
Avis :
Il est toujours très difficile de survivre au départ de un ou plusieurs membres d’un groupe. Et encore plus lorsque cela entraine l’annulation d’un concert, car batteur et chanteur décide de quitter le navire quelques minutes avant d’être sur le devant de la scène. Pourtant, malgré cela, le groupe allemand Equilibrium est toujours là, et continue à fournir des albums. Bon, il faut dire aussi que le groupe a l’habitude des changements de line-up, puisque si on regarde sa carrière, il y a déjà eu cinq batteurs différents, quatre bassistes, deux guitaristes en leading, ou encore deux chanteurs et claviéristes. Bref, la vie d’Equilibrium est plus que tumultueuse, et pourtant, la formation, qui ne compte plus qu’un seul membre d’origine (qui fait la guitare rythmique, le chant en back-up, la basse et la batterie) essaye tout de même de sortir des efforts studio.
Equinox est le septième album du groupe, et il est relativement déroutant. D’ailleurs, on peut se demander si le départ de tous ces musiciens n’est pas lié au changement d’orientation musicale de la formation. Débutant dans de l’Epic Folk assez classique, aujourd’hui, le groupe a gardé ce style, mais en lui incorporant des éléments Metalcore dans le chant, ainsi que des arrangements électros relativement inappropriés. C’est bien simple, à la première écoute, la sauce ne prend pas, notamment parce que les éléments folkloriques ne collent pas avec les fulgurances électros, et on se demande bien où le groupe veut en venir. Tout comme sur ce premier morceau, Earth Tongue, qui prend plus des allures de longue introduction que de réel premier titre. C’est bien fichu, ça frappe fort, mais on est dans l’attente que ça décolle pleinement. Ce qui n’arrivera jamais.
Il faudra alors patienter avec Awakening pour réellement avoir un titre à la structure lisible. C’est simple comme un morceau de Metalcore, mais avec des ajouts qui sont assez incongrus. Le chant est continuellement crié, on a bien des élans folks, mais le clavier est très présent et donne à l’ensemble une sensation qui ne matche pas. C’est un peu comme la vibe électro médiévale qui peut être marrante sur l’instant, mais qui devient juste un gimmick par la suite. Ici, la flûte arrive de manière inopinée sur le break et la mélodie manque vraiment de « naturel ». Et il en ira de même sur quasiment tous les titres de l’album. Legends est long comme un jour sans pain, et le côté épique passe à la trappe, la faute à une production solide mais dénuée de charme. Le folk s’efface totalement pour un Metalcore moderne popisant au possible.

Après ce titre beaucoup trop long pour ce qu’il raconte, on a droit à un premier interlude, Archivist, qui appuie toutes les fragilités de ce mélange qui ne rentre jamais en osmose. Heureusement, derrière, Gnosis va faire un peu parler la poudre, et arrive à presque trouver un équilibre précaire entre tous les styles. Disons que c’est un peu plus digeste, même si on reste sur des sonorités qui ne collent pas vraiment ensemble. Et on ressent plus le côté épique, ce qui n’est pas rien. Il est dommage que par la suite, l’essai ne soit pas plus concluant avec Bloodwood. Là, on navigue sur un délire électro folk trop doux et qui manque cruellement d’intérêt. On a la sensation d’entendre une mélodie connue, mais revisitée de façon électro métal légèrement bourrine. Le morceau est, en plus de ça, long e sans aucun relief.
Par la suite, le groupe va ménager la chèvre et le chou, et il va tenter de continuer sur sa ligne, certainement persuadé de tenir une idée originale. I’ll be Thunder fait la promesse d’un titre nerveux, mais il se plante complet dans le refrain. Anderswelt plonge presque dans un Eurodance régressif, mais cela a le don de donner envie de danser. Quant à One Hundred Hands, on pourrait croire que Electric Callboy a fusionné avec un groupe pseudo folk, et cela ne marche clairement pas. Borrowed Waters s’octroie le plaisir de faire intervenir une chanteuse, et pour le coup, c’est un poil mieux. Ce n’est pas la panacée, mais cette pause est plutôt la bienvenue. Après un interlude au didjeridoo, Nexus va venir clôturer l’ensemble de façon nerveuse et puissante, tout en gardant ces fulgurances électro qui semblent être la marque de fabrique du groupe désormais.
Au final, Equinox, le dernier album de Equilibrium, manque justement d’équilibre. Le groupe a cru bon de muter son Epic Folk en Metalcore Epic Folk Electro, et le résultat est plus que discutable. Si l’énergie est bien présente, si on a quelques moments qui ne sont pas désagréables, d’un point de vue osmotique, on repassera. Il faut vraiment un temps d’adaptation pour commencer à ressentir un peu de curiosité, mais même avec ça, on se rend vite compte du côté opportuniste de la chose, et on reste le cul entre deux chaises concernant cet album.
- Earth Tongue
- Awakening
- Legends
- Archivist
- Gnosis
- Bloodwood
- I’ll be Thunder
- Anderswelt
- One Hundred Hands
- Borrowed Waters
- Rituals of Sun and Moon
- Nexus
- Tides of Time
Note : 11/20
Par AqME
