Titre Original : Truth
De : James Vanderbilt
Avec Cate Blanchett, Robert Redford, Dennis Quaid, Topher Grace
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Biopic
Résumé :
L’histoire de Mary Mapes, journaliste primée de CBS et productrice de Dan Rather, l’un des plus célèbres journalistes et présentateurs de l’histoire de la télévision américaine, qui a dévoilé -entre autres scoops- le scandale de la prison d’Abou Ghraib.
Avis :
Première réalisation d’un certain James Vanderbilt, scénariste notamment de la saga The Amazing Spider Man ou du prochain Independance Day, Truth : Le Prix de la Vérité est un film journalistique réunissant Cate Blanchett et Robert Redford.
Le sujet était intéressant, surfant sur le récent succès de Spotlight, James Vanderbilt avait vocation de présenter le journalisme sous un aspect moins louable, se concentrant sur les travers d’une profession dont l’évolution est effleurée dans Truth. James Vanderbilt veut mettre en avant le manque d’intégrité du milieu, comment les journalistes sont devenus au fil du temps des pantins au service de l’argent, donc par implication au service du pouvoir. Truth présente une enquête journalistique réalisée par le personnage de Cate Blanchett, productrice féministe dénommée Mary Mapes. Elle cherche à démontrer comment Bush a usé de privilèges inégaux pour esquiver la guerre du Vietnam. L’investigatrice parvient à réunir bons nombres d’éléments, de dossiers et de documents vérifiant la thèse du reportage et affirmant les manipulations de sir Georges W. Bush pour ne pas se mêler aux soldats. Elle peut compter sur le soutien de Dan Rather, interprété par Robert Redford, journaliste émérite et grand ami de la jeune femme.
Un duo de personnages qui fonctionne à la perfection grâce à la verve de Cate Blanchett et à la classe de Robert Redford, dont sa justesse de jeu convainc toujours grâce à une étonnante fluidité. Des acteurs qui portent sur leurs épaules un long métrage en demi-teinte, qui a des choses à raconter mais qui malheureusement ne parvient pas à prendre une quelconque épaisseur, restreint par une mise en scène parfois très amatrice. Là où le spectateur devrait être confronté à une véritable théorie du complot dans la droite lignée de Les Hommes du Président, il se retrouve à observer les tribulations d’une journaliste dignes d’un téléfilm politique, certes classieux, mais comme il en sort régulièrement à la télévision américaine. L’esthétique de l’image apparait très superficielle, assez illusoire et définitivement artificielle, la mise en scène demeure très académique, et rien ni dans le scénario, ni dans la réalisation donne une réelle dimension à l’histoire ou un quelconque effet de surprise. Cependant Truth : Le Prix de la Vérité reste passionnant, James Vanderbilt contrôle le rythme de son œuvre à la perfection pour passionner son public pendant les 2h de projection.
Mais ce qui reste évidemment le plus intéressant dans Truth, ce sont les différentes thématiques soulevées. James Vanderbilt critique l’information elle-même, ou plutôt ce que la télé a fait de l’information. Il met en avant la volonté de faire le buzz, la recherche perpétuelle de l’image, de l’audimat, du profit, James Vanderbilt démontre à quel point ce milieu est perverti par l’intérieur, où chaque protagoniste n’est qu’une pièce sur un échiquier facilement remplaçable. Une phrase prononcée par Robert Redford résume bien la pensée de James Vanderbilt. Il affirme que l’information s’est égarée de son chemin au moment où les chaines de télé ont compris qu’elles pouvaient en faire un profit. Jadis le journaliste avait une mission d’information très importante, presque sacrée, et les programmes d’information ne généraient jamais d’argent, restant subventionnés par des aides de l’Etat. James Vanderbilt veut présenter le manque d’abnégation et d’intégration des chaines de télévision, tout en rendant hommage aux travailleurs acharnés cherchant à rendre un programme abouti. Le metteur en scène présente également la recherche perpétuelle de responsable qui incombe à notre système, la chasse perpétuelle d’une conformité juridique et formelle plutôt que l’examen d’une profondeur de traitement en perdition.
Tout remuer pour dissiper une histoire importante ? James Vanderbilt semble croire à la théorie du complot et parvient à nous emporter avec lui. Le film répond à Nightcall sur la dimension et la place de l’image à la télévision, affirmant le conditionnement des chaînes de télé à provoquer le buzz par l’image avant tout. James Vanderbilt s’apitoie sur la lente disparition du journalisme comme véritable travail d’enquête et d’investigation pendant que Cate Blachett apparaît sur la grande majorité des plans du film volant ainsi la vedette à un Robert Redford dissimulé au second plan.
Truth : Le Prix de la Vérité est un long métrage efficace à défaut d’être original que ce soit dans le fond ou dans la forme.
Note : 13,5/20
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Par Aubin