avril 19, 2024

Suicide Silence – Become the Hunter

Avis :

Le monde du métal est rempli de sous-genres qui sont plus ou moins en amour. Visiblement, si on aime le Heavy ou le Speed, on est un bon métalleux et bien souvent ces genres sont adoubés très facilement. Par contre, si on écoute du Métalcore ou du Nu-Métal, on risque d’avoir les oreilles qui sifflent car il est de bon ton d’en dire du mal, voire de carrément renier cela. Bref, les groupes de Métalcore ne sont pas bien vus et c’est bien dommage car on trouve des choses très intéressantes, comme par exemple Suicide Silence. Groupe américain fondé en 2002, la formation a la particularité de mélanger deux styles, le Métalcore, notamment sur quelques parties mélodiques, et le Deathcore, où là, ça beugle très fort et ça tabasse jusqu’à se faire saigner du nez. Rapidement, le groupe devient connu pour sa grande violence et pour ses prestations scéniques énergiques. Jusqu’à l’album éponyme sorti en 2017 qui a suscité pas mal de moqueries, car le groupe essayait d’inclure du chant clair au lieu de crier à tout va. Pour autant, l’album était bien et on attendait avec une certaine impatience le sixième opus de la bande. Jaquette sombre, comme une carte de tarot représentant la mort, Suicide Silence ne semble pas prêt à rigoler et c’est avec une certaine crainte que l’on se met à écouter cette galette.

Le skeud débute avec Meltdown et on pourrait presque croire que le groupe a viré de bord pour lorgner vers du Black à tendance ambiance, puisque le départ est calme et sombre, comme si une chape lourde nous tombait dessus. Totalement instrumentale, la piste démontre que le groupe est là pour en découdre et rapidement la batterie va faire son travail de sape avec des riffs répétitifs et souvent lourds. Les voix féminines au fond rajoute une pointe de mysticisme en raccord finalement avec la pochette cadavérique. Et avec Two Steps le groupe retrouve sa violence dantesque où le chanteur se régale à alterner du growl avec une voix très aigue qui écorche bien. Le problème avec ce morceau, et cela va revenir souvent dans la première partie de l’album, c’est que c’est bourrin pour tout simplement être bourrin. Aucun travail sur l’ambiance, pas de trait particulier, on reste dans quelque chose de lourd, de puissant, mais qui manque de personnalité. Il en ira de même avec Feel Alive qui démarre comme un bon gros Death des familles avant de partir en eau de boudin avec des riffs ultra rapides et une voix qui préfère les aigus. Encore une fois, ça manque d’originalité pour bien se démarquer. Et alors Love me to Death, on décroche le pompon, avec un titre qui pourrait presque se faire Grindcore en son début, ce qui n’a pas vraiment d’intérêt. Fort heureusement, le morceau évolue sur sa fin, mais ça reste franchement moyen. In Hiding sera dans le même moule à la différence près qu’il propose des riffs assassins surpuissants, une sorte de lourdeur que ne bouderait pas Korn, et une rythmique qui donne immédiatement envie de hocher la tête dans tous les sens. Un morceau à faire pour les wall of death.

La seconde moitié de l’album va s’améliorer un petit peu avec plus de recherches dans les ambiances et dans les structures. Death’s Anxiety possède un vrai flow et donne très vite envie de bouger. Si le début peut faire peur et ressemble à un mélange de Death et de Grind, vers la fin, le titre se révèle et dévoile un Suicide Silence plus sympathique, plus mélodiques. On va remarquer cela avec Skin Tight, peut-être le meilleur morceau de l’album, qui monte crescendo et en profite pour installer une ambiance macabre à souhait qui prend aux tripes, arrivant à créer une belle dichotomie entre la voix lointaine du chanteur qui semble souffrir et les riffs presque aériens et mélancoliques. Plus long que la moyenne, on fait face à un réel travail de structure et d’ambiance qui colle vraiment à un gros travail studio. The Scythe sera un titre plus virulent, mais qui reste dans une recherche perpétuelle de sens et d’atmosphère. Le riff de départ qui ne cesse quasiment jamais est presque hypnotique et la suite ne sera qu’une montée vers un final explosif et puissant. C’est alors que déboule Serene Obscene et son introduction aux airs orientaux envoûtants. Résolument l’un des meilleurs titres de l’album, le groupe démontre, si besoin l’en est, de la technicité de ses musiciens et de cette capacité à créer des ambiances prégnantes rendant plus impactant le démarrage du morceau. Malheureusement, le groupe retombe vite dans ses travers, notamment avec Disaster Valley, qui rejoint les premiers morceaux niveau violence et écrasement et tout cela manque d’éléments accrocheurs. Faire un titre violent simplement pour être violent, cela n’a que peu d’intérêt. Enfin, Become the Hunter demeure un morceau proche du Grind et cela n’a finalement que peu d’intérêt.

Au final, Become the Hunter, le sixième opus de Suicide Silence, est un album qui laisse un sentiment très mitigé. Si le départ est fastidieux et manque complètement de finesse, tout comme ses deux derniers morceaux, l’album propose trois excellents titres en seconde moitié qui montrent que le groupe en a encore sous le capot et pourrait faire autre chose que de beugler dans un micro en mode super énervé. En peaufinant l’ambiance avec des structures un poil plus complexes, Suicide Silence gagnerait certainement des galons, mais ce n’est pas vraiment avec ce sixième album que cela va se faire, malgré sa production de mammouth.

  • Meltdown
  • Two Steps
  • Feel Alive
  • Love me to Death
  • In Hiding
  • Death’s Anxiety
  • Skin Tight
  • The Scythe
  • Serene Obscene
  • Disaster Valley
  • Become the Hunter

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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