décembre 27, 2025

Terrifier 2 – De l’Art ou du Cochon ?

De : Damien Leone

Avec Lauren LaVera, David Howard Thornton, Jenna Kanell, Catherine Corcoran

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.

Avis :

Il existe encore (et c’est tant mieux) des succès inattendus dans le monde du septième art. Alors que tout, ou presque, est régulé par des producteurs qui savent visiblement les goûts de tout un chacun, certains résistants prennent encore des risques, et tentent des choses qui s’avèrent payantes. Prenons le réalisateur Damien Leone, véritable électron libre du cinéma américain indépendant, passionné par son métier, mais aussi pour l’horreur. Il commence avec quelques courts-métrages, qui mettront déjà en scène Art le clown, puis il va prendre un risque à 35 000 dollars en 2016 en faisant son premier long-métrage, Terrifier, où il va être scénariste, monteur, réalisateur, maquilleur, il va aussi s’occuper des effets spéciaux et du design sonore. Le film gore est un succès modéré, rapportant tout de même 76 000 dollars de bénéfice. Mais surtout, il va faire le buzz avec son aspect gore décomplexé et choquant.

Dès lors, la machine va être lancée, et certains producteurs vont jeter quelques billets pour qu’un deuxième volet voit le jour. Plus ambitieux que jamais, Damien Leone fournit un film de deux heures et quart, où le gore va aller encore plus loin, provoquant un tollé aux States, avec des évanouissements et des vomissements dans les salles de cinéma. Le buzz devient alors viral, le succès au box-office est inespéré, et bien évidemment, cela va faire le tour de la planète. Terrifier 2 devient un film d’horreur extrême ultra rentable, coûtant alors 250 000 dollars pour récolter plus de 10 millions de recette. Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce succès et ce buzz ? Terrifier 2 est-il si dérangeant que cela ? Et surtout, mérite-t-il un tel engouement de la part d’un public visiblement avide de sensations fortes ?

« éclabousse sa mise en scène de façon gore et frontale »

Le film reprend à peu près là où on s’était arrêté le premier film. Art est mort, la cervelle transpercée, mais il revient à la vie pour une raison obscure, et il va directement buter le médecin légiste dans une séquence gore qui annonce la couleur. Le clown éclate la tête du type en gros plan, les dents volent, le visage se creuse, jusqu’à extirper la cervelle de la victime. D’entrée de jeu, Damien Leone ne nous épargne rien et éclabousse sa mise en scène de façon gore et frontale. Par la suite, le tueur se rend dans une laverie pour nettoyer son costume, et il fait la rencontre d’une petite fille clown aussi zinzin que lui, et que lui seul peut voir. Le générique débute, nous annonçant que le scénario du film va commencer. Et on va vite se rendre compte de la douille que l’on va prendre.

Comme pour le premier film, on va suivre quelques personnages dans leur vie quotidienne, et ici, une jeune femme qui se prépare pour Halloween, en mémoire de son père, décédé dans des circonstances troublantes. Elle vit avec sa mère et son petit frère, qui voue un culte à Art, voulant alors se déguiser en lui. Hormis cela, il n’y aura rien à se mettre sous la dent, sinon un fusil de Tchekov autour d’une épée qui doit venir compléter la tenue d’Halloween de la jeune femme. C’est bateau au possible, et pour noyer le poisson, le réalisateur va entrecouper ces scènes normales par des tueries de la part de Art, qui décide de buter tout ce qui lui passe par la main, sans jamais être inquiété par la police. Là aussi, il y a une grosse zone sombre, car on se demande comment la police ne mène pas une enquête.

« les effets gores sont incroyables, et c’est clairement dégueulasse »

Bref… d’autant plus que l’on sait éperdument comment cette histoire va se terminer. La nana que l’on suit dès le début sera la « final girl », elle va sauver son petit frère des griffes du méchant clown, qui va s’en donner à cœur joie dans tous les sévices possibles et imaginables. Et rien ne viendra faire sortir le film de ces rails si bien définis. Alors oui, certains diront que l’on ne regarde pas un film comme celui-ci pour le scénario, ni même pour l’histoire, mais uniquement pour les meurtres et les effets gores. Sauf que l’on peut espérer un petit fond pour élever l’histoire et les personnages. En l’occurrence, rendre la jeune femme plus attachante, rattacher son histoire à celle du clown, avec peut-être un lien ténu avec son défunt père. Mais là encore, rien de tout cela n’est fait.

Alors oui, d’accord, les effets gores sont incroyables, et c’est clairement dégueulasse. Damien Leone va au bout de son délire, et offre certaines scènes qui sont frappantes dans leur violence et leur gratuité. Par exemple, le meurtre de la copine de l’héroïne est difficilement soutenable, allant au bout des sévices, avec des gros plans bien sales. C’est bien fichu, et on peut comprendre les vives réactions dans le public, surtout pour certains non-initiés. Mais encore une fois, il est compliqué d’y voir autre chose qu’un film pour choquer. Un film fait par un sale gosse qui s’amuse comme un petit fou à pousser tous les potards au maximum afin de faire le buzz. Et dans une période très puritaine, forcément, cela fait les beaux jours des réseaux sociaux, enclenchant par la même occasion l’arrivée d’un nouveau monstre au panthéon horrifique, Art le clown.

Au final, Terrifier 2 apparait comme un film gore pour faire du gore et se faire remarquer, tout comme le premier film. Si le scénario essaye d’approfondir le folklore autour du personnage, il le fait de manière maladroite, et sans y apporter un sujet sociétal intéressant. Damien Leone fournit un film d’horreur gore à la bonne période, où le cinéma d’horreur n’est pas très généreux là-dessus, avec un antagoniste mutique marquant parfaitement tenu par David Howard Thornton. Mais encore une fois, aussi réussis soient les effets trashs, l’ensemble manque d’une écriture plus solide et de personnages secondaires plus empathiques, pour que l’on puisse pleinement rentrer dans le délire.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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