octobre 15, 2025

Abigail Williams – A Void Within Existence

Avis :

Le Black Metal reste un genre de niche qui n’attire que les fans hardcore de métal. Il n’est pas étrange de croiser des « métalleux » qui n’aiment pas ce genre, le trouvant trop brouillon, trop bruyant, et parfois sans aucun sens mélodique. Néanmoins, à force d’écoute, on commence à comprendre les différentes nappes mélodiques, et même à déceler de grandes particularités entre certains groupes. Ainsi donc, le Black Metal est un genre qui s’infuse, qui se découvre avec le temps, et on retrouve certains groupes qui essayent de draguer un public plus large pour faire connaître le genre. Abigail Williams est une formation de Black américaine qui est active depuis 2004. Sauf que la vie du groupe est assez tumultueuse avec une pause en 2007, puis une autre en 2012, et une reformation complète du line-up à quasiment chaque album. Cependant, un nom revient, Ken Sorceron.

Chanteur, guitariste, bassiste, claviériste et batteur à ses heures perdues, on pourrait presque croire que Abigail Williams est un one man band. Pour autant, le monsieur doit s’entourer pour donner vie à ses mélodies, et à ses cauchemars. Après un excellent album sorti en 2019 (Walk Beyond the Dark), le frontman décide de changer tous ses musiciens en 2023, pour fournir un nouvel album, leur sixième, en 2025. A Void Within Existence pourrait donc se voir comme un nouveau départ pour la formation américaine, et à l’écoute, on va être surpris par la direction prise. Car oui, il n’y aura pas que du Black dans ce skeud, on y trouvera aussi des inspirations Death, quelques éléments Prog, et même du chant clair, ce qui peut semblait une hérésie pour tous les aficionados du genre. Pour autant, le début frappe fort avec Life, Disconnected.

Le début pourrait en rebuter plus d’un, notamment parce que l’on n’est pas à proprement parlé dans du Black. Les riffs font plutôt écho à du Death, la rythmique est lourde et puissante, mais on n’a pas le blast ou le chant aigu propre au genre. Il faudra attendre le milieu du morceau pour retrouver des éléments qui évoquent le Black. Les solos de grattes sont très bien amenés, et on retrouve tout de même une ambiance assez mortifère dans l’ensemble. Bref, comme entrée en matière, c’est relativement puissant. Puis avec Void Within, on rentre de plein fouet dans un Black Metal plus frontal, plus simple, mais qui possède son petit côté atmosphérique. Le blast de la batterie est bien présent, et il y a une lourdeur qui est parfaitement maitrisée, le groupe n’en faisant jamais des caisses. Mais ce côté « classique » peut aussi décevoir dans sa démarche.

Nonexistence va alors s’écarter des rouages du groupe pour fournir quelque chose de plus complexe et de plus insidieux. En effet, le groupe débute de façon très douce, très délétère, avant d’envoyer des coups de saillies assez impressionnantes en son sein. C’est avec ce titre que l’on perçoit toute la puissance atmosphérique d’Abigail Williams, qui peut toucher, comme il peut se faire très rentre-dedans. Puis Still Nights ne va pas se poser trop de questions. Il s’agit ici du morceau le plus virulent de l’album. C’est violent, sans concession, avec une structure assez linéaire, mais qui bénéficie néanmoins d’un refrain qui se reconnait. Le seul bémol viendra d’une rythmique qui reste sur la même base, n’offrant pas de moments vraiment marquants, ou tout du moins qui permet au titre de sortir un peu de la masse. Ici, c’est de la frappe, et rien que de la frappe.

Les trois derniers morceaux, par contre, vont être très impressionnants. Talk to Your Sleep bénéficie d’une construction particulière qui marque. Les riffs de départ sont puissants et très bien construits. Le titre bénéficie d’une belle montée en puissance, puis d’une fin plus douce qui permet de mieux plonger dans un univers sombre et mélancolique. Et techniquement, c’est une petite merveille. Embrace the Chasm épouse tous les atours du Black Atmosphérique, avec en prime d’un petit piano dans son démarrage. Le morceau peut sembler classique au départ, mais il gagne des galons sur sa fin. Et enfin, le groupe va surprendre avec No Less Than Death, arpentant un long chemin langoureux, avec un chant clair timide, mais qui s’insinue parfaitement dans l’ambiance recherchée. Un énorme titre qui sort des carcans habituels du Black, et permet de découvrir une autre facette du groupe.

Au final, A Void Within Existence, le dernier album d’Abigail Williams, est encore une fois une réussite. Les américains prônent un Black Metal atmosphérique qui trouve un parfait équilibre entre titres sauvages et attendus, et morceaux plus doux, avec des partitions étonnantes et touchantes (chose rare pour du Black). Bref, malgré un changement total de line-up autour du frontman Ken Sorceron, le groupe fournit une galette précieuse et réussie de fond en comble.

  • Life, Disconnected
  • Void Within
  • Nonexistence
  • Still Nights
  • Talk to Your Sleep
  • Embrace the Chasm
  • No Less Than Death

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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