’existence. Plus intelligent qu’il n’y parait, le film va permettre aussi de mettre en avant des personnages simples, attachants, qui ont leurs défauts, mais qui sont bourrés d’humanité. John Landis livre un film assez simple dans sa réalisation, mais qui gagne ses galons dans son humour et dans sa romance douce et agréable. Bref, le genre de comédie qui n’en fait pas des caisses et qui s’appuie sur des thèmes forts pour gagner en épaisseur.
Note : 16/20
Par AqME