décembre 12, 2024

The Normal Heart

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De : Ryan Murphy

Avec Mark Ruffalo, Julia Roberts, Matt Bomer, Taylor Kitsch

Année: 2014

Pays : Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Une adaptation de la pièce The Normal Heart, qui décrit la montée en puissance du virus du sida dans les années 80 et le combat d’un écrivain-activiste, Ned Weeks, fondateur d’un groupe d’aide luttant contre la maladie.

Avis:

Ryan Murphy est un producteur et un créateur très célèbre dans le monde de la télévision, puisque c’est à lui qu’on doit des séries telles que « Nip/Tuck« , « Glee« , « American Horror Story » ou encore prochainement « Scream Queen« , une série qui va ressusciter la grande Jamie Lee Curtis. Mais Ryan Murphy ne se limite pas à la création, c’est aussi un réalisateur, qui en plus de réaliser certains épisodes de ses séries, œuvre sur le grand écran.

Ryan Murphy a une petite filmographie en tant que réalisateur pour l’instant, puisque « The Normal Heart » est son troisième long métrage. Un long-métrage qui est d’ailleurs directement sorti en DVD sans passer par la case cinéma et on ne comprendra pas vraiment pourquoi, car le film est doté d’un sujet aussi beau que fort et révoltant, ainsi qu’un casting de qualité.

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New-York, 1981, un étrange « cancer » se reprend dans les rues de la grosse pomme. Cette maladie est appelée le cancer gay, car elle se répand principalement chez les homosexuels hommes. Ned Weeks, un écrivain plutôt grande gueule, va alors essayer d’alerter la communauté, mais aussi le maire de la ville et plus largement le gouvernement. Alors que les cas et les décès se multiplient, Ned, aidé du docteur Emma Brookner, fait tout ce qui est en son pouvoir pour essayer de trouver ne serait-ce que des financements pour aider les malades dont personnes ne veut. Et plus l’épidémie se répand, plus les politiques font la sourde oreille et refusent de reconnaître la maladie.

Le sida fait tristement partie de nos vies depuis plus d’une trentaine d’année. Si aujourd’hui, nous sommes inondés d’informations, il y a trente ans, quand le « cancer gay » est apparu, ce n’était clairement pas la même musique. Et un peu comme la maladie à l’époque, on ne trouve pratiquement aucun film qui traite de la maladie et de l’acceptation à cette époque-là. Bien sûr, on trouvera des films comme « Philadelphia » ou « Clara et moi« , mais ce sont des films qui abordent des personnes malades, alors que la maladie est déjà installée dans la société. Dernièrement, il y a bien eu « The Dallas Buyers Club » mais ce n’est pas le tout début de la maladie. Quand est-elle arrivée ? Qu’en est-il du désarroi et de la confusion qu’elle a apportée avec elle ? Et surtout qu’en est-il des réactions des autorités et des rejets dont les premières victimes ont fait l’objet ? Jamais un film à ma connaissance ne s’est vraiment penché sur le problème et c’est ce que Ryan Murphy va faire avec « The Normal Heart« .

Le film était compliqué à réaliser et le réalisateur s’était mis plusieurs bâtons dans les roues, puisqu’il a choisi de s’attaquer à l’arrivée du sida dans la communauté gay. Il fallait donc parler de la maladie, mais aussi de cette communauté sans la caricaturer, chose plus difficile avec un film qui évolue dans les années 80.

Ryan Murphy relève ce premier défi en parlant admirablement de l’arrivée de la maladie. Son film est instructif, prenant et révoltant. Le scénario suit le parcours de plusieurs personnages qui vont livrer une bataille rude, absurde et injuste contre une politique qui avait des œillères. Le réalisateur nous raconte d’une bonne manière, sans en faire trop, ni tomber dans le démonstratif, l’angoisse et l’urgence grandissante de parler de ce « cancer ». Le réalisateur arrive à nous garder devant les deux heures vingt que dure son film sans ennui. On notera tout de même que le film peut souffrir de répétitions. Au bout d’un moment, comme tout le monde se rejette la cause, et que « personne » ne veut vraiment en entendre parler, « The Normal Heart » aurait tendance à tourner en rond. Pas grand-chose, ce n’est pas agaçant, car Ryan Murphy arrive toujours à rendre son film intéressant, mais ça reste quand même notable pour qu’on puisse le remarquer.

