avril 20, 2024

Belle de Jour

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De : Luis Bunuel

Avec Catherine Deneuve, Jean Sorel, Michel Piccoli, Pierre Clémenti

Année : 1967

Pays : France, Italie

Genre : Drame

Résumé :

Epouse d’un jeune interne des hôpitaux, Pierre, Séverine n’a jamais trouvé un véritable plaisir auprès de lui. Un des amis du ménage, play-boy amateur de call-girls, lui glisse un jour l’adresse d’une maison clandestine. Troublée, Séverine ne résiste pas à l’envie de s’y rendre et ne tarde pas à devenir la troisième pensionnaire de Mme Anaïs. Elle y est appelée Belle de jour car ses visites surviennent chaque après-midi de deux à cinq heures.

Avis :

Luis Buñuel, c’est une légende de cinéma. Réalisateur espagnol, il détient pas moins d’un Oscar pour le meilleur film étranger, une palme d’or, un lion d’or et un prix de la mise en scène. Pendant presque cinquante ans, il ne lâchera pas sa caméra si bien qu’on lui doit trente-six films et dont pas mal sont des chefs d’œuvre indémodables qui traversent les époques avec toujours la même réputation. Dans sa filmographie, le réalisateur a fait tourner deux fois la très belle Catherine Deneuve et aujourd’hui, je me suis arrêté sur « Belle de Jour« , leur première collaboration.

Alors, personnellement, c’est le premier film que je regarde de Luis Buñuel, et je dois dire que je ne suis absolument pas déçu. Pour commencer mon exploration, j’ai décidé de commencer avec une valeur sûre « Belle de Jour » ou comment sublimer Catherine Deneuve. « Belle de Jour » est film culte à la réputation qui le précède puisque je connais quelques plans sans même avoir vu le film. Comme par exemple, la célèbre scène de Catherine Deneuve nue, de dos sur un lit, et qui se retourne vers la caméra. Une scène sublimée par le regard tendre et innocent de Deneuve et rien que pour cette scène, je pense que pour débuter la filmo de ce grand homme, j’ai fait le bon choix.

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Séverine est l’épouse d’un jeune interne en médecine. Le couple est heureux en ménage et dans leur intimité, ils s’adonnent à des jeux quelque peu sadomasochistes. Mais Séverine s’ennuie dans sa vie de femme au foyer. Écoutant les qu’en dira-t-on, elle se laisse prendre par la curiosité. L’une de ses connaissances sera une call-girl. Elle se renseigne et découvre l’existence d’une maison clandestine. Partagée entre l’envie, la curiosité et la bienséance, elle va pourtant devenir « Belle de Jour », (parce qu’elle ne travaille que l’après-midi) et devenir l’une des pensionnaires de Madame Anaïs.

La bourgeoisie et l’interdit, tels sont les terrains de jeux du maître espagnol pour ce film. Avec « Belle de Jour« , il va s’amuser à dresser un portrait assez pathétique et pourtant ô combien captivant de ce petit monde enfermé dans sa bulle. Mais aussi, dans un autre sens, il va nous dresser le portrait d’une femme, de sa réalité et de ses fantasmes. Les deux portraits vont parfaitement se mélanger et c’est dans une beauté pudique presque irréelle que le film va nous emporter.

Avec ce film, Luis Buñuel s’attaque donc à la bourgeoisie et à ses apparences. Réservée et frustrée, on découvre ce monde via les yeux de Séverine. Un monde assez froid, renfermé sur lui-même. Un monde qui s’observe et se critique et le visage angélique de Séverine est saisissant. C’est avec beaucoup d’intelligence que Luis Buñuel caricature, sans démesure, ses personnages. Le film est assez drôle aussi. L’histoire m’a beaucoup surpris, car si j’en connaissais la trame principale, je n’étais pas au fait que le film évoluait quelque peu dans le sadomasochisme et l’ouverture du film donne d’emblée le ton. Loin de toute vulgarité, le réalisateur m’a fait sourire avec ces personnages contraires, ce jeune couple allant se fouetter dans les bois, alors qu’ils vont faire lit à part dans l’intimité de leur chambre à coucher. J’ai trouvé la contradiction assez drôle et bien trouvée et dans un sens, je trouve que le réalisateur démontre très bien ce paraître, cette façade qu’il faut aborder. Alors bien sûr, le film a quelque peu vieilli et il faudra le remettre dans son contexte pour prendre vraiment la mesure de cette critique.

Dans un tout autre sens, Luis Buñuel va dresser le portrait saisissant d’une femme seule, raisonnable, discrète, trop bien élevée et qui va se retrouver à lâcher prise dans un monde très loin du sien, mais qui pourtant, à son propre étonnement, s’y plait. J’ai trouvé le portrait qu’en fait le réalisateur presque bouleversant et il ne passe pas loin du chef d’œuvre. C’est avec Belle de Jour, faux nom emprunté pour faire la call-girl, qu’on va découvrir le personnage principal sous un nouvel angle. Alors que Séverine est discrète et amoureuse, « Belle de Jour », sera plus sûre d’elle (pas au début, mais elle y arrive vite), presque dominatrice sur certains clients. C’est presque un récit schizophrène dont les deux façades, surtout vers la fin du film, sont différentes.

Puis « Belle de Jour » sera un très beau film sur l’amour dans tous les sens du terme, sentiments amoureux, passion charnelle, séduction, érotisme et confiance en soi sont abordés avec une délicatesse folle et une subtilité bien vue. C’est beau et bien raconté et j’avoue dans le fond avoir été très touché par l’une des dernières scènes.

C’est la première coloration entre Luis Buñuel et Catherine Deneuve (s’en suivra après pour les curieux, « Tristana » en 70) et jamais la comédienne n’aura été aussi belle, aussi charnelle, aussi sensuelle. Luis Buñuel ne fait pas que la filmer, il la sublime à chaque scène et Catherine Deneuve est tout simplement parfaite dans les peaux de Séverine ou Belle de Jour. C’est un vrai plaisir de la découvrir dans ce genre de rôle. Pierre Clémenti qui joue l’un de ces clients, sorte de dandy malfaiteur est assez captivant. Et Geneviève Page, qui joue Madame Anaïs, gérante de cette maison de passe, est géniale de bout en bout et bien loin de ce qu’on a l’habitude de voir dans ce genre de rôle.

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« Belle de Jour » est donc un film que j’ai beaucoup aimé. Son regard est superbe, son audace, car il en fallait pour faire un tel film à son époque, est bluffante. Catherine Deneuve est une icône et Luis Buñuel un génie, alors les deux ensembles ont fait des merveilles. Un film à découvrir pour tout cinéphile qui se respecte.

Note : 15/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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