avril 28, 2024

L’Exorciste Dévotion

Titre Original : The Exorcist : Believer

De : David Gordon Green

Avec Leslie Odom Jr., Ellen Burstyn, Ann Dowd, Jennifer Nettles

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Depuis que sa femme, enceinte, a perdu la vie au cours d’un séisme en Haïti douze ans plus tôt, Victor Fielding élève, seul, leur fille Angela. Un jour, Angela et son amie Katherine disparaissent dans les bois avant de refaire surface 72 heures plus tard sans le moindre souvenir de ce qui leur est arrivé… Dès lors, d’étranges événements s’enchaînent et Victor doit affronter de redoutables forces maléfiques. Désespéré et terrorisé, il sollicite la seule personne encore en vie qui ait jamais été témoin de pareils phénomènes : Chris MacNeil.

Avis :

Au pays, des cinéastes indépendants américains, pendant des années, David Gordon Green a été une sorte de petit roi. Très vite, il se fait repérer, et pendant une bonne quinzaine d’années, il va enchaîner les films en explorant des genres tous plus différents les uns que les autres. Commençant par le drame avec « George Washington« , « L’autre rive« , « Snow Angels« , David Gordon Green va alors explorer la comédie avec des films comme « Délire Express« , « Votre Majesté« , « Baby-sitter malgré lui« . Faisant des allers-retours dans les genres, notamment le superbe « Joe » avec Nicolas Cage, ou encore « Manglehorn » avec Al Pacino, en 2018, David Gordon Green effectue un tournant dans sa carrière, car il se tourne vers le cinéma d’horreur, en se lançant dans une nouvelle trilogie autour d’ »Halloween« . D’ailleurs, c’est grâce à ses « Halloween » que David Gordon Green va se voir proposer de faire une suite directe aux films de William Friedkin et John Boorman.

Sorti en 1974, « L’exorciste » de William Friedkin a été un sacré tournant dans le cinéma d’horreur, et aujourd’hui encore, alors que le film s’apprête à fêter ses cinquante ans, il demeure toujours un bijou qui ne perd rien. Depuis, pour trouver un bon film d’exorciste, il faut se lever tôt et bien souvent, on va aller se coucher sans avoir vu un film qui soit intéressant. On aurait l’impression que le genre est éculé, et qu’il n’a plus rien à offrir.

«  »L’Exorciste Dévotion » ne mérite pas le défoulement et le sort qui lui est infligé. »

Porté par un bouche-à-oreille infect, d’autant plus que cet « … Exorciste Dévotion » ose se poser comme une suite directe de l’histoire originale, je dois dire que je suis entré en salle avec énormément de craintes. Pour parler vulgairement, le game était plié, et finalement cet « … Exorciste Dévotion » s’est posé comme une bonne surprise. Intéressant dans ce qu’il raconte et surtout dans ses dilemmes, surprenant même de par son début qui ouvre le film comme un fait divers, un brin cheap dans son montage, « L’Exorciste Dévotion » ne mérite pas le défoulement et le sort qui lui est infligé.

Victor élève seul sa fille depuis qu’il a perdu son épouse dans un tremblement de terre en Haïti, voilà douze ans. Le père et la fille sont très liés, mais au sein de ce foyer aimant, il y a un manque, la Maman qu’Angela n’a jamais connue. Un jour, après les cours, Angela est censée aller faire des devoirs chez une copine. La jeune fille et son amie vont alors disparaître pendant trois jours. À leur retour, elles ne sont plus les mêmes.

Faire une suite à l’histoire de « L’exorciste » initiée par William Friedkin, en voilà un projet audacieux et on ne peut plus casse-gueule. On le voit, un immense cinéaste comme John Boorman s’est cassé les dents avec la suite « L’Exorciste II – L’hérétique« .