« The Normal Heart » est aussi un très beau film d’amour. Si on suit beaucoup de personnages en même temps, l’intrigue s’arrête beaucoup sur le personnage de Mark Ruffalo. Un personnage imprégné, habité, peut-être même un peu trop, car dans un sens, sa colère et sa haine peuvent aussi être fatigantes. Mais en même temps, c’est tellement compréhensif. Donc, on va beaucoup suivre le personnage de Ruffalo aussi bien le « public », avec son combat pour se faire entendre, mais aussi dans sa vie privée, où il va se battre contre la maladie de son compagnon et l’accompagner jusqu’au bout. Comme je le disais, en plus d’être un très beau film social, « The Normal Heart » est aussi une histoire d’amour déchirante, qui personnellement m’a laissé le cœur dans les baskets.

Ce que j’ai beaucoup apprécié et qui m’a aussi surpris, c’est qu’à aucun moment le réalisateur ne tombe dans un film triste. Malgré les injustices, les pertes, et toute l’émotion que génère l’histoire, Ryan Murphy donne un film loin d’être déprimant. Bien sûr, j’ai été touché par l’émotion grandissante, mais « The Normal Heart » n’est pas dépressif. Il reste malgré tout bourré d’espoir. Alors que son sujet est noir au possible, j’ai trouvé que c’était un film en fin de compte très lumineux.

Par contre, si le réalisateur réussi le défi de très bien parler de l’arrivée du Sida, je dois dire que j’ai à plusieurs reprises trouvé qu’il avait tendance à tomber dans la caricature dans la communauté gay. Alors que les personnages principaux sont plutôt bien écrits, les personnages secondaires ou même ceux qui ne font qu’une apparition, sont trop efféminés. Peu de gens « normaux » on va dire, à croire que la communauté gay de New-York au début des années 80 n’était peuplée que de grandes « folles » habillées en mini short et qui ne peuvent parler ou s’appeler sans prononcer des « ma chérie » par-ci où des « bébés » par-là. Et j’avoue que ça m’a dérangé, surtout que le contraste entre ces personnages et les principaux est assez flagrant et je n’ai pas bien compris le pourquoi de cette caricature.

Pour parler au mieux de cette histoire, Ryan Murphy est joliment entouré en faisant appel à un casting aussi étonnant qu’il est bon. Comme je le disais, Mark Ruffalo est très bon, habité dans son personnage, même s’il en fait peut-être un peu trop. Matt Bomer trouve là le plus beau rôle de sa carrière. Julia Roberts est captivante, malgré qu’on la voit que trop peu. Jim Parsons m’a beaucoup ému à plusieurs reprises. Alfred Molina se paye une scène incroyable avec Mark Ruffalo. Une scène pleine de vérité, qui est bouleversante de par ce qu’elle dit et ce qu’elle transmet. Seul Taylor Kitsch reste en retrait face à ce beau casting. L’acteur tient pourtant un bon personnage, mais j’avoue qu’il est fade.

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Ryan Murphy s’en tire donc avec les honneurs, et même si son film a deux ou trois petits défauts, je dois dire qu’il m’a passionné autant qu’il m’a révolté. Le réalisateur aborde des sujets difficiles et il les développe avec conviction et importance. Entre la montée en puissance du « cancer gay » et cette histoire d’amour déchirante, Ryan Murphy ne choisit pas. Il mélange habilement ces deux intrigues et au final, « The Normal Heart » est un film aussi instructif qu’une ode à l’amour, à la tolérance, à la différence et à l’espoir.

Note : 16,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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