avril 16, 2024

Joe

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De : David Gordon Green

Avec Nicolas Cage, Tye Sheridan, Gary Poulter, Ronnie Gene Blevins

Année: 2013

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Dans une petite ville du Texas, l’ex-taulard Joe Ransom essaie d’oublier son passé en ayant la vie de monsieur tout-le-monde : le jour, il travaille pour une société d’abattage de bois. La nuit, il boit. Mais le jour où Gary, un gamin de 15 ans arrive en ville, cherchant désespérément un travail pour faire vivre sa famille, Joe voit là l’occasion d’expier ses péchés et de devenir, pour une fois dans sa vie, important pour quelqu’un. Cherchant la rédemption, il va prendre Gary sous son aile…

Avis:

David Gordon Green, c’est un réalisateur américain touche-à-tout. Depuis le début des années 2000, il s’est construit une filmographie assez intéressante, et qui a tendance à partir dans tous les sens. Drame, romance, comédie, épouvante, et même de la série télé, le réalisateur vit selon ses envies et s’aventure toujours là où on ne l’attend pas. Après être passé totalement inaperçu avec la comédie dramatique « Prince of Texas« , le cinéaste revient pour ressusciter Nicolas Cage.

Sorti assez discrètement l’année dernière dans nos salles, « Joe« , le dernier film en date de David Gordon Green, était un film que j’avais très envie de voir, mais qui m’était encore passé sous le nez, ayant un fort capital sympathie pour Nicolas Cage, un acteur que je trouve ces derniers temps fort sous-estimé et injustement oublié pour beaucoup. Oublié dans le sens où je trouve que beaucoup de cinéphiles ont tendance à oublier toute la carrière de Cage et qu’ils se focalisent uniquement sur les derniers films de l’acteur, bien qu’ils ne soient pas terribles, je le reconnais. Bref, il y a des films comme ça, à la découverte de la bande-annonce, tu ne sais pas trop pourquoi, mais tu sais que tu ne seras pas déçu. Et bien quand j’ai découvert la bande-annonce de « Joe« , ce fut mon ressenti et ce ressenti s’est confirmé puisque le film a été très loin de me décevoir, vraiment très loin…

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Joe est un homme qui aimerait se faire oublier, qui aimerait presque disparaître au beau milieu de la foule. Joe a un passé peu glorieux et à l’aube de la cinquantaine, il essaie de racheter ses fautes en restant comme il le peut dans le droit chemin. Il est le patron d’une entreprise d’abattage de bois. Un matin comme un autre, il reçoit la visite de Gary, un jeune garçon de quinze ans qui cherche du travail pour subvenir au besoin de sa famille. Après un entretien furtif, Joe l’engage et très vite se noue d’amitié avec ce garçon. Joe voit alors en ce garçon la rédemption que la vie tarde à lui offrir et bientôt, il prend le garçon sous son aile.

« Joe« , c’est ce moment de cinéma où David Gordon Green va faire s’accorder un film à la fois dur, très dur, étouffant, presque angoissant et en même temps presque poétique et très beau. C’est avec beaucoup de talent que le réalisateur mélange ces deux oppositions pour nous livrer ce qui pourrait être son meilleur film à ce jour.

Sur un scénario solide, le réalisateur va construire un film à fleur de peau. Un film profond et sauvage où règne la loi du plus fort dans une Amérique complètement perdue dans la pauvreté et l’inculture. Comme je le disais plus haut, son film est étouffant, très dur et le réalisateur nous immerge totalement dans son ambiance, dans son histoire et l’on en ressort pas forcément indemne. Adapté du roman de Larry Brown, David Gordon Green va nous dresser deux portraits dans son film et nous conter avec beaucoup de caractère cette tranche de vie si dramatique.