« David Gordon Green ose pas mal de choses qui bousculent la découverte de cette histoire. »

Comme je le disais, le film est porté par un bouche-à-oreille exécrable, et pourtant, à la découverte du film de David Gordon Green, cet « … Exorciste Dévotion » se pose comme une bonne surprise. Alors oui, c’est vrai que dans un sens, le film a un côté déjà-vu, en même temps, il est très difficile de faire autre chose avec une histoire d’exorcisme, tant on en connaît les codes, et finalement, le combat est toujours un peu le même. Pourtant, le film de David Gordon Green ose pas mal de choses qui bousculent la découverte de cette histoire.

Comme je le disais, après son passage en Haïti qui pose le contexte du père de famille solo, le film s’ouvre entre guillemets comme un film de fait divers (d’ailleurs, si le film n’aurait été que sur cette disparition, on aurait eu envie de le suivre jusqu’au bout). Avec cette ouverture, d’emblée, la réalisation livre autre chose. Il prend le temps de créer son histoire, une ambiance, un mystère et une tension. Puis petit à petit, comme une évidence, la possession prend lieu, et là, le film se fait encore une fois surprenant, car il ose la possession sur deux personnages en simultanée. Cet élément bouscule quelque peu ce voyage en terre connue, et plus le film avance, plus l’intrigue s’épaissit avec pas mal de réflexions sur les religions, et plus je me suis retrouvé pris dans ce que  » … Dévotion » me racontait.

«  »L’Exorciste – Dévotion » est aussi un film intéressant dans sa mise en scène. »

S’il y a bien quelques incohérences, notamment le fait de sortir une jeune fille d’un hôpital aussi facilement, on restera sur les bons éléments et les bonnes idées que le film impose. En plus de la double possession, cet « … exorciste … » est assez progressif, offrant des personnages intéressants comme celui tenu par la géniale Ann Dowd. Puis il y a l’idée de plusieurs exorcismes différents, avec pas mal de cultures, le film s’aventure plus loin que le traditionnel exorcisme chrétien. Il faut noter aussi que le film se fait quelque peu piquant du côté de l’église. Puis petit à petit, dans sa dernière partie, le film prend des sentiers osés, posant un dilemme terrible, qui offre encore un peu plus d’horreur à l’histoire, et avec ça, il offre un final lui aussi assez terrible.

Du côté du lien avec les films des années 70, on le sait, cet « … Exorciste Dévotion » fait revenir le personnage tenu par Ellen Burstyn, et si l’on peut être déçu dans le sens où, finalement, elle ne sert qu’à faire un lien, dans un autre sens, le film prolonge son histoire, lui offrant des détails sur sa vie pendant ces cinquante dernières années. Puis son final est réussi.

Si l’intrigue est intéressante donc, « L’Exorciste – Dévotion » est aussi un film intéressant dans sa mise en scène. Comme je le disais, parfois dans son montage, David Gordon Green insère des images qui amènent un petit côté cheap au film, mais sur l’ensemble, c’est avant tout l’ambiance bien fichue du film, et cette façon crescendo que le réalisateur a de ramener de l’horreur, de la possession et de l’exorcisme au sein de son intrigue et de ses personnages, que j’ai envie de retenir.

Alors c’est vrai qu’aucun film n’égalera ce que William Friedkin a pu offrir, mais après beaucoup de navets qui ont essayé de faire un film d’exorcisme un tant soit peu sympathique, cet essai de David Gordon Green s’en sort vraiment bien. Certes, ce n’est pas incroyable non plus, mais le réalisateur ose certaines choses, il réussit son ambiance, il pose des dilemmes assez terribles, et finalement, il a réussi à me tenir de bout en bout de film. Au bout du compte, cet  » … Exorciste Dévotion » se pose comme une agréable surprise. Et j’ai vu que tout comme « Halloween« , Gordon Green est parti pour en faire une trilogie, et je suis dorénavant très curieux de voir où il va emmener cette histoire.

Note : 13,5/20

Par Cinéted

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