avril 19, 2024

Mike Shinoda – Post-Traumatic

Avis :

En 1996, un groupe californien va émerger sur la scène métal internationale et tout chambouler. Ce groupe, c’est Linkin Park. Souvent décrié pour les changements de style entre les albums, les californiens ont pourtant sorti deux grosses machines en début de carrière avec Hybrid Theory et Meteora. La volonté d’évoluer du groupe s’est toujours fait sentir, et ils ont pas mal divisé en passant du rap à l’électro et parfois même par la case pop-rock, pour le plus grand désarroi des amateurs de la première heure. Mais le groupe va subir un drame de plein fouet lorsque Chester Bennington, chanteur emblématique du groupe, se suicide en 2017. Perte monumentale, le groupe ne va pas forcément s’en remettre et Mike Shinoda, le deuxième chanteur pour les parties rapées, va s’en inspirer pour exorciser ses démons et écrire un premier album solo en la présence de Post-Traumatic. Un premier album qui est loin de ce que faisait le groupe auparavant, très axé rap/hip-hop et pop ricaine, Mike Shinoda va pourtant nous toucher avec ses paroles et l’hommage qu’il rend à son ami de toujours. Cependant, si on enlève le côté un peu sirupeux de la chose, on tombe tout de même sur un album très calibré, peut-être trop.

Le skeud s’ouvre avec Place to Start qui fait presque office d’introduction avec ses deux petites minutes. D’entrée de jeu, Mike Shinoda nous place dans une atmosphère mélodique très chaude, presque intimiste, et sa voix, légèrement modifiée pour avoir de la reverb, permet au morceau de devenir très aérien. Message hommage à son pote de toujours Chester Bennington, la fin du titre contient un message sur un répondeur avec la voix de Bennington. C’est touchant, les fans de Linkin Park seront certainement émus. Puis déboule Over Again qui reste dans le même moule et qui parle du décès de son meilleur ami. Le titre y parle de ce sentiment de perte de repères quand on perd notre alter ego et derrière le rap, plutôt agréable de Mike Shinoda, on a encore une fois un morceau qui touche au cœur et qui se veut être un hommage. Watching as I Fall va un peu changer de registre. Plus rugueux, plus « hardcore » dans l’âme, c’est à partir de ce morceau que les titres plus rap seront un peu plus percutant et moins langoureux. Le chanteur prouve qu’il est capable de belle chose dans le rap et dans certains compos même si ça reste tout de même assez léger. Avec Nothing Makes Sense Anymore, l’artiste change encore son fusil d’épaule et livre un morceau qui pourrait bien se rapprocher de ce qu’aurait fait un Linkin Park. Voix modifiée, rythme assez lent et électro, refrain efficace et bien catchy, on est en terrain connu mais ça marche parfaitement.

Le premier featuring fait alors son apparition en la présence de Blackbear. Avec About You, le rap est à l’honneur avec une instru très calibrée, qui semble même déjà entendue de nombreuses fois, mais Mike Shinoda arrive à insuffler un petit plus à ce titre. Sans être révolutionnaire, il y a un côté aérien qui s’en détache et cela fait toute la différence. Après Brooding qui sera un interlude, on aura droit à deux morceaux qui s’éloigneront grandement du rap pour foncer dans la case Pop. Promises I Can’t Keep et Crossing a Line sont deux titres assez similaires dans leur approche de la musique, voulant rentrer dans un moule prédéfini, avec couplet et refrain sans jamais vraiment bousculer les codes. Alors ça reste très agréable, car les instrus sont savamment orchestrées, mais ça reste très calibré pour faire des clips et passer sur les ondes américaines. On aura tout de même droit à une petite guitare sur Crossing a Line, ce qui fait plaisir tout de même.

Hold it Together fait partie de ces morceaux qui restent longtemps en tête, notamment grâce à un beat efficace et un refrain qui reste immédiatement en tête. Entre hip-hop tout mignon et pop acidulée, le morceau ne casse pas trois pattes à un canard, mais s’avère finalement sympathique. Ghosts va renouer avec les morceaux du début, c’est-à-dire dans un rap aérien, mais en moins marquant, en moins touchant, et avec trop de modulations dans la voix qui n’apportent aucune plus-value au titre. Make it up as I Go, en duo avec K.Flay est un titre un peu transparent et qui ne marquera pas les esprits. Le genre de titre qui manque d’impact, et cela malgré une voix féminine fortement mémorisable. Fort heureusement, Lift Off va rehausser le niveau et cela grâce au rap nerveux de Machine Gun Kelly, mais aussi et surtout au chant langoureux de Chino Moreno (Deftones) qui vient poser quelques notes sur les refrains et c’est si doux.

Pour entamer le dernier quart de l’album, Mike Shinoda lance I.O.U. et là, on est en plein gros délire rap ultime qui frappe fort. Gros beat, gros flow, instru minimaliste pour mieux appuyer son texte, le chanteur se fait plaisir et le pire, c’est que ça fonctionne à plein régime. On prend un plaisir crasse à écouter ce morceau qui fait penser à du Gangsta Rap alors que l’artiste a une bouille toute gentille. Running From my Shadow continue cette exploration du rap, mais avec une dimension un peu plus rock, avec batterie et guitare qui accompagne le refrain et c’est tout simplement bien fichu, même si ça reste dans la zone de confort du chanteur. World’s on Fire fait partie de ces titres qui ne marquent pas, qui restent dans une sorte d’anonymat, même après plusieurs écoutes et c’est dommage. Enfin Can’t Hear You Now reste dans le même moule que le reste de l’album, avec un refrain chanté aérien et entêtant et un couplet rapé plutôt agréable, mais rien de bien transcendant.

Au final, Post-Traumatic, le premier album solo de Mike Shinoda, sans Linkin Park, en réaction à la disparition de Chester Bennington, est plutôt une réussite, malgré son aspect très formaté. Entre pop et rap, l’artiste ne choisit pas vraiment et propose un album varié, sympathique, avec de nombreuses mélodies aériennes qui permettent de se faire touchantes et agréables à l’oreille. Rien de bien percutant donc, mais rien de complètement raté, Mike Shinoda propose un album propre, peut-être un peu trop, mais qui fonctionne à pleine régime.

  • Place to Start
  • Over Again
  • Watching as I Fall
  • Nothing Makes Sense Anymore
  • About You feat Blackbear
  • Brooding
  • Promises I Can’t Keep
  • Crossing a Line
  • Hold it Together
  • Ghosts
  • Make it up as I Go feat K.Flay
  • Lift Off feat Chino Moreno et Machine Gun Kelly
  • I.O.U.
  • Running From my Shadow feat Grandson
  • World’s on Fire
  • Can’t Hear You Now

Note: 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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