avril 26, 2024

Terrifier

De : Damien Leone

Avec David Howard Thornton, Catherine Corcoran, Jenna Kanell, Katie Maguire

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

La nuit d’Halloween, deux femmes croisent la route de Art the Clown, un tueur sadique.

Avis :

On a souvent tendance à dire que le cinéma d’horreur est un endroit plein de nanars, mais aussi plein de bonnes idées, avec des scénarios qui pointent du doigt des problèmes sociétaux à travers un prisme glauque. Pour autant, il arrive aussi que certains long-métrages sans scénario percent, devenant alors des phénomènes à travers diverses tendances. Prenons Terrifier, le deuxième film du jeune réalisateur Damien Leone. Sans aucune histoire, sinon celle d’un clown qui va dézinguer du gus dans un vieil immeuble dégueulasse, le film va pourtant faire parler de lui grâce à son gore ultra généreux et ses séquences bien crades. Mais plus récemment, le film refait surface car sa suite dépasse les deux heures et a provoqué un scandale dans les salles, jusqu’à des évanouissements, à cause de son côté extrême. Il n’en fallait pas plus pour attirer le chaland, amateur de trucs sales au cinéma.

Et il est vrai que le point très positif de ce film, c’est qu’il ne se refuse rien. D’entrée de jeu, on a droit à une femme défigurée qui va en tuer une autre qui se fout de sa gueule. Une entrée en matière glauque et vulgos, qui veut faire revenir Art le clown, celui à l’origine du faciès de cette pauvre femme devenue cinglée. Damien Leone met de suite les potards dans le rouge, exprimant une volonté de choquer et de faire du sale. Dès lors, le spectateur sait qu’il ne peut exiger un scénario très poussé, encore plus lorsqu’on sait que le film dépasse à peine l’heure et quart. Bref, les bases sont vite posées, et la présentation des deux premières victimes n’est là que pour créer une sorte d’empathie. C’est très léger, mais au fond, ce n’est pas ce qui est recherché.

« Le body count monte rapidement dans les tours et le rythme ne faiblit jamais, offrant un spectacle déviant comme on en fait rarement. »

Très vite, le film tombe dans le graveleux. La blonde se fait capturer alors que la brune se perd un peu dans les méandres d’un vieil immeuble car elle avait envie de faire pipi. Après une courte séquence de course-poursuite un peu naze, on arrive au premier effet très gore. Car oui, même si auparavant, deux meurtres furent commis, ils n’atteignent pas la quintessence du mauvais goût de cette mort. Car oui, Art ne fait pas vraiment dans le détail et décide de découper une nana en deux, en sciant à partir du pubis féminin. C’est aussi débile que trash, mais finalement, sommes-nous venus sur ce film pour autre chose. Et c’est là que se pose la question de l’intérêt du film. Dans les faits et sur le fond, c’est nul. IL n’y a rien à raconter, rien à dire.

Mais sur la forme, le réalisateur, malgré les petits moyens, tente de choquer, de percuter, et en ce sens, ça fonctionne. D’autant plus que c’est très généreux. Le body count monte rapidement dans les tours et le rythme ne faiblit jamais, offrant un spectacle déviant comme on en fait rarement. De plus, les mises à mort sont assez originales. Ou tout du moins, ce qu’en fait le meurtrier, poussant toujours plus loin les limites du raisonnable. On pense par exemple à cette pauvre femme qui va se faire scalper et découper la poitrine, pour que ce dernier se trimballe à poil avec les lambeaux de peau sur le corps, histoire de rendre l’ensemble encore plus malsain. Même les effets artisanaux sont plutôt bien fichus, refusant des CGI qui n’auraient pas été à la hauteur. Bref, c’est sale et plutôt bien fait.

« Le film ne serait pas le même sans la prestation vulgaire de David Howard Thornton qui joue Art le clown. »

Mais Terrifier a un autre atout dans la manche, celui de ne pas succomber au cliché de la final girl. Sans trop en spoiler, le film s’enclenche sur deux meilleures amies, dont l’une plus dévergondée que l’autre, et on a tendance à rapidement croire que l’héroïne sera la brune et que la blonde sera la première victime. C’est presque vrai, mais en son milieu, le clown ne va pas faire dans la dentelle, et il va gentiment s’en sortir, passant alors d’une victime à une autre. Damien Leone sait qu’il doit multiplier les crimes pour assurer une certaine survie à son film, et donc il élimine ce que l’on aurait pu croire être l’héroïne. Même si c’est fait avec de gros sabots, ça reste assez intéressant dans la démarche. Du moins suffisant pour se démarquer de la masse.

Il faut aussi dire que le film ne serait pas le même sans la prestation vulgaire de David Howard Thornton qui joue Art le clown. L’acteur en fait des caisses et assimile toutes les mimiques du genre pour rendre son personnage inquiétant. Mutique, souriant avec des dents dégueulasses, increvable et jouant avec les cadavres, il est vraiment effrayant, en plus d’être sans limite. Et comment ne pas pouffer face à certaines situations, comme lorsqu’il fait du petit vélo, ou alors lorsqu’il essaye d’attraper sa dernière victime en jouant avec un klaxon portable. En fait, en plus d’être omniscient, il est vraiment déviant, sans code moral, et c’est peut-être ça qui fait que l’on accroche à ce film pourtant débile. Car en ce qui concerne les victimes, on est dans la chair à canon sans aucune épaisseur, si ce n’est une relation fraternelle au départ.

Au final, Terrifier est un film complètement con, vide et sans aucun intérêt. Alors pourquoi marche-t-il tout de même ? C’est bien simple, cela concerne son aspect outrancier et politiquement incorrect, qui manque cruellement dans le cinéma d’horreur mainstream. Retrouvant une seconde vie avec un second opus encore plus gras, ce premier film montre un savoir-faire étonnant de la part de Damien Leone dans la réalisation pour trois sous, et une envie de percuter un public bien trop sage. Bref, un film de sale gosse, débile, mais généreux, où l’aspect punk suinte par tous les pores. On aurait pu avoir mieux, mais en l’état, c’est rythmé, dégueulasse et sans limite, et parfois, ça fait du bien.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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