octobre 5, 2024

Sophie Jones

De : Jessie Barr

Avec Jessie Barr, Sam Kamerman, Chase Offerle, Tristan Decker

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Sophie Jones, seize ans, n’arrive pas à faire le deuil récent de sa mère. Le seul moyen qu’elle a trouvé pour ressentir encore quelque chose est de partager son intimité avec une autre personne. Elle interagit ainsi avec les autres dans l’espoir de se sentir encore en vie et de se créer des moments d’égarement. Elle va finalement apprendre que ces rencontres charnelles ne procurent qu’un apaisement de courte durée et que le seul véritable remède à sa détresse est l’amour.

Avis :

Jessie Barr est une actrice, réalisatrice, scénariste et productrice américaine qui débute sa carrière vers la fin des années 2000. Commençant à la télévision avec de petits rôles ici et là, elle se fait surtout remarquer avec « OM City« , série qu’elle écrit, qu’elle produit et dans laquelle elle joue. C’est en 2017 qu’elle passe pour la première fois derrière la caméra, mais c’est son deuxième court-métrage, film dans lequel elle joue aux côtés de Chris Messina, qui convainc vraiment.

Il y a des films où l’on n’en attend rien ou pas grand-chose et qui se trouvent être de très beaux moments de cinéma et c’est ce qui vient de se passer avec « Sophie Jones« , qui au demeurant, quand on le survole, s’apprête à nous raconter une histoire qu’on connaît par cœur. Mais ça, c’était au demeurant, car à l’arrivée, Jessie Barr livre là une perle de douceur, d’émotion, de détresse et d’intimité. Beau, profond, touchant, voire même plus, « Sophie Jones » est ma surprise et un très gros coup de cœur !

Sophie Jones, seize ans, n’arrive pas à faire le deuil récent de sa mère. Le seul moyen qu’elle a trouvé pour res­sen­tir encore quelque chose est de par­ta­ger son inti­mi­té avec une autre personne. Elle interagit ainsi avec les autres dans l’espoir de se sen­tir encore en vie et de se créer des moments d’égarement. Elle va finalement apprendre que ces rencontres charnelles ne procurent qu’un apaisement de courte durée et que le seul véritable remède à sa détresse, c’est d’accepter et de vivre.

Le cinéma, de manière générale, est une sorte de boucle qui revient vers des sujets qu’on a déjà vus et il est vrai que faire un film sur une jeune fille qui vient de perdre un parent et filmer son deuil n’a rien de très neuf. Des films avec cette trame-là, on pourrait en citer toute la journée. Avec ce constat, on peut se demander ce que peuvent encore raconter des réalisateurs et des réalisatrices, tant tout, ou presque, a été raconté. Puis, parfois, il y a quelqu’un qui sort du lot et ce quelqu’un aujourd’hui, c’est Jessie Barr, qu’on n’avait vraiment pas vu arriver. Avec cette histoire connue d’avance, la réalisatrice ne va pas réinventer le genre, non, elle va faire autre chose et livrer un film profondément humain. Un film qui va être peuplé de petits détails, de petits moments intimes, qui vont résonner comme profondément justes et surtout très touchants.

Co-écrivant avec sa cousine, s’inspirant de son vécu, le scénario de « Sophie Jones » est une petite merveille. En peignant le portrait de cette jeune fille qui ne sait pas comment vivre ce deuil, Jessie Barr nous emporte dans un petit, par la durée, mais grand moment de cinéma. Un moment où il va être question en toute délicatesse du deuil, évidemment, comment l’accepter ? Pourquoi même l’accepter ? Puis comment gérer ce deuil à cet âge-là, comment gérer le vide, que faire, que croire, comment gérer sa colère, sa douleur, comment s’en libérer, puis avec qui et pourquoi… Jessie Barr pose les bons mots, les bonnes scènes et surtout les bonnes émotions, ce qui fait que son film est en permanence juste. Jamais la réalisatrice n’ira chercher à appuyer telle ou telle chose, telle ou telle scène ou émotion, non, tout est livré ici avec délicatesse et beaucoup de pudeur, et c’est ce qui fait que son film est très, très beau.

Puis derrière tout ça, « Sophie Jones » sera aussi un film qui parlera de l’adolescence et de tout ce qui peut aller avec cet âge-là. L’amour, l’amitié, le sexe bien sûr, la découverte de ce dernier, que Jessie Barr filme avec là encore énormément d’intimité. D’ailleurs, j’ai envie de le répéter, mais ici, c’est tout le film qui est intime, que ce soit les scènes en famille, les scènes entre copines, les scènes d’amour ou de séduction, les fêtes, les présentations, les relations entre les personnages, ou encore un magnifique dernier au revoir qui conclut le film en beauté, tout ici est simple, vrai, et au plus proche d’une réalité.

Évidemment, cette intimité est aussi ressentie grâce à la mise en scène de Jessie Barr, qui fait preuve d’une étonnante maîtrise pour un premier film. Esthétique, tout en douceur, n’appuyant jamais ses émotions et ses drames, « Sophie Jones » est un film tout en émotion et en humanité et surtout, c’est un film qui est très touchant. On va sourire, on va être ému, Jessie Barr conjugue tout ceci avec beaucoup de savoir-faire, et plusieurs scènes resteront en mémoire tant la cinéaste a réussi à capturer des moments qu’on a tous plus ou moins vécu.

Puis « Sophie Jones« , c’est aussi un film envoûtant grâce à une photographie de Scott Miller qui est superbe, offrant un film très lumineux, alors même que le sujet est loin de l’être. Puis enfin, il faut aussi saluer le travail sur la bande son, qui est là aussi excellente, Jessie Barr ayant choisi une soundtrack qui apporte elle aussi beaucoup de douceur et d’intimité au film.

Puis enfin, « Sophie Jones« , c’est aussi une direction d’acteurs remarquables. Peuplé de jeunes talents quasi-inconnus, on ne sait pas lequel choisir, tant ils sont tous bons, et surtout, ils sont touchants. Bien sûr, une très grosse partie du film repose sur Jessica Barr, extraordinaire dans la peau de cette adolescente perdue, mais il serait aussi dommage d’oublier Skyler Verity qui incarne son boyfriend, Claire Mening (la meilleure amie) ou encore Katies Prentiss et Dave Robert, qui sont respectivement la sœur et le père de « Sophie Jones ».

Pour son premier film, Jessie Barr livre-là une pépite, un petit bijou d’émotion et de délicatesse. Simple et profond, aussi beau dans sa forme que dans ce qu’il raconte. Séance en apesanteur, j’ai juste envie de dire merci pour les émotions et les souvenirs (pour certains moments).

Note : 18/20

Par Cinéted

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