juillet 27, 2024

BDE

De : Michaël Youn

Avec Michaël Youn, Vincent Desagnat, Héléna Noguerra, Lucien Jean-Baptiste

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Bob, Max, Vinz et Romane, quatre potes, se sont rencontrés en école de commerce en 2001. À l’époque, ils dirigeaient le Bureau Des Étudiants (le BDE) et rêvaient de changer le monde. Mais, 20 ans plus tard, ils n’ont rien changé du tout et la vie les a même un peu séparés… Heureusement, quoiqu’il arrive, ils se retrouvent tous les ans pour un week-end régressif de fête, le week-end « BDE ». Cette année, direction le ski à Val Thorens dans le magnifique chalet que Bob a piqué à son beau-père sans lui dire. Mais, ironie du sort, en station, ils tombent sur les 150 étudiants enragés de leur ancienne école en plein Spring break. Entre duel de générations et fontaine de jouvence, anciens et nouveaux étudiants, vont partir dans une nuit de folie apocalyptique et mettre la station à feu et à sang.

Avis :

Le monde du cinéma est peuplé de personnalités qui ont beaucoup d’intelligence, mais qui ne l’utilise pas vraiment à travers leurs réalisations. Et dans ce cas-là, on peut aisément citer Michaël Youn. Alors qu’il se destine à des études supérieures de commerce, il plaque tout et décide de travailler à la radio, rédigeant des fiches pour des comiques comme Eric & Ramzy, avant de commencer à animer des matinales. Le succès arrivant, le futur comédien cinéaste va se faire connaître du grand public via le Morning Live, une émission télé déjantée où il va faire toutes les bêtises possibles avec deux de ses meilleurs amis. Au début des années 2000, il va commencer par tourner dans des films, comme La Beuze ou encore les 11 Commandements, plagiat à peine balbutié de Jackass. Mais le plus étonnant dans cette carrière, c’est de voir le tournant dramatique que vont prendre ses rôles.

En effet, alors cantonné aux rôles de débiles rigolos, il va tourner Héros, un drame noir dans lequel il va jouer un type drôle malgré lui qui pète un plomb et kidnappe une personne. On va pouvoir y voir un comédien investi et plus profond qu’il n’en a l’air. Depuis, Michaël Youn alterne entre des rôles de composition et des comédies bien débiles dans lesquelles il peut se lâcher. Mais l’acteur est aussi réalisateur à ses heures perdues, baignant alors dans la comédie crasse et bête. Outre Fatal et Vive la France, c’est à lui que l’on doit Divorce Club et plus récemment BDE, qui est sorti directement sur Amazon Prime Video. Comédie crétine qui fait écho (encore) à Jackass et à des teens movies américains crapuleux (Projet X), on ne peut pas dire que l’on soit enchanté par ce long-métrage qui est d’un mauvais goût rare.

« BDE se veut jouasse et irrévérencieux, mais il est juste pénible à regarder et à suivre. »

Le scénario est bête. On va suivre quatre adultes, amis de longue date, qui furent les principaux membres du bureau des étudiants d’une école de commerce. Bob (Michaël Youn) est devenu agent immobilier de luxe pour son beau-père, et il compte bien profiter d’un chalet à Val Thorens pour faire un weekend avec ses amis, en souvenir du bon vieux temps. Mais manque de bol, le groupe se retrouve au milieu d’un springbreak d’étudiants de la même école de commerce, et entre grosse fête, drogue, sexe et rivalités autour de l’âge, les choses ne vont pas forcément bien tourner. Bref, en un mot comme en cent, Michaël Youn veut faire une comédie déjantée, excessive et bordélique, en rendant hommage à sa jeunesse révolue et son incapacité de grandir afin de faire des choses intelligentes. Après, il le dit lui-même en interview, il fait d’abord des films pour se faire plaisir.

