De : Amelle Chahbi
Avec Amelle Chahbi, Noom Diawara, Pablo Pauly, Aude Pépin
Année : 2014
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Amelle et Noom sont deux jeunes trentenaires que tout oppose et que le destin va réunir. ELLE sérieuse, manager au Starbucks, dynamique et LUI en dilettante, malin, et apprenti comique.
Tous deux victimes de déceptions amoureuses, ils ont juré qu’on ne les y prendra plus. Alors comment faire quand malgré tout ces contraires s’attirent ? Un jeu de séduction se met alors en place pour notre plus grand bonheur. Mais tout n’est pas si rose, les familles, les amis, les collègues s’en mêlent, les guerres sont déclarées, les brouilles explosent.
Pris entre les racines de leur éducation et le feu de leurs sentiments, quel camp vont-ils choisir ? L’amour triomphera-t-il ? Une chose est sure, ils nous feront passer un bon moment de franche rigolade et d’émotions…
Avis :
Parler de mixité raciale au cinéma, on commence à en souper à toutes les sauces. Et notamment dans le cinéma français, puisque visiblement, la comédie beauf à tendance tolérante, mais au fondement raciste semble avoir de beaux jours devant elle. Et la voie a été ouverte à cause d’un film, qui a eu un succès monstre malgré une qualité médiocre, Qu’est-ce qu’on a Fait au Bon Dieu ? Ce film, outre le fait qu’il se base sur la moquerie pour finalement ne rien dénoncer hormis une pseudo tolérance qui se limite à une bonne entente tacite, laissait entrevoir une flopée de métrages du même acabit et cela n’a pas loupé. Car entre celui-ci et le désastreux A Bras Ouverts, nous avons eu droit à Amour sur Place ou à Emporter. Premier film d’Amelle Chahbi qui vient de la scène et notamment du Jamel Comedy Club, ce film est en fait l’adaptation d’une pièce de théâtre du même nom qui a eu là aussi beaucoup de succès. Jouant sur les différences entre les noirs et les arabes, le film espère faire rire en accumulant les clichés et en essayant de se moquer gentiment des us et coutumes de chaque culture. Le pari est-il réussi ? Bien sûr que non.
Le principal problème ici ne vient pas de l’adaptation en elle-même. Si de nombreuses pièces de théâtre ne vont pas au cinéma à cause de leur statisme, le principal défaut de cette « comédie », c’est qu’elle n’est absolument pas drôle. Dès le départ, le ton est donné et la vulgarité est bien présente. On va se retrouver devant une jeune et belle française d’origine arabe qui va se faire larguer par son copain. Les menaces vont aller bon train et on va comprendre que cette jeune femme est impulsive. De l’autre côté, on va rencontrer un noir qui galère avec les filles et enchaine les coups d’un soir sans succès. Son meilleur pote va alors lui dire que les femmes, il faut leur dire, je cite : « ferme ta gueule ». Et leur donner un coup de coude dans la tronche si elle ne comprenne pas. Si la dérision est de mise, le message est clairement nauséabond en plus de ne pas être drôle. Pour en revenir à la vulgarité, le film va accumuler les dialogues d’une pauvreté hallucinante, ne parlant que de culs, de seins, de relations sexuelles, etc… L’ensemble est très pauvre et cela ne raconte au final pas grand-chose.
Cela en est presque insultant envers les deux communautés, tant les clichés sont utilisés jusqu’à la corde sans jamais être remis en question. La famille noir est nombreuse, avec un père qui possède plusieurs femmes, alors que l’arabe est issue d’une famille bourgeoise mais qui est très ancrée dans certaines idées préconçues. Alors non seulement, c’est cliché, mais en plus de cela c’est très maladroit tout en étant très aseptisé. La religion est à peine évoquée, tous les sujets tabous enfoncent des portes ouvertes (les noirs conduisent doucement, les arabes volent des voitures) et on aura même droit à des clichés sur le prof de danse homosexuel qui s’habille comme une merde. Sans compter que le métrage est très misogyne, avec notamment un passage de danse où toutes les nanas baissent leur pantalon et font un bodyshake en culotte et où ce sacré Fabrice Eboué en profite pour toucher des culs. Bref, c’est très vulgaire et en plus de cela, c’est très malsain dans la façon d’aborder les sujets un peu plus forts ou lourds. On ajoutera en plus une histoire d’amour bancale, qui va beaucoup trop vite, qui n’a que très peu d’impact sur le déroulement du métrage et qui s’avère improbable tant le personnage masculin est un connard égoïste, joué par Noom Diawara qui se demande encore ce qu’il fait devant une caméra.
Enfin, dernier point important à soulever dans cette purge, c’est la réalisation. Alors oui, c’est la première fois qu’Amelle Chahbi passe derrière la caméra, mais encore fallait-il lui donner les bases du métier de cinéaste. Outre le fait que le film ne soit qu’une succession de champs/contre-champs sans âme, il est aussi blindé de faux-raccords. En fait, c’est assez hallucinant car on dirait qu’à chaque changement de plan, il y a un faux-raccord. Que ce soit sur le placement des personnages, leur gestuelle ou encore les postures, le film n’a absolument rien de cohérent. On a clairement l’impression d’être face à un film amateur, qui bénéficie d’un gros budget pour l’éclairage et le matériel. En dehors de ça, c’est très pauvre et d’une nullité sans faille.
Au final, Amour sur Place ou à Emporter est un navet pur jus, une comédie d’une ringardise et d’une vulgarité dont seule la France a le secret. Pour sa première réalisation, Amelle Chahbi loupe complètement le coche et nous offre une comédie poussive, mal écrite, mal jouée, qui accumule les gags de mauvais goût et qui ne fait même pas réfléchir sur la mixité raciale ou sociale. Nous sommes face à un pur produit opportuniste qui voulait surfer sur le succès de la pièce de théâtre, et non pas face à un projet honnête, ce qui se ressent grandement à l’écran. Bref, un très mauvais film.
Note : 02/20
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Par AqME