octobre 14, 2024

La Reine du Crime – La Malédiction d’Ishtar

Titre Original : Agatha and the Curse of Ishtar

De : Sam Yates

Avec Lyndsey Marshal, Jonah Hauer-King, Bronagh Waugh, Crystal Clarke

Année : 2019

Pays : Angleterre

Genre : Policier, Romance

Résumé :

Durant l’hiver de l’année 1928, Agatha Christie souffre de son récent divorce et de sa soudaine célébrité. Elle décide de faire un voyage en Irak, où des fouilles archéologiques ont lieu. Bien malgré elle, la romancière se retrouve mêlée à des histoires d’amour, et à une série de meurtres…

Avis :

En parallèle des révisions récurrentes des histoires les plus emblématiques d’Agatha Christie, la télévision britannique s’est également lancée dans une interprétation très libre de la biographie de la célèbre auteure. L’Affaire Florence Nightingale, premier téléfilm du projet, s’avançait comme une incursion sympathique dans le domaine du policier à l’ancienne. Avec La Malédiction d’Ishtar, le concept demeure similaire. À savoir, rapprocher la fiction de la réalité en plongeant la reine du crime au cœur d’une intrigue digne de ses récits les plus alambiqués. Du moins est-ce là l’intention initiale, car cette suite se révèle nettement moins probante que son prédécesseur…

Le postulat de départ reste pourtant séduisant, car il n’est pas sans rappeler la tonalité « exotique » de romans incontournables de sa bibliographie. L’allusion à Mort sur le Nil demeure un peu trop évidente et pas forcément de circonstances étant donné que la présente histoire s’ancre en Irak. À la rigueur, on pourrait songer au film Meurtre au soleil (lui-même adapté des Vacances d’Hercule Poirot). Le cadre méditerranéen renvoie alors au contexte du tournage sur l’île de Malte. Pour autant, cet aspect qui présente une importance notable n’est qu’à peine esquissé au fil des séquences. Celles-ci se cantonnent à changer de point de vue sur le site des fouilles archéologiques et dans la propriété cossue de Lord Ponsonby.

Il ne suffit pas de l’appel à la prière du muezzin ou d’un panorama avec quelques palmiers en guise d’horizon pour insuffler un semblant d’atmosphère et de dépaysement. De même, le prétexte demeure maladroit pour avancer le départ d’Agatha Christie en Irak. Ce choix se révèle assez symptomatique de ce qui s’ensuit. On alterne entre des séquences dispensables, des silences gênants et des investigations laborieuses. Toute la difficulté réside dans les capacités d’implication d’Agatha Christie au sein de l’enquête. Force est de reconnaître que le rapprochement avec le meurtre maquillé d’un ouistiti laisse pour le moins perplexe quant au mobile lui-même.

De même, le personnage d’Agatha se veut plus effacé qu’auparavant. On a davantage l’impression qu’elle subit les évènements. Cela tient, entre autres, à des débuts d’interrogatoires maladroits, à un comportement versatile, voire inconstant dans ce qu’elle suggère. En ce qui concerne les autres protagonistes, ils ressassent des poncifs sociaux qui les enlisent dans des rôles préconçus. Pour une fois, il n’est pas nécessaire de suspecter l’ensemble des intervenants afin de distinguer le vrai du faux. Les motivations demeurent évidentes dès le départ, tandis que l’enchaînement des faits et des évènements perturbateurs sont attendus.

Le scénario use de ficelles relativement simplistes qu’il est facile de démêler. Les indices sont flagrants et assez grossiers. À cela s’ajoutent des digressions survolées sur le féminisme et, dans une moindre mesure, sur le rapport à l’écriture, la source d’inspiration d’une œuvre. Pour autant, ces éléments restent surfaits et mal amenés pour présenter une densité sous-jacente à l’histoire. L’ensemble n’est pas médiocre, mais il se contente de ressasser des poncifs éculés, rendant l’intrigue guère singulière, voire paresseuse. En ce sens, le dénouement est expédié avec une négligence consommée qui trahit le traitement conventionnel du projet.

Au final, La Malédiction d’Ishtar est une seconde initiative laborieuse, frustrante au regard de la première incursion. Confié à un débutant en la matière, ce téléfilm demeure prévisible et relativement décevant dans ce qu’il avance. L’ambiance moyen-orientale qu’évoque l’Irak est absente, tandis que les codes propres au genre policier se résument à des mobiles binaires sous couvert d’un déroulement linéaire, sans surprise. On regrette aussi que le personnage d’Agatha Christie perde en charisme, sinon de son aura. Vraisemblablement peu impliqué, le réalisateur en oublie même l’aspect référentiel qui aurait pu interpeller les amateurs d’Hercule Poirot ou de Miss Marple. Bref, il en ressort un téléfilm bancal, tout juste passable.

Note : 10/20

Par Dante

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