avril 23, 2024

Between the Buried and Me – Automata I

Avis :

S’il y a bien un genre dans le métal qui se repose sur de la technique pure, c’est le progressif. Souvent trusté par des groupes qui aiment faire des titres à rallonge pour apposer une sorte d’hégémonie dans les solos de gratte, il existe aussi des formations qui tentent de nouvelles choses dans le Prog. Comme par exemple Between the Buried and Me. Fondé au début des années 2000, le groupe va trouver un line-up assez stable en 2005, alors qu’il en est déjà à son troisième album. Mélangeant plusieurs sous-genres à son Prog, le groupe va offrir quelque chose d’assez protéiforme qui fait souvent friser les purs et durs, ceux qui pensent que le Métal n’a rien à voir ave le Core et encore moins avec des arrangements électro. Mais force est de constater que la tambouille prend et Automata I en est un bel exemple.

En 2018, après sept albums studios solides, le groupe va proposer un double effort concept, qui se nomme Automata I et II. La première partie, qui nous préoccupe aujourd’hui, est sortie au mois de Mars, alors que la seconde sortira au mois de Juillet. Un choix qui n’a, semble-t-il, pas forcément d’incidence sur l’écoute, et ne propose pas véritablement de variante. Il ne s’agit pas de deux facettes d’un même objet, ni même d’une histoire en deux temps. En fait, le groupe a juste scindé en deux dix morceaux, pour faire deux albums qui se complètent, mais durent assez peu de temps, puisque le premier volume dépasse à peine les trente-cinq minutes d’écoute, alors que le deuxième flirte avec les trente-trois. Est-ce un moyen de rendre tout cela plus digeste ? Ou bien sommes-nous face à une volonté mercantile de vendre deux fois plus d’albums pour les fans ?

On ne peut répondre à ces deux questions légitimes, mais force est de constater que ce premier volume d’Automata calme vite et bien. Le groupe balance dès le départ Goodbye to the Gallows, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça envoie du lourd. Le départ assez doux laisse alors la place à des riffs puissants qui seront un peu adoucis par un clavier aérien qui prendra ses aises par la suite, à un tel point que l’on dirait du Muse. Sauf que la formation va pousser fort, avec un chant crié graveleux et un blast qui va donner un rythme infernal. On ressent alors les références Metalcore du groupe, qui alterne le chant crié et le chant clair, afin de donner différentes nuances à l’ensemble. Long de plus de six minutes, le morceau est une belle entrée en matière qui donne immédiatement envie d’écouter la suite.

Et House Organ sera dans un registre plus « classique », dans le sens où le titre ne dépasse pas les quatre minutes. La construction est néanmoins complexe, s’éloignant volontairement d’une structure couplet/refrain, afin de mieux gérer les variations et de s’amuser avec une mélodie redondante au clavier qui donne un bel élan à l’ensemble. Yellow Eyes viendra alors mettre son petit grain de sable là-dedans, avec ses huit minutes. Massif, le morceau ressemble à un gros mastodonte qui veut tout écraser sur son passage, avec de nombreuses nappes mélodiques qui s’accumulent. D’ailleurs, le break est déstructuré au possible, montrant les qualités techniques des musicos, si besoin l’en était. Tout cela dénote avec Millions, qui sera bien plus calme, voire même plus éteint. Si le titre est sympathique, il reste assez faiblard dans sa dynamique. Ce n’est pas le but ici, mais on sent une petite baisse de régime.

D’ailleurs, il faut noter que ce sera le seul morceau où il n’y a pas une seule once de chant crié, et la fin se termine avec une batterie jazzy qui peut surprendre. Gold Distance n’est pas vraiment un morceau en lui-même, mais il est juste une transition pour annoncer le dernier et gros titre de l’album, Blot. Long de plus de dix minutes, ayant des sonorités orientales dans son introduction, le morceau ne va jamais nous lâcher, de son ouverture à sa conclusion, où l’on ressent tout l’amour pour le métal progressif. Outre les gros riffs saturés, on aura droit à des sonorités arabisantes hachées qui seront une réelle marque du Prog comme on l’entend. Par la suite, le titre se découpe en plusieurs phases qui ne manquent pas de liant, montant crescendo pour mieux nous surprendre et nous donner envie de secouer la nuque dans tous les sens.

Au final, Automata I, le huitième album de Between the Buried and Me, et le premier d’un diptyque concept, est une très belle réussite. Les américains offrent une galette une peu courte, mais qui permet de mieux se concentrer sur les six (cinq si on enlève l’interlude) morceaux, et de mieux en ressentir la profondeur. En alliant le Metalcore avec des éléments typiquement Prog, la formation trouve une forte identité et démontre un talent monstre pour construire des titres fleuves impressionnants. Hâte d’écouter la suite !

  • Goodbye to the Gallows
  • House Organ
  • Yellow Eyes
  • Millions
  • Gold Distance
  • Blot

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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