De : Kenneth Branagh
Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tom Hiddleston, Anthony Hopkins
Année : 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Super-Héros
Résumé :
Au royaume d’Asgard, Thor est un guerrier aussi puissant qu’arrogant dont les actes téméraires déclenchent une guerre ancestrale. Banni et envoyé sur Terre, par son père Odin, il est condamné à vivre parmi les humains. Mais lorsque les forces du mal de son royaume s’apprêtent à se déchaîner sur la Terre, Thor va apprendre à se comporter en véritable héros…
Avis :
Dans l’univers Marvel, il y a certains super-héros qui sont des interrogations. Par exemple, que vient faire Thor, dieu de la mythologie nordique, au milieu de super-héros américains créés de toutes pièces ? Dès lors, pourquoi ne pas mettre des dieux égyptiens ou des dieux romains ? La question se pose. Apparu pour la première fois en 1962 sous les crayons de Stan Lee et Jack Kirby, Thor va se faire une place de choix et va même devenir l’un des membres fondateurs des Avengers. En 2008, le MCU commence et après les aventures d’Iron Man, Hulk et Captain America, c’est logiquement au tour de Thor de passer à la casserole afin de préparer le terrain pour le premier Avengers. Chose tout aussi surprenante que l’intégration de Thor dans cet univers, c’est Kenneth Branagh qui est choisi pour mettre en scène les premiers déboires du dieu. L’idée était-elle bonne ?
A Thor et de travers
Difficile de faire une Origin Story avec ce Dieu nordique que tout le monde, ou presque, connait. Pour cela, Kenneth Branagh ne va pas faire dans la facilité. Il nous plonge auprès de chasseurs d’ovnis qui veulent vérifier s’ils existent un pont pour rejoindre un autre lieu lointain. Et ils tombent alors sur Thor, qui a perdu tous ses pouvoirs. Après un générique poussif, on revient en arrière et on va comprendre ce qui se joue à Asgard, où les dieux font face à des géants de glace pas forcément sympathiques. Très shakespearien dans sa dramaturgie entre deux frères et un père qui bride un peu tout ce petit monde, on revient au point de départ, avec un Dieu qui a perdu ses pouvoirs. L’histoire va alors se centrer sur Loki qui souhaite dézinguer son frère pour avoir le trône rien que pour lui.
Sur un tel scénario proche du fratricide, il était presque logique de choisir Kenneth Branagh et son approche théâtrale. Cependant, l’écriture globale du film est assez déplorable. Lorsque nous sommes plongés dans Asgard, on trouve une flopée de personnages qui n’ont qu’une fonction mineure et ne se mettent jamais en avant. Une hérésie quand on sait que ces personnages seront essentiels pour Thor à la fin du métrage. La relation entre Thor et Loki manque aussi de mordant et de rivalité. Loki est trop effacé et n’a pas encore la verve qu’on lui connait. Les révélations sur le passé de Loki arrivent de façon trop abrupte, au détour d’une conversation alors que le dieu de la malice s’empare d’une arme. On a l’impression que Branagh n’avait pas les coudées franches pour livrer une bonne construction de personnages et des relations solides. De ce fait, l’histoire devient relativement bancale.
L’amour rend marteau
Et il en va de même avec la relation amoureuse que va entretenir Thor avec Jane. Le début est assez froid et austère, mais il suffit que l’homme enlève son t-shirt pour que les hormones de ces dames entrent en ébullition. Une situation un peu machiste qui semble déplacée et qui rend la jeune femme un poil stupide. Ce qu’elle n’est pas au demeurant, puisqu’il s’agit d’une scientifique de renom. Là encore, la relation amoureuse qui se tisse va bien trop vite et n’a pas de points d’ancrage particulier. Il ne suffit pas de faire un feu sur le toit d’un immeuble pour fondre comme un chamallow, même si on a Thor en face de soi. En vrai, tout ce petit monde fait assez factice, tout comme la ville choisie pour filmer les séquences sur Terre, qui se résume à une seule rue.
Le voyage n’est assuré que lorsque l’on plonge dans Asgard, et encore, il faut aimer les CGI brillants et désuets. D’ailleurs, d’un point de vue technique, c’est un peu la douche froide. Thor souffre déjà de la comparaison avec les films de Joe Johnston et Jon Favreau. Kenneth Branagh n’a pas les épaules assez larges pour filmer l’action ou des moments de bravoure grandiloquant. La mise en scène reste trop au sol et aucun plan ne viendra nous titiller la rétine. A l’image du Destroyer, l’un des grands méchants du film dirigé par Loki, on s’ennuie quelque peu lorsque ça se bastonne un peu. C’était relativement prévisible en donnant un tel film à un amateur de Shakespeare et de mise en scène théâtrale. D’ailleurs, le film est relativement plat, avec peu d’action et beaucoup de parlottes pour arriver à un final qui sent un peu la rance.
Rendez-moi mes pouvoirs !
Malgré toutes les faiblesses du film, il réside tout de même certaines facettes assez intéressantes et des choix plus judicieux. Le premier d’entre tous étant de renier Thor de ses pouvoirs, et donc de son marteau. A l’inverse des autres super-héros qui sont des humains devenant des brutes épaisses, ici, Thor devient un humain sans pouvoir et va goûter à la douleur et aux petits plaisirs de la vie. Ce point de vue aurait pu être intéressant s’il avait été mieux exploité. Mais saluons l’effort de faire un peu à part dans un univers très codifié. Ensuite, on se plaira à voir l’introduction, sommaire, de Hawkeye, durant une micro-scène. Enfin, les acteurs sont tout de même investis, mais la vedette est volée par Kat Dennings, dont les punchlines font mouche sans jamais faire too much. Il y a un bon équilibre entre action et humour.
Au final, Thor est une adaptation qui flirte constamment avec le mauvais goût et l’anecdotique. Kenneth Branagh ne donne pas vraiment corps à ce super-héros car tout manque d’ampleur. Que ce soit la mise en scène, les décors, la narration, rien ne rend hommage au dieu nordique dans sa toute puissance et c’est bien dommage. Nous faisons face ici au plus faible des films Marvel du premier âge.
Note : 08/20
Par AqME