avril 26, 2024

Rendez-Vous avec la Mort

Titre Original : Appointment With Death

De : Michael Winner

Avec Piper Laurie, Peter Ustinov, Carrie Fisher, Lauren Bacall

Année : 1988

Pays : Etats-Unis, Angleterre

Genre : Thriller

Résumé :

Une aventure d’Hercule Poirot. Emily Boynton est la belle-mère des trois enfants Boynton qu’elle tyrannise en profitant du fait que son mari décédé lui a laissé par testament le contrôle total sur sa fortune. La famille effectue une croisière vers la Palestine, à l’époque sous mandat britannique, puis séjourne à Jérusalem. Hercule Poirot, en vacances privées, enquête sur la mort de Boynton.

Avis :

L’univers d’Agatha Christie répond à des codes spécifiques en matière d’intrigues policières. Si elle ne constitue pas forcément un précédent en la matière, l’auteure est néanmoins connue pour ses histoires aux multiples ramifications. Les fausses pistes et les indices disséminés çà et là s’enchaînent avec autant de facilités que les suspects. Les comportements et les mobiles sont tous aussi plausibles les uns que les autres, obligeant le spectateur (ou lecteur) à solliciter ses cellules grises et son sens de la déduction. En cela, Rendez-vous avec la mort répond parfaitement au schéma initié par l’écrivaine et s’inscrit dans la lignée des précédentes adaptations, comme Mort sur le Nil et Meurtre au soleil.

Il est vrai que la structure du présent métrage ne surprend guère un public coutumier des récits d’Agatha Christie. La première partie de l’intrigue se focalise sur la présentation des protagonistes, leurs rapports et leurs comportements. En cela, les portraits sont dissemblables, parfois complémentaires, sans sombrer dans la caricature. On songe à cette famille dysfonctionnelle, totalement dépendante de la matriarche pour des motifs financiers. Très vite, on distingue le principal mobile et ces petits « prétextes » qui l’accompagnement, comme l’impossibilité de nouer une relation amoureuse durable, saine et stable. C’est bien simple, tous les intervenants ont une raison de tuer la victime en devenir.

À la limite, il serait plus facile d’identifier les personnes qui ne possèdent aucun mobile apparent pour s’orienter sur une piste sérieuse. Le traitement général ne floue donc personne, même s’il demeure appréciable dans les joutes verbales des interrogatoires et les sempiternelles offuscations de circonstances. Ces échanges ont néanmoins le mérite de reconstituer le fil des évènements afin de mieux distinguer les mensonges ou les incohérences des témoignages. Exception faite de quelques éléments, le parcours des investigations s’appuie sur la déduction pure, voire un procédé par élimination, non par la découverte fortuite d’indices.

Contrairement à d’autres intrigues d’Agatha Christie, comme Le Miroir se brisa, il est possible de résoudre l’affaire criminelle au premier visionnage. Cela tient, entre autres, à une exposition des faits méticuleuse, même si elle peut paraître laborieuse à certains égards. L’enquête ne s’invite en effet qu’en seconde partie. En parallèle, la mise en contexte souffre d’approximations relativement grossières pour ce type de production. On songe à l’anachronisme de la découverte du site de Qumran survenu en 1947 alors que l’histoire se situe à la fin des années 1930. De même, l’enchaînement de visites s’arroge quelques raccourcis géographiques et temporels pour boucler le parcours en l’espace d’une journée.

Cela vaut aussi pour cette évocation maladroite de la Birmanie intégrée aux Indes et non comme une nation voisine. Certes, ces détails n’ont pas d’influences particulières sur le bon déroulement de l’enquête. Cependant, l’évidence de ces errances atténue la crédibilité du propos, ne serait-ce qu’à travers la rigueur familière de ce type d’intrigues. En dehors de ces considérations, on retrouve le dépaysement propre aux pays méditerranéens, ainsi qu’au Moyen-Orient. L’ensemble a beau ressasser d’habituelles images idéalisées, l’atmosphère fonctionne avec ce charme tout exotique qui sous-tend la connotation mystérieuse des ruines des civilisations passées.

Au final, Rendez-vous avec la mort est une adaptation globalement fidèle au roman d’Agatha Christie. On regrette néanmoins que la mise en scène et l’écriture se contentent de véhiculer des poncifs inhérents à la « recette phare » de la reine du crime. Sans pour autant se montrer linéaire, le schéma possède quelques atours prévisibles. Les investigations se tiennent, les personnages sont bien campés, mais on ne retrouve guère la singularité d’autres illustres enquêtes d’Hercule Poirot. On a davantage l’impression d’avoir affaire à une redite, une sorte de synthèse entre Mort sur le Nil, Dix petits nègres et Meurtre au soleil. Il en ressort un film policier sympathique, mais à l’envergure modérée au regard de l’aura de sa créatrice ou même de son casting.

Note : 13/20

Par Dante

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