
Avis :
Dans le monde de la musique, il n’est guère étonnant de voir des membres de groupes faire des projets parallèles, soit avec d’autres formations, soit carrément en solo. Et les exemples pullulent dans le métal, entre chanteurs et musiciens qui veulent avoir plus de liberté créative qu’avec leurs formations. Chanteur de Dream Theater depuis 1991, James LaBrie se lance dans une carrière solo en 1998 avec de nouveaux musiciens, et décide de nommer cela Mullmuzzler. Puis en 2005, le groupe prend la décision de changer de nom pour prendre le patronyme de James LaBrie, car ils estiment que c’est la tête pensante du projet, mais que ce sera aussi plus vendeur, voulant alors surfer sur le succès de Dream Theater. Après deux albums sous le premier nom, les canadiens vont alors sortir quatre albums, dont le dernier paru en 2022, Beautiful Shade of Grey.
Il aura fallu attendre un long moment pour que James LaBrie sorte un nouvel album. Neuf ans, c’est long, mais il faut dire que Dream Theater prend beaucoup de temps. Mais cela n’empêche pas le chanteur de se dédier à son projet parallèle, et d’écrire dans un tout autre style. En effet, avec cette nouvelle formation, qui accueille son propre fils à la batterie en 2020, le Métal Progressif laisse gentiment place à un Rock plus épuré, plus old school, avec ce qu’il faut de guitare sèche, de jolies envolées et de quelques moments touchés par la grâce. Mais malheureusement, malgré toutes les qualités de l’album et des compositions, on va vite se rendre compte que l’on s’ennuie à l’écoute de cet effort, qui se veut trop plan-plan, et manque cruellement d’imagination. Sauf pour les amoureux du type, qui y trouveront certainement leur compte.
Tout commence avec Devil in Drag. Le morceau reprend des éléments assez progressifs, avec ce qu’il faut de clavier, et de passages à la gratte qui se veulent assez techniques. Mais on va vite se rendre compte que le titre traine en longueur et manque de vigueur. De plus, il faut adhérer à la voix du chanteur, assez nasillarde, et qui n’utilise pas vraiment de nuances. Rien de bien méchant en soi, et le morceau s’écoute bien, mais il reste peu marquant. SuperNova Girl suit sensiblement le même chemin, avec un refrain qui demeure tout de même fainéant. On fait face à une ballade qui cherche surtout l’efficacité d’un refrain sirupeux. Ce n’est pas désagréable, mais on a la sensation d’avoir entendu cela des centaines de fois. En seulement deux morceaux, on devine déjà à quoi va ressembler la suite, et rien ne viendra nous perturber là-dedans.

Give and Take joue la composition douce et cela manque cruellement d’originalité. Alors oui, c’est bien fichu, et on prend du plaisir à l’écoute, mais le titre ne reste pas en tête, et cela malgré les quelques solos de guitare sèche proposés. Sunset Ruin ira encore plus profondément dans la douceur et le sucre. Long de plus de cinq minutes, le titre va rester sur un rythme identique, sans jamais décrocher de son crédo doucereux. Tout ça manque de verve et de nervosité. Voire même d’un sentiment autre que ce truc dégoulinant et trop long pour ce qu’il raconte. Hit me Like a Brick essaye de se faire un peu plus nerveux. Plus direct, moins sinueux, le morceau prend des élans de Rock des années 70, et c’est plutôt intéressant de proposer un son plutôt rétrograde, mais qui marche bien. On préfère ça aux morceaux précédents.
Mais rapidement, le naturel revient au galop. Wildflower passera complètement inaperçu au sein de l’album. C’est bien simple, même après plusieurs écoutes, il ne nous en reste aucun souvenir. Puis après un interlude qui ressemble à un cantique (Conscience Calling), on a droit à What I Missed qui est un titre pensé comme une montée crescendo. C’est sympathique, mais on reste sur une structure connue et sans surprise. Reste Am I Right qui fonctionne parfaitement, de par son aspect Folk et sa mélodie à la guitare qui matche de suite. Un vrai titre sirupeux, mais qui a une identité forte. Enfin, pour clôturer tout ça, on a droit à une reprise de Led Zeppelin avec Ramble On, et c’est vraiment un très bon morceau. Une reprise qui ne sert pas à grand-chose, sinon à nous donner envie de se réécouter le groupe de Robert Plant.
Au final, Beautiful Shade of Grey est un album qui nous laisse un sentiment mitigé. Si le côté Rock typé années 70 est plutôt grisant et envoûtant, il est dommage que la majorité des titres soient des ballades doucereuses et un peu ennuyantes. James LaBrie change de registre par rapport à Dream Theater, et ce n’est pas plus mal, mais il s’engonce dans une mollesse qui peut paraître monotone, et nous ennuie plus qu’autre chose, malheureusement…
- Devil in Drag
- SuperNova Girl
- Give and Take
- Sunset Ruin
- Hit me Like a Brick
- Wildflower
- Conscience Calling
- What I Missed
- Am I Right
- Ramble On
- Devil in Drag (Electric version)
Note : 12/20
Par AqME
