mars 28, 2024

Marie et les Naufragés

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De : Sébastien Betbeder

Avec Pierre Rochefort, Eric Cantona, Vimala Pons, Damien Chapelle

Année : 2016

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

« Marie est dangereuse », a prévenu Antoine.
Ce qui n’a pas empêché Siméon de tout lâcher, ou plus exactement pas grand-chose, pour la suivre en secret. Oscar, son co-locataire somnambule et musicien, et Antoine, le romancier en mal d’inspiration, lui ont vite emboîté le pas. Les voilà au bout de la Terre, c’est-à-dire sur une île. Il est possible que ces quatre-là soient liés par quelque chose qui les dépasse. Peut-être simplement le goût de l’aventure. Ou l’envie de mettre du romanesque dans leur vie…

Avis :

Il ne fait pas de bruit Sébastien Betbeder et pourtant c’est presque dans l’ombre qu’il livre une filmographie intéressante et décalée, loin du paysage des films français habituels. Après plusieurs courts-métrages, il arrive enfin a réalisé un premier long, « Nuage » en 2007. C’est le début d’une carrière discrète mais constante, « Les nuits avec Théodore« , « 2 automnes 3 hivers« , « Le film que nous tournerons au Groenland« , « Inupiluk« , le réalisateur livre ce qu’il appelle de la dramédie et œuvre dans un univers décalé et coloré.

Typiquement dans son univers, 2016 voit donc arriver la nouvelle petite folie de Sébastien Betbeder, « Marie et les naufragés« . Comédie douce-amère, le nouveau film de Sébastien Betbeder est un petit vent frais qui vient s’incruster gentiment dans le paysage. Assez mal distribué, « Marie et les naufragés » est un film qui ne fera pas de bruit, qui risque même de passer à la trappe et c’est bien dommage car c’est un petit film loufoque et fantaisiste qui mérite toute notre attention. Drôle et touchant à la fois, on passe un bon moment à suivre ces âmes tristes qui se sont finalement toutes bien trouvées.

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Siméon est un jeune trentenaire qui mène une vie assez banale. Père d’une petite fille, il vit en coloc avec son meilleur ami somnambule. Ce que Siméon aime par dessus tout, c’est le sentiment d’être amoureux. Mais malheureusement pour lui, les rencontres qu’il fait sont loin d’être convaincantes. Un soir, en rentrant chez lui, il trouve le portefeuille d’une inconnue qui s’appelle Marie. Voulant le lui rendre, il trouve son numéro dans les pages blanches. Il appelle et tombe sur l’ancien ami de Marie. L’homme lui donne le numéro de la jeune femme, mais indique à Siméon qu’il ne faut pas trop s’approcher de Marie, car c’est une fille dangereuse. Une phrase qui a le don de développer la curiosité de Siméon. Qu’est-ce qu’une fille dangereuse ?

Si on devait mettre un mot sur « Marie et les naufragés« , ce serait fantaisie, car le film ressemble à une petite fantaisie. C’est doux, c’est léger, c’est drôle, c’est pétillant, puis dans le fond, c’est touchant. Tous ces personnages, même les plus décalés, sont touchants et sincères.

Si l’intrigue du film est un petit peu convenue sur sa longueur, c’est le développement de ses personnages qui assure le charme et l’envie d’aller jusqu’au bout. Ce film, c’est le portrait de quatre personnes tristes et lumineuses. Quatre individus pleins d’espoirs et d’envies qui pourtant s’ennuient dans leur vie. Et grâce à un petit scénario habile et malin, le réalisateur va les faire se rencontrer. Très bien développé, ce qu’on apprécie beaucoup avec le nouveau film de Sébastien Betbeder, c’est qu’il nous présente très bien ses personnages. Alors que l’intrigue est lancée, il prend le temps de l’arrêter et de briser le quatrième mur. Ainsi, ce sont les personnages eux même qui vont se présenter à nous. D’où ils viennent, leur passé, leurs envies, leurs espoirs, ce qu’ils aiment ou non. Un condensé de leur vie qui ressemble un peu à celle de n’importe qui, qui se révèle être la meilleure idée du film. C’est très touchant, et ces petites scènes, qui sont bien intégrées dans le montage et qui passent trop vite, se révèlent d’une astuce et d’une nécessité incroyable, car après chacune d’entre elle, on sera plus touché et accroché au personnage. Le seul petit hic, c’est que finalement avec toutes ces petites scènes, on a l’impression de ne pas avoir de personnage principal à proprement parler, un peu comme si chacun d’eux était le second rôle de l’autre. Vous l’aurez compris, si l’intrigue au premier abord ne paye pas de mine, Sébastien Betbeder a trouvé le truc pour que son film soit attachant et nous fasse passer un bon moment.

La réalisation n’est pas en reste, puisque « Marie et les naufragés » nous réserve de bonnes scènes et dégage un humour qui joue beaucoup avec l’absurde. Mais pourtant ça fonctionne bien, surtout dans la dernière partie du film qui est assez tordante visuellement. Les costumes de ce clip tourné et les scènes qui en découlent sont improbables, mais tellement drôles.

On notera aussi l’excellente bande son signée Sébastien Tellier qui accompagne tout le film. Une bande son électro bien vue, intelligente, qui imprègne le film et sait se faire plus discrète pour souligner les ressentis des personnages.

Ce petit ovni est guidé par des comédiens qu’on va prendre plaisir à découvrir. Pierre Rochefort continue son joli parcours et trouve un rôle qui lui colle à la perfection. L’acteur est bourré de charme, son personnage triste sourit à la vie, aux situations et donne toujours dans l’optimisme, ce qui fait du bien. Pour Marie, c’est la belle Vimala Pons qui s’y colle de manière totalement décalée, ce qui donne une Marie étrange (peut-être dangereuse), mais qui malgré son côté mystérieux se révèle être très attachante. Ce constat est fait avec le personnage d’Éric Cantona, écrivain raté qui est finalement très touchant dans sa solitude, son mal-être et le flou total de direction de sa vie. Puis enfin, comment ne pas mentionner l’hilarant (c’est bien le mot) Damien Chapelle dans le rôle du meilleur ami somnambule, ou André Wilms sorte de Raël de l’électro. Ou encore les excellentes apparitions pleines de tendresses d’Emmanuelle Riva et Wim Willaert.

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Ces naufragés de la vie sont donc un petit moment de fraîcheur qu’on va prendre plaisir à suivre. Décalé, coloré, loufoque, absurde et en même temps plein de jolis sentiments, de belles situations et surtout bourrés de personnages tous plus touchants les uns que les autres, « Marie et les naufragés » est l’ovni attendrissant de ce mois d’Avril. Maintenant, on attend le prochain film de Sébastien Betbeder avec encore un peu plus de curiosité.

Note : 14/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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