décembre 3, 2025
BD

Dans la Tête de Sherlock Holmes – Le Cauchemar du Loch Leathan

Auteurs : Cyril Lieron et Benoit Dahan

Editeur : Ankama

Genre : Policier

Résumé :

Une lettre insensée attise la curiosité de Sherlock Holmes et entraîne son départ jusqu’au fin fond de l’Écosse. Le détective et son fidèle ami, le Dr Watson, vont se heurter à un village pétri de méfiance où semble rôder une créature cauchemardesque. Réfutant le mysticisme, le duo de détectives est bien décidé à découvrir ce que cache réellement « la malédiction du Kelpie » !
Quels sombres secrets se cachent dans les brumes du Loch Leathan ?

Avis :

S’il y a bien une chose qui est compliqué dans n’importe quel art, c’est de continuer sur une qualité au moins égale quand on sort des œuvres qui ont connu un succès retentissant. Dans le cinéma, par exemple, de nombreux réalisateurs sont attendus au tournant suit à un chef-d’œuvre, et quand ils font un film en deçà, la déception est énorme. Il en va de même dans le neuvième art, et cela peut prendre deux facettes. En premier lieu, on peut avoir droit à des séries trop longues, qui ont des premiers tomes impressionnants, mais qui sombrent ensuite vers une facilité mercantile. En second lieu, des auteurs peuvent faire un diptyque incroyable, puis décider de continuer suite à un gros succès, et décevoir avec un scénario moindre. C’est ce que l’on aurait pu craindre pour Dans la Tête de Sherlock Holmes.

Après un diptyque tout simplement fabuleux avec L’Affaire du Ticket Scandaleux, Cyril Lieron et Benoit Dahan étaient attendus au tournant en annonçant une nouvelle enquête, au sein d’un graphisme travaillé et loufoque. En effet, comment renouveler cet aspect ludique, autant dans la lecture de l’enquête que dans la manipulation des pages, qui offrent plusieurs niveaux de lecture ? C’est donc avec une certaine fébrilité que nous nous lançons dans ce cauchemar du Loch Leathan, et on est rapidement rassuré : les auteurs ont encore des idées de génie, et offrent un plaisir de lecture immédiat, ludique, et ne souillant jamais l’esprit de Sir Arthur Conan Doyle.

Tout commence avec l’arrivée d’une lettre étrange adressée à Sherlock Holmes. Il décide alors, avec Watson, de partir sur l’île de Skye pour résoudre une série de morts étranges, avec en filigrane le mythe du kelpie, ce cheval aquatique fantomatique qui semble attirer les gens de l’île au fin fond du loch. Dès le départ, d’un point de vue graphique, c’est une dinguerie. On retrouve tous les éléments que nous avions adoré dans le premier diptyque. On entre dans la tête de Sherlock, avec un fil rouge à suivre pour nous indiquer le sens de lecture. Il y a toujours une logique claire, et on retombe à chaque fois sur nos pieds quand on quitte les pensées du héros pour revenir dans le réel. Il y a un aspect presque « escape game » à lire la récolte des indices.

Et encore une fois, on retrouve des jeux à faire pour avoir des indices supplémentaires. Par exemple, on nous invite à placer une lumière derrière une page pour lire de nouvelles phrases qui étaient cachées. Ou encore de plier deux pages pour ajouter des dessins sur le dessin. C’est très malin, c’est ultra ludique, et cela renforce l’implication du lecteur dans cette histoire. Une histoire alambiquée, qui vous devenir de plus en plus obscure avec une pléthore de personnages, l’appartenance à une visible secte, et un milieu à la fois bourgeois et rural, propice aux cachotteries et autres manipulations. Le scénario est inventif, et joue aussi avec le folklore britannique, ce qui est vraiment très chouette. D’autant plus qu’il plonge parfois dans l’ésotérisme, avec ce qu’il faut de créatures mythologiques et autres sorcières qui font office de guérisseuses dans un lieu perclus de croyances.

Et puis, bien évidemment, il faut saluer le travail de dingue de Benoit Dahan, qui donne un écrin formidable au récit de Cyril Lieron. Si cela peut parfois dérouter, avec des visages anguleux et des couleurs assez marquées, on se régalera de la mise en page inspirée et totalement inventive. Par exemple, lorsqu’il faut mettre en image un cadavre, le cadre prend l’apparence d’un cercueil. On a aussi une immense variation des planches, qui peuvent être bourrées d’indices, de petits dessins, ou alors qui offrent une double-page sublime. Cela empêche une certaine monotonie dans le lecteur, et investit d’autant plus le lecteur dans l’histoire, et dans la résolution de cette intrigue. Résolution qui ne trouvera donc aucune réponse avec ce tome, puisqu’il s’agit d’un nouveau diptyque, et de ce fait, il faudra attendre la sortie du second tome pour avoir le fin mot de l’histoire.

Au final, Ce Cauchemar du Loch Leathan, le premier tome du deuxième cycle de Dans la Tête de Sherlock Holmes, tient toutes ses promesses. On aurait pu craindre une baisse de régime suite au succès monumental du premier cycle, mais il semblerait que le duo d’auteurs ait de la suite dans les idées. Encore une fois, c’est beau, drôle, imaginatif, ça joue constamment avec les détails, les planches et les dessins, on s’implique énormément dans cette histoire qui va cette fois-ci dans le folklore mythologique anglais. Bref, c’est encore une fois une réussite, et peut-être même l’une des plus belles lectures de cette année dans le neuvième art.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.