Titre Original : Morgan
De : Luke Scott
Avec Kate Mara, Anya Taylor-Joy, Boyd Holbrook, Toby Jones
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Horreur
Résumé :
Consultante en gestion du risque, Lee est envoyée dans un lieu isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. On lui présente alors Morgane, à l’origine de l’accident, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès scientifique. À moins qu’elle ne se révèle être au contraire une menace incontrôlable…
Avis :
Dans le monde du cinéma, on trouve beaucoup de népotisme. En effet, de nombreux parents poussent leurs enfants à suivre leurs traces, comme le fils de Will Smith (qui joue comme un boulet) ou encore le fils de Clint Eastwood. Il n’est pas rare non plus de voir des fils, ou filles, de réalisateur prendre la caméra pour suivre les pas du paternel. Et aujourd’hui, on pioche la carte de Luke Scott, fils de Ridley Scott. En 2012, il avait fait forte impression avec un court-métrage, Loom, qui parlait déjà de la création d’un être artificiel, et c’est donc Ridley, son père, qu’il met en chantier Morgane, un film qui reprend cette idée et qui va mélanger les genres. Film d’horreur, de science-fiction et d’action, Morgane ne choisit pas vraiment et se pare d’un casting luxueux sans pour autant arriver à décoller vraiment. Pour quelles raisons ?
Pas Morgane de toi
Lee est une consultante en risque pour une entreprise. Elle se rend alors dans un laboratoire secret où un être artificiel a été créé mais qui a blessé à l’œil l’une des scientifiques du centre. Elle va alors faire la connaissance de toute l’équipe, mais surtout de Morgane, un être âgé de cinq ans mais qui en parait vingt et qui ne sait comment réagir face à certaines situations. Tout se dérègle lorsque Morgane tue un agent et s’échappe du centre. Comme on peut le voir, le pitch brasse plusieurs genres. Ici, on va parlait de la création d’une créature, revisitant le mythe de Frankenstein, mais on va aussi y injecter des doses d’action lors de grosses confrontations, et aussi quelques fulgurances horrifiques lorsque Morgane décide de zigouiller tout le monde. Luke Scott ne choisit pas vraiment et tente d’aborder tous les genres pour mieux nous surprendre.
Malheureusement, cela ne marche pas vraiment. Au niveau du scénario, on va avoir droit à une écriture assez simple et linéaire, dans laquelle peu de personnages évoluent, et où l’on va voir la conclusion à des kilomètres. Bien évidemment, Lee est le personnage le plus important, mais elle va griller ses cartouches dès le départ, de par son attitude, sa rigueur et sa rigidité. On se doute qu’il y a anguille sous roche et le twist final ne prend pas vraiment. Pour Morgane, c’est une autre paire de manche. Le film tente de nous la rendre touchante en la plaçant en quarantaine, mais son aspect effrayant, analytique, lui ôte toute empathie. On ressent l’être artificiel, on voit les tortures psychologiques, mais on ne ressent rien pour elle. C’est un problème pour un personnage central qui brasse un thème universel, celui de la recherche d’amour et de sentiments.
Multi-genres
Luke Scott a de la suite dans les idées et refuse de choisir un point précis. Contrairement à des films comme Blade Runner ou Ex Machina, Morgane se fait moins cérébral et décide de rentrer dans le lard dès la scène d’intro, où l’on voit la jeune fille planter un truc dans l’œil d’une scientifique. Cela entraine alors une réaction en chaîne, où les meurtres vont se suivre de façon méthodique. Ainsi donc, le film débute comme un film de science-fiction, avec la présentation d’un être artificiel, pour plonger ensuite dans l’horreur, avec des morts violentes, pour se terminer dans un pur actionner virulent où deux nanas vont se mettre dans la gueule. Ce mélange s’avère efficace, notamment grâce à la courte durée du métrage, mais on reste sur quelque chose d’assez plat et qui manque de relief. Morgane ne gratte pas assez ses thèmes.
Cela est en partie dû au manque d’ampleur du scénario. Le film ne s’envole jamais vraiment, pouvant presque se voir comme un huis-clos au départ. Cela enferme les thématiques et contraint les relations qui n’évoluent jamais. D’ailleurs, la présentation des personnages est minime. Hormis une paire de protagonistes, tout le reste n’est que de la chairà canon. La scientifique en chef (Michelle Yeoh) est transparente au possible. La comportementaliste (Rose Leslie) subit plus qu’autre chose et n’avance pas. Quant aux autres personnages, ils restent primaires, avec un couple, un scientifique dépressif (Toby Jones) ou encore un cuisinier (Boyd Holbrook) qui aura un peu plus d’épaisseur, succombant notamment aux charmes de Lee (Kate Mara) mais qui, au final, ne sert à rien dans l’histoire. Et non seulement ces personnages ne grandissent jamais, mais en plus, ils n’approfondissent pas le sujet principal, servant plus de chair à canon qu’à autre chose.
Gris
Alors oui, Morgane est un film qui se veut efficace. Et à quelque part, il l’est. Il n’est pas long, il ne traine pas en longueur et va rapidement au but, après un échange tendu entre un psychologue et l’être artificiel. Néanmoins, le film accumule quelques points négatifs, comme une mise en scène qui manque de finesse et qui n’a pas de couleurs. Comme le prouve son affiche, le film est terne et manque d’une photographie digne de ce nom. Les teintes grises sont dominantes, même lors d’une escapade en forêt, et les quelques plans larges en contre-jour ne rattraperont pas cette impression de décoloration. D’un point de vue technique, on peut aussi regretter des plans illisibles lors des combats à mains nues. Si le montage est dynamique, il manque du liant pour rendre l’ensemble plus emballant. C’est dommage, on sent qu’il y a une grosse envie de cinéma.
Au final, Morgane n’est pas un mauvais film en soi. Certains y trouveront certainement leur compte, notamment dans son rythme rapide et son efficacité dans l’action. Cependant, on peut regretter le manque d’ampleur du métrage, qui reste dans un carcan trop étouffant pour pleinement convaincre. On notera aussi un film qui manque d’éclat et qui, malgré un casting luxueux, ne parvient jamais à donner de l’épaisseur à ses personnages. Si l’envie de cinéma est là, si les thèmes sont présents, il manque au film de Luke Scott plusieurs petites choses pour pleinement convaincre. Dommage.
Note : 08/20
Par AqME