En premier, le réalisateur va dresser le portrait de deux personnages que la vie va rassembler et dont l’un va être touché par le destin de l’autre. Jusqu’ici rien de bien original, on peut même dire que c’est assez convenu et dans un sens, ça l’est, mais là où le film devient magique, c’est que le réalisateur installe des émotions très fortes et chaque personnage, même le plus petit second rôle, en sera imprégnées. Le regard que pose Joe sur ce jeune garçon est terriblement touchant et apporte tant de questions, dont la principale est que s’il se reconnaît dans ce jeune ado, peut-être a-t-il eu la même adolescence que lui ? On ne peut qu’être touché par la force de courage qui se dégage des deux personnages qui affrontent la dure réalité de la vie, de la pauvreté, de la violence (intérieure ou familiale) et de l’injustice qui règne en maîtresse absolue. Une dure réalité qui sera le deuxième portait plus discret et en même temps aussi marquant. Avec « Joe« , le réalisateur va peindre le portrait presque flippant d’une Amérique qui ne cesse de creuser les différences de classe. Ici, le film se passe dans la pauvreté absolue, et le réalisateur en tire une critique de société très pertinente. Une critique qui fait froid dans le dos et qui reste réaliste. En découvrant le décor, l’ambiance et la vie de cette petite ville perdue quelque part dans le fin fond du Texas, le film est crédible et l’on a aucun mal à croire en son authenticité, malheureusement. Ces deux portraits qui se mélangent et s’entremêlent sont vraiment prenants et si en plus, on ajoute à cela la beauté de la mise en scène de Gordon Green, ses plans superbes, le caractère fort de sa photo et l’originalité de sa BO (rétro et touchante), on détient là un très bon et très beau film, qui ne mérite pas du tout l’accueil qui lui a été réservé.

« Joe« , c’est aussi la résurrection de Nicolas Cage, qui n’avait pas été aussi bon et imprégné de son rôle depuis un bon moment. L’acteur prouve encore que quand il est bien dirigé, et qu’il est dans un bon film, il peut encore nous étonner. Ici, dans le rôle de cet homme introverti, on lui découvre une sensibilité et surtout un regard qu’on ne lui connaissait pas encore. Et ça fait franchement du bien de le voir dans un tel rôle et de voir que des réalisateurs peuvent encore avoir confiance en lui, malgré qu’il n’attire plus les foules. Après s’être illustré chez Terrence Malik et Jeff Nichols, le tout jeune et talentueux Tye Sheridan continue d’étonner tout en choisissant vraiment bien ses projets. Ici, il est Gary, un jeune ado qui rêve d’une vie meilleure. Volontaire, bourré d’espoirs, doté d’une rage intérieure à fleur de peau, le jeune acteur est tout aussi imposant que Nicolas Cage et partage parfaitement l’affiche avec lui. Gary Poulter est l’énorme pourriture du film et l’acteur est totalement imprégné de son rôle si bien qu’il en est troublant. Incroyable de violence, ses silences mettent mal à l’aise et quand il parle, c’est encore pire. Avec ce film, on pourra constater que David Gordon Green sait parfaitement diriger ses acteurs et en tirer le meilleur.

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« Joe » est donc la très belle surprise que j’ai loupée au cinéma. C’est un très beau coup de cœur que ce film. David Gordon Green épate et touche avec un film d’une grande dureté, ainsi que d’une justesse qui tutoie la poésie pas moments. Puis Nicolas Cage prouve que NON, il est loin d’être fini et qu’il ne nous a pas encore tout dévoilé. C’est donc un film prenant, à l’histoire touchante, qui ne mérite pas tout l’anonymat et le manque de lumière qui lui est faite… Bref, pour ceux qui aiment Nicolas Cage, vous devriez être comblés. Pour ceux qui aiment les drames, tout droit dans la lignée de « Mud, sur les rives du Mississippi » même réponse et enfin, pour les indécis, vous tenter, rien que par la beauté étouffante de son ambiance.

Note : 16/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Joe »

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