Titre Original : The Face of an Angel
De: Michael Winterbottom
Avec Daniel Brühl, Kate Beckinsale, Cara Delevingne, Valerio Mastandrea
Année : 2014
Pays : Angleterre, Italie, Espagne
Genre : Drame
Résumé :
Une adaptation du roman de Barbie Latza Nadeau sur l’affaire Amanda Knox, une femme accusée d’avoir participé au meurtre de sa colocataire Meredith Kercher.
Avis :
Dans la belle et grande famille du cinéma anglais, Michael Winterbottom est l’un des « petits » réalisateurs les plus ambitieux. Véritable bête de travail, il est un acharné et touche à tout. Depuis son premier film sorti en 1995, le réalisateur a réalisé par moins de vingt-cinq films, qui, tout en ayant sa patte particulièrement reconnaissable, sont tous dans des styles et des univers très différents. Tantôt dans le drame, tantôt dans la comédie de mœurs, le réalisateur a fait un tour dans le western, le documentaire, le film « porno érotique », le fantastique, le docu-fiction ou encore le film engagé, le film de guerre et d’anticipation, bref, Winterbottom touche à tout avec plus ou moins de réussite.
Alors que le réalisateur tourne presque tout le temps, on n’avait plus vu le nom de Winterbottom chez nous depuis 2013 où le cinéaste avec adapté la vie de Paul Raymond dans le réussi » A very Englishman« . Pourtant, depuis 2013, il a eu le temps de tourner pas moins de quatre films, « Everyday« , « The trip to Italy » la suite de « The Trip« , « The Emperor’s New Clothes » et « L’affaire Jessica Fuller » qui est finalement le premier après trois ans d’absence à franchir nos frontières. Bon, on l’attendait au cinéma et c’est en DVD qu’il arrive.
Pour ce film, Michael Winterbottom a décidé de nous raconter un procès, ainsi qu’un projet de film, à travers le meurtre d’une jeune fille en Italie. Si le film est prometteur sur le papier, une fois vu, on peut comprendre pourquoi finalement le nouveau long-métrage du réalisateur est arrivé chez nous directement en DVD, car malheureusement, si le film est incroyable dans ses idées, dans son format, il se révèle quelque peu confus et ennuyant.
Thomas est un réalisateur britannique qui vient d’être embauché par un grand studio pour mettre en scène l’affaire Jessica Fuller. Cette affaire, c’est le meurtre d’une jeune étudiante anglaise venue passer une année en Italie. Cette étudiante aurait été assassinée par sa colocataire et le petit ami de celle-ci. Pris par l’affaire dont les zones d’ombre sont assez mystérieuses, Thomas se rend alors sur place pour s’imprégner de l’ambiance et en apprendre plus sur ses futurs personnages. Il arrive alors en Italie au moment où le procès de la jeune colocataire s’ouvre. Un procès très médiatisé pour lequel il va se passionner.
Une carrière est faite de hauts et de bas. Rares sont les réalisateurs qui ont toujours côtoyé les sommets, surtout quand ils ont la cadence d’un Winterbottom. Si le cinéma du cinéaste anglais est très souvent convaincant et passionnant, il arrive qu’il y ait un raté et c’est avec la plus grande des déceptions que l’un de ces ratés soit cette « L’Affaire Jessica Fuller« , car le film détient de sacrés bonnes idées, que malheureusement le réalisateur n’a pas su vraiment gérer.
Adaptant le livre de Barbie Latza Nadeau « Angel Face: Sex, Murder and the Inside Story of Amanda Knox« , qui retrace le meurtre et le procès d’un fait divers survenu en Italie en 2007, Michael Winterbottom livre un film brouillon qui sera tour à tour passionnant, ingénieux et ennuyeux.
« L’affaire Jessica Fuller » est un film assez frustrant, car il y a tous les éléments réunis pour en faire un très bon film qui amène à la réflexion sur plusieurs aspects de certaines professions. Alors qu’on s’attendait à un thriller policier avec un titre et un synopsis comme celui-là, Michael Winterbottom prend tout le monde à contre-courant et s’aventure dans un film bien différent et plus audacieux. Un film qui dans son concept va sortir des sentiers battus. Pour ce métrage, Michael Winterbottom, à travers les yeux d’un réalisateur, va livrer une analyse sur le travail de cinéaste, sur l’envie d’un projet et d’une histoire, en même temps qu’il va faire une analyse critique d’un procès, un peu comme si celui-ci était une véritable pièce de théâtre. Dans les idées que le réalisateur met en place, son nouveau film est totalement passionnant. Le réalisateur sait de quoi il parle, les névroses de personnages, ses doutes, ses envies, ses recherches sont très détaillées et sonnent justes. Dans un sens, on peut même dire que ce film est surement le plus personnel de son auteur. On apprécie beaucoup le côté théâtral et toute la manipulation qu’il se dégage de ce procès. Le réalisateur joue avec les médias, avec la cohue qui règne, l’envie de scoop de certains journalistes. La confusion aussi qui règne, les différentes théories, et même les fantasmes qu’une telle affaire véhicule avec elle.
Mais voilà, derrière toutes ces idées qui sont parfois brillamment mises en scène, il règne une confusion totale sur ce film. A force de vouloir trop développer, le réalisateur finit par se perdre dans ses idées et son film en devient long et ennuyeux. On a la sensation qu’il ne décolle jamais vraiment et que le réalisateur a bien du mal à aller jusqu’au bout de son idée générale. Idée générale qui pourtant s’avère excellente sur son final, car elle en dit long sur les rouages du cinéma, d’un procès et de la société en général. Mais vous l’aurez compris, pour arriver à cette très bonne conclusion, il faut passer pas de longs moments où Winterbottom se perd et fait tourner en rond son personnage perdu dans ses névroses et ses angoisses.
Et c’est d’autant plus dommage, car le film est très bien campé par ses acteurs. Daniel Brühl est comme toujours très bon. Kate Beckinsale, dont on aurait apprécié que le personnage soit plus développé, reste toutefois excellente. Cara Delevingne, qui est beaucoup critiquée, est plutôt convaincante et trouve un bon rôle. Puis on notera l’excellente interprétation de Valerio Mastandrea dans un rôle des plus troublants.
« L’affaire Jessica Fuller » est donc une déception car c’est un film que j’attendais avec une certaine impatience, un peu comme tous les Winterbottom et finalement, derrière les idées géniales de ses thématiques, le film apparaît bien souvent confus, trop long et finalement s’enlise sur lui-même. C’est vraiment dommage. Comme quoi, de très bonnes idées ne font pas toujours un bon film. En espérant maintenant que le prochain ne mette pas autant de temps avant d’arriver chez nous, histoire de passer à autre chose et d’oublier ce petit raté.
Note : 9,5/20
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Par Cinéted