Avis :
Ce qui semble le plus compliqué dans une vie de rappeur, c’est de se faire reconnaitre en solo et de s’émanciper de certaines formations. En effet, de nombreux rappeurs issus de groupes tournent aujourd’hui en solo et certains ont tendance à leur cracher à la gueule. C’est le cas par exemple de Guizmo qui tombe dans le rap très jeune en intégrant L’Entourage, reconnu notamment pour avoir Nekfeu dans ses représentants. C’est donc au milieu des années 2000 que le jeune Guizmo commence à lâcher ses premiers flows avant de se mettre à fond dans la musique en 2008, alors âgé de seulement 17 ans. Puis, dans sa grande vivacité, il se met en tête de sortir un album tous les six mois, un défi de taille qu’il va essayer de tenir. Et si ce n’est pas tous les six mois, c’est bien tous les ans que Guizmo offre un album à ses fans, Renard étant le huitième en seulement sept ans de carrière solo. Personnage torturé, ayant souffert durant sa jeunesse, allant souvent en prison pour des délits, Guizmo est de ces rappeurs qui ont une intelligence mais qui aiment aussi jouer sur leur image de gangster pour faire le buzz et acquérir une certaine notoriété. Seulement, le renard semble s’être un peu assagi depuis qu’il est père et ce huitième effort démontre une envie de bien faire, mais aussi de tourner en rond autour de trois thèmes redondants et pénibles : la drogue, l’alcool et les flics.
Le skeud débute avec un morceau assez sympathique dans son instru, qui laisse espérer un titre mélancolique et plutôt doux. C’est bien mal connaître le rappeur qui va raconter sa vie, sa jeunesse dans la cité et qui malheureusement, va parler de drogues et de rap, comme si ces deux thèmes étaient indissociables. Alors le refrain marche bien, les paroles sont bien écrites, c’est bien rythmé, mais il faut aussi compter sur une palanquée de private joke et quand on ne connait pas bien le bonhomme, on ne comprend pas grand-chose. Il en sera de même avec GPG 4 2, puisque c’est le deuxième morceau qui porte ce nom. Un titre plutôt joli dans son instru, même s’il fait un peu redite avec le morceau précédent, et encore une fois, les thèmes tournent en rond, avec les problèmes avec les flics et les drogues. Bref, même si le flow est bon et que la mélodie fonctionne, on reste circonspect avec les textes et les thèmes (j’suis déchiré jusqu’au trou de balle et c’est génial). Guizmo va alors surprendre tout le monde avec le titre suivant, Guizbourg, en hommage en Serge Gainsbourg, mais dont les paroles ne volent pas bien haut, montrant une misogynie décomplexée où sa femme doit lui faire l’amour et à manger quand il a faim. Bref, c’est très moyen et cela ne ressemble pas tellement à un hommage, même si Gainsbourg n’était pas un saint. Avec Pas du Même Monde, les featuring commencent, ici avec Big Flo & Oli, et le résultat est plutôt intéressant, rehaussant le niveau sur les thématiques, même si ça reste très égotrip dans la jeunesse compliquée du rappeur.
Au niveau des autres feat, on pourra noter la venue du roi du sale, à savoir Seth Gueko sur le titre Le Professeur et le Renard, et ce n’est pas vraiment la finesse qui qualifiera ce titre, démarrant pourtant avec une instru bien jazzy. Mais fallait-il en attendre davantage avec un tel duo ? On notera aussi la présence du chanteur africain Sidiki Diabaté sur Jamais Oublié, où l’autotune fonctionne parfaitement et où, encore une fois, la drogue tient une place de choix dans les thématiques. Même si ça parle de la jeunesse du rappeur, qui semble être le fil conducteur de l’album, on reste plutôt circonspect sur ce morceau formaté et trafiqué vocalement. Cependant, cet album contient aussi son lot de titres plutôt intéressants et qui sortent du lot. On pourra citer Renard, un morceau qui parle des enfants du rappeur et de son amour. On peut aussi parler de Fort Comme ton Père, un joli titre qui parle de la paternité et qui porte un beau message de tolérance et d’apprentissage dans la vie comme à l’école. Cela change des punchlines sur la drogue, l’alcool ou encore les policiers. Malheureusement, c’est bien peu de chose face à l’ensemble des dix-sept titres qui composent l’album. C’est assez long, les thèmes sont redondants, parfois lourds et même si on sent l’aspect torturé du compositeur, on ne peut s’empêcher d’imaginer si Guizmo avait plus de thèmes comme la politique, le social dans sa globalité et non pas son égocentrisme. Cela n’enlève rien au talent d’écriture de l’artiste, mais on reste dans une zone de confort qui s’adresse vraiment aux fans de la première heure ou encore à ceux qui vivent dans les cités.
Au final, Renard, le huitième album solo de Guizmo, est très calibré dans ce qui se fait dans le rap aujourd’hui. Si le flow est bon et que les textes sont plutôt bien écrits, on reste dans des thématiques qui manquent d’originalité et qui reviennent sans cesse au sein de l’album. Un album plutôt personnel, qui plaira certainement aux fans de Guizmo, mais qui risque d’en laisser plus d’un sur le carreau, dont moi, tristement.
- Sur mon Chemin
- GPG4 2
- Guizbourg
- Pas du Même Monde feat Big Flo & Oli
- J’ai Rêvé de Dormir
- Renard
- Tout Doux Bang feat Junior Bvndo
- Ricochet
- Flex
- Jamais Oublié feat Sidiki Diabaté
- Dérangé
- Homme de Main
- Le Professeur et le Renard feat Seth Gueko
- Fort Comme ton Père
- MJ feat Igor LDT
- Sablier
- Papillon
Note : 10/20
Par AqME