avril 19, 2024

Saxon – Inspirations

Avis :

Rendre hommage à ses pairs, aux références qui ont suscité l’envie de faire de la musique, on en voit des tonnes. Que ce soit sous la forme de vidéos Youtube, d’albums de reprises ou de simple single pour habiller le temps, ce n’est pas une nouveauté. Et bien souvent, ceux qui font cela sont de petits nouveaux qui veulent se faire remarquer, se faire voir, notamment par les artistes qu’ils reprennent. Le cas de Saxon est un peu à contre-courant de ça, puis les britanniques sont actifs depuis 1977, et malgré un ventre mou dans les années 90, ils ont su trouver une seconde jeunesse dans les années 2010. Trois ans après leur dernier album studio, Thunderbolt, le groupe anglais, dont le line-up est stable depuis 1996 malgré des allers-retours du batteur, a voulu rendre hommage à leurs groupes préférés. Était-ce nécessaire ?

On est en droit de se poser la question. En règle générale, on préfère largement se focaliser sur les originaux, plutôt que de se fader des reprises souvent inégales, ou alors plus lentes. Car oui, la mode est à tout ralentir pour se faire plus touchant. Cependant, Saxon ne va pas vraiment se faire chier à refaire les morceaux à sa sauce. En effet, tous les morceaux seront des reprises très proches des originaux. Les britanniques ne vont pas s’embêter à retravailler les sons en version plus Heavy, on reste sur du copier/coller de certains morceaux, avec, parfois, quelques gimmicks pour apporter un brin de changement. De ce fait, on se demande bien pourquoi Saxon fait un tel objet. Rendre hommage, on peut comprendre, mais de là à en faire un album complet et le compter dans sa discographie comme un album à part, c’est un peu fort de café.

Mais si on fait fi de cette démarche un peu hasardeuse et un peu mercantile, qu’en est-il vraiment de tous ces morceaux ? Le skeud débute avec Paint it Black des Rolling Stones. Un choix parfait pour rentrer dans le vif du sujet, et un titre ultra connu de tous. La reprise se veut plus nerveuse que l’original, ave la voix de Biff Byford, plus aigue que celle de Mick Jagger. Le titre se laisse écouter et c’est finalement assez agréable, même si ça n’a pas la même profondeur que le titre des Stones. Et ce constat va se faire sur l’ensemble de l’album. Saxon ne s’emmerde pas vraiment avec les ponts et autres breaks pour aller à l’essentiel. On aura bien quelques solos, mais l’ambiance n’y sera pas. A titre d’exemple, Hold the Line de Toto ne durera que trois petites minutes au lieu de cinq.

On peut y voir un travail bâclé comme une envie de rester fidèle à un Heavy rapide et efficace. Sauf que de Heavy, on n’aura que le nom, puisque tous les morceaux restent dans leur zone de confort originale. Immigrant Song de Led Zeppelin n’apportera rien de nouveau, tout comme Problem Child d’AC/DC, qui garde son énergie communicatrice, avec une voix similaire, mais qui reste dans la redite sans jamais y apporter quoi que ce soit de plus. En ce sens, on pourrait presque y voir de la fainéantise. Alors oui, c’est très efficace, ça donne envie de bouger dans tous les sens et de chanter, mais ça manque cruellement d’originalité. Et ce n’est pas le morceau Bomber qui vient dire le contraire. On est dans du Motörhead pur jus, la voix de Lemmy en moins (paix à son âme).

Néanmoins, Saxon prend de temps à autre quelques risques. Non pas dans la qualité de la reprise ou dans un gros changement, mais plus dans le choix des chansons. Alors qu’il aurait pu prendre Smoke on the Water de Deep Purple, le groupe choisit Speed King et c’est mieux. Le morceau correspond totalement à l’image de Saxon. Pareil avec Jimmy Hendrix et son Stone Free. Le groupe ne prend pas le (ou les) morceau le plus connu du guitariste et c’est sans doute mieux ainsi. De là à dire que c’est pour masquer le fait que ce soit une simple reprise en mode copier/coller, il n’y a qu’un pas. Cependant, certains choix restent audacieux et permet de découvrir, pour les néophytes, des morceaux moins connus d’autres artistes.

Au final, Inspirations, le dernier album de Saxon, est un essai plus ou moins manqué. Si on ne peut nier les qualités techniques du groupe, il se repose un peu sur ses lauriers en proposant onze reprises relativement courtes et qui manquent d’identité, ou tout du moins celle du groupe que l’on écoute. En voulant rendre hommage à ses pairs, Saxon se met un peu les pieds dans le tapis en offrant un album simple, trop simple, qui donne néanmoins envie de réécouter ces vieux morceaux dans leur version originale. Bref, un album pas indispensable…

  • Paint it Black (Rolling Stones)
  • Immigrant Song (Led Zeppelin)
  • Paperback Writer (The Beatles)
  • Evil Woman (Black Sabbath)
  • Stone Free (Jimmy Hendrix)
  • Bomber (Motörhead)
  • Speed King (Deep Purple)
  • The Rocker (Thin Lizzy)
  • Hold the Line (Toto)
  • Problem Child (AC/DC)
  • See my Friends (The Kinks)

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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