mars 29, 2024

La Nina de Fuego

Titre Original : Magical Girl

De : Carlos Vermut

Avec Barbara Lennie, José Sacristan, Luis Bermejo, Lucia Pollan

Année : 2015

Pays : Espagne

Genre : Thriller, Drame

Résumé :

Bárbara est une belle femme vénéneuse et psychologiquement instable, que son mari tente de contenir. Damiàn n’ose pas sortir de prison de peur de la revoir. Luis veut la faire chanter mais ne réalise pas encore qu’il joue avec le feu. Le trio se retrouve plongé dans un tourbillon de tromperies où la lutte entre la raison et la passion tourne à la guerre des nerfs…

Avis :

Il y a quelques mois de cela, je découvrais un peu par hasard, et par curiosité, un film espagnol du titre de « Quién te cantará » d’un certain et méconnu Carlos Vermut. Ce film, le troisième du réalisateur espagnol, fut une énorme révélation, au point d’être en belle position de mon top 2018. Et donc après cette belle claque, j’ai eu l’envie de découvrir ce que Carlos Vermut a pu proposer par le passé. Si son premier film, « Diamond Flash » demeure encore inédit chez nous, son second, « La Niña de Fuego« , a eu tous les honneurs d’une sortie en salle et en DVD.

Très différent de « Quién te cantará« , « La Niña de Fuego » est un film très sombre, qui offre une expérience de cinéma assez marquante notamment avec un final implacable, qui fait froid dans le dos. Film à tiroirs, alambiqué à souhait, « La Niña de Fuego » est un film qui demande qu’on se laisse perdre en son sein, pour mieux en ressortir choqué. Moins poétique que son film précédent, Carlos Vermut démontre une sacrée envie de cinéma et si l’on peut lui reprocher une mise en abîme un poil trop longue, une fois que son intrigue a commencé sa « perversité », il est bien impossible de ne pas aller jusqu’au bout de cette dernière !

Luis est un père qui élève sa fille seul. Au chômage, il essaie de profiter de sa fille au maximum, cette dernière étant atteinte d’une leucémie à laquelle elle ne survivra pas. Luis adorerait faire plaisir à cette fille, mais le cadeau qui lui plaira vaut extrêmement cher. Un soir, Luis fait par hasard la connaissance de Bárbara, une femme instable, mariée à un homme riche. Luis décide de la faire chanter, afin de réunir les sept mille euros qui sont nécessaires pour offrir un ultime cadeau à sa fille.

« La Niña de Fuego » est donc un puzzle, auquel chaque morceau va avoir son importance. Avec ce film, Carlos Vermut nous entraîne dans un thriller aussi étrange qu’il est captivant. Un thriller loin d’être commun, un thriller qui va demander un effort, qui ne va pas se livrer si facilement. D’ailleurs, quand on va sortir de ce dernier, il n’aura pas donné des réponses à toutes les questions qu’on peut se poser. Carlos Vermut s’amuse avec ça, et nous laisse libre d’interpréter ce que l’on veut de certains de ses éléments.

Ainsi, vous l’aurez compris, le scénario de « La Niña de Fuego » est assez complexe. C’est un scénario qui présente trois personnages tous plus différents les uns que les autres. Trois personnages qui n’auraient pas dû se croiser, et que le hasard va réunir, et ainsi se livrer à un jeu de manipulation terrible. Il est vrai que quand on entre dans le film de Carlos Vermut, on a tendance à se demander où le réalisateur espagnol veut en venir et le temps de mettre en place les pièces de cet impitoyable puzzle peut être un peu longuet. Mais comme je le disais, une fois que « La Niña de Fuego » a commencé à faire son effet, Carlos Vermut nous accroche, pour le meilleur comme pour le pire. Le pire étant ce final froid, cru, violent, qui restera en tête un sacré petit bout de temps.

Si « La Niña de Fuego » peut se vanter d’avoir un scénario solide et captivant, le film peut aussi se vanter d’avoir une mise en scène certes imparfaite (un poil trop longuet, une sensation d’errance, de ne pas comprendre où l’on va), mais qui transpire une envie de cinéma.

Avec ce film, Carlos Vermut s’aventure sur plusieurs terrains, ouvrant son film comme un drame familial, pour l’emporter plus loin que ça. Jouissant d’une ambiance de plus en plus lourde, voire malsaine, « La Niña de Fuego » s’amuse à nous perdre, oscillant entre les trois histoires de ces personnages. Passant du drame au film noir, pour aller vers le thriller macabre et stylisé, « La Niña de Fuego » marque clairement son spectateur avec des idées originales et une vraie gueule. Puis en plus d’être manipulé comme les personnages du film, Carlos Vermut laisse une sensation d’inévitable dans son film, comme si tout, absolument tout, avait été fait pour qu’il n’y ait pas d’autre final possible. Après, comme je le disais, n’ayant pas toutes les réponses, jouant du mystère et des silences, c’est libre d’interprétation.

Enfin, « La Niña de Fuego« , c’est un casting monstrueux. Un casting porté principalement par quatre comédiens qui marquent chacun à leur façon le récit. Luis Bermejo et Lucía Pollán sont touchants dans la peau du père et de sa fille. À noter que Lucía Pollán crève l’écran, alors même qu’elle est très peu présente finalement. José Sacristán peut être terrifiant, dans un rôle complexe et totalement surprenant. Puis enfin, il y a Bárbara Lennie qui démontre encore une fois qu’elle peut tout jouer, même si parfois, comme ici, elle tient un personnage pas clair du tout.

« La Niña de Fuego » est donc un bon drame noir qui lorgne vers le thriller. Perdu au départ, Carlos Vermut sait pourtant où aller et comment nous entraîner dans cette machination implacable. Cette deuxième incursion dans le cinéma de l’espagnol l’impose bel et bien comme un talent à suivre de très près.

Note : 14/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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