Avis :
Parfois, les jaquettes peuvent très trompeuses. Si la chose est rare, chaque style ayant sa propre typographie, il arrive que certains trublions s’amusent à déjouer ces codes, comme ce fameux groupe de Black avec sa jaquette solaire et enjouée. Avec Desert Nova, on pourrait croire à un groupe de Power Métal, ou tout du moins de Métal Prog, avec un nom énigmatique, un A en rouge vif sur une pochette grise qui annonce une tempête à venir. Or, il n’en sera rien du tout, puisque Desert Nova est un groupe de Rock suédois qui lorgne, selon ses dires vers le Sleaze. Mais qu’est-ce donc que le Sleaze ? C’est tout simplement le versant cradingue du Glam, à savoir une prépondérance à en faire des caisses sur des thèmes un peu glauques avec un look particulier. Mötley Crüe en est le parfait exemple et pour mieux comprendre le Sleaze, un petit tour sur le film The Dirt devrait vous faire tiquer. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est la récupération de certaines nominations par des groupes. Car si certains ne veulent pas des sous-genres qu’on leur attribue, d’autres s’en approprient alors qu’ils sont loin, très loin d’en être. Et en l’état, Desert Nova, c’est du bien rock, mais de là à dire que c’est Sleaze, il faut faire un pas de géant. Et pour être tout à fait honnête, c’est même du rock assez chiant.
Douze pistes, plus de soixante minutes d’écoute, des morceaux qui dépassent souvent les cinq minutes, presque aucun doute n’était permis sur la possible appartenance à du Métal Prog. Mais dès Shadows, on va vite déchanter. Malgré une certaine lourdeur dans le riff de départ, l’ensemble va rester dans une sorte de mid-tempo très pénible qui ne décollera jamais. Pire encore, lorsque le chanteur lâche ses premiers mots, le rythme ralentit et on sent bien que le groupe ne va jamais passer la seconde. Mou du genou, fainéant, le groupe cale un petit solo pour bien marquer ce premier titre, mais on reste dubitatif sur l’entreprise. Gonna Leave Right Now ne fera que confirmer notre crainte, on nage en plein délire rock un peu vieillot, joué par des jeunes qui n’ont pas vraiment envie d’aller plus loin et de sauter dans tous les sens. Ce qui manque le plus, c’est bien évidemment l’énergie, même si à travers ce deuxième morceau, on sent un rythme un peu plus relevé. Bon, pas de quoi se relever la nuit, mais ça reste un poil plus potable que précédemment, et cela malgré un refrain d’une nullité abyssale. C’est d’ailleurs juste après ce morceau que l’on hésite grandement à appuyer sur stop. Non pas que ce soit mauvais, mais ça reste platonique. Someday signera l’arrêt du doute sur un hypothétique départ en force, restant sur du bon vieux rock pour EHPAD, et cela malgré un joli solo. Et alors Wasted Time sera une ballade profondément lénifiante, un excellent somnifère, tandis que My Old Friend va lorgner du côté de Bon Jovi, mais sans le savoir-faire légendaire du chanteur américain. En un mot comme en cent, c’est chiant.
Et ce n’est pas la deuxième moitié de l’album qui nous fera dire le contraire. Pourtant, Break the Chain montrera que le groupe sait faire du rock, avec cette petite tendance à vouloir aller vers des sonorités un peu américaines. Alors oui, ça reste léger, le refrain tout pété nique toute l’ambiance mise au départ, mais ça reste mieux que rien. On se raccroche à ce que l’on peut. Mais bon, Time nous rappellera à ce bon vieux rock tout décrépi où le chanteur met trois plombes à lancer un refrain qui sera finalement un moment plutôt désagréable et les musiciens, derrière, doivent se faire chier à un point… On les imagine bien en train de gratter leurs cordes avec la vitesse d’un paresseux neurasthénique. Alors oui, je suis dur, mais pour le coup, on sent que le groupe en a sous le capot et il ne fait rien pour décoller. Il ne prend aucun risque, reste dans une zone de confort pépère et le Sleaze, le côté crasseux, on le cherche encore, même dans notre cul. Nights Like This va gentiment tenter de partir un peu plus vite avant de se rappeler que ça risque de choquer les papys et les mamies qui peuvent écouter ça. Du coup, on se freine bien vite. Et puis alors, des titres comme There’s no Me Without You puent la guimauve à plein nez et donnent vite l’envie de vomir. Bon, bref, vous l’aurez compris, sans être un véritable constat d’échec, on se fait bien chier en écoutant cet album.
Au final, Storm Getting Closer, le premier album de Desert Nova, est d’un ennui palpable et prépondérant. Ne prenant jamais de risques, restant constamment dans un mid-tempo larmoyant et mou du cul, le groupe suédois ne tente jamais rien de bien méchant, et la tempête semble bien loin, aussi menaçante qu’un chihuahua dans un combat de chien face à un Pitbull. On ressort donc de cette écoute avec l’envie d’écouter quelque chose de fort et de violent, et ça, c’est peut-être un bon point… ou pas !
- Shadows
- Gonna Leave Right Now
- Someday
- Wasted Time
- My Old Friend
- Days of Our Lies
- Break the Chain
- Time
- Nights Like This
- There’s no me Without You
- Five Long Years
- Long Way Back Home
Note : 07/20
Par AqME