Et on le voit très clairement à l’écran, puisque tout, ou presque, est une ode à ses âneries qu’il faisait sur M6 avec ses camarades de débauche. On va retrouver des concours débiles, comme le coup de la boule de bowling géante, des blagues vaseuses et souvent en dessous de la ceinture, et des références au septième art qui n’ont pas forcément de rapport avec le film. Ainsi BDE se veut jouasse et irrévérencieux, mais il est juste pénible à regarder et à suivre. Si l’on peut y déceler, dans l’écriture, un refus de grandir et vieillir, force est de constater que cet axe ne prend jamais, nous disant en sous-texte qu’il ne faut pas s’en faire, quitte à aller en prison, pour faire les pires débilités possibles. Ce n’est pas forcément malin et il y a un drôle de message sur la consommation de drogues.

« Un casting qui pue l’opportunisme. »

Car oui, c’est à partie à cause de la drogue que les choses tournent mal à Val Thorens, mais cela n’a pas l’air d’avoir de graves conséquences. Certes, la station va prendre cher, certes, il va y avoir de grosses rivalités avec des gitans belliqueux, mais finalement, comme c’est drôle, ça excuse un peu tout. Ce constat est assez alarmant, car il n’excuse pas le fait de faire une comédie débile où il faut laisser son cerveau de côté. Chaque film, chaque histoire a une responsabilité envers son public. Et ici, boire à outrance et se droguer, c’est marrant… Sans oublier aussi les blagues sous la ceinture, à base de plans à trois, de gros sexe, ou encore les moqueries envers certaines communautés, dont les gitans et les gens du cirque, vus comme des crétins analphabètes violents.

Bref, ça fait beaucoup de mauvais points pour un film qui se veut drôle, mais qui n’arrive pas à sortir d’un carcan moqueur et rabaissant. A cela, il faut rajouter un casting qui pue l’opportunisme. Michaël Youn le sait, son film risque d’attirer un public assez jeune, et il faut donc des acteurs dans l’air du temps. De ce fait, on retrouvera quelques youtubeurs, à l’image de Ludovik, Lola Dubini ou encore Jimmy Labeeu, et quelques acteurs qui plaisent à la jeune génération comme Rayane Bensetti (qui joue comme une patate), Cartman ou Manon Azem. On ne peut pas dire que tout ce petit monde joue bien, au contraire, on est constamment dans un surjeu mal géré. Et bien évidemment, on retrouvera les « amis » du réalisateur, à l’instar de Vincent Desagnat, Lucien Jean-Baptiste, Héléna Noguerra, Michèle Laroque ou encore Tomer Sisley. Que de l’opportunisme.

« La seule femme est laissée sur le côté, n’ayant pas vraiment d’axe intéressant. »

Alors, dans tout ce bourbier pas drôle, on peut retrouver quelques fulgurances, mais qui ne durent jamais bien longtemps. On peut évoquer toutes les références au cinéma que l’on trouve dans le long-métrage, comme Jurassic Park avec le verre d’eau qui vibre, Ca, avec le maquillage d’un des personnages, ou encore Terminator. Mais là aussi, il y a des lacunes, car elles ne servent à rien, et parfois, il faut même les expliquer pour les comprendre. On peut aussi tenter de voir l’évolution de chacun des quatre « vieux ». On a celui qui apprend à dire non, celui qui va devoir assumer ce qu’il a vraiment envie d’être et celui qui a une belle situation professionnelle, mais une vie privée assez triste. Bref, des clichés sur pattes, où la seule femme est laissée sur le côté, n’ayant pas vraiment d’axe intéressant.

Au final, BDE est un très mauvais film qui renoue avec tous les travers de Michaël Youn. A force de vouloir le sale gosse et d’accumuler les blagues de mauvais goût, l’acteur/réalisateur français ne fait que singer ses pairs américains, évoquant trop souvent Jackass, mais sans le génie comique. Sorte de film souvenir où le cinéaste évoque une jeunesse révolue qu’il a perdu depuis longtemps, on ne peut qu’y voir un refus de prendre de la maturité pour fournir des comédies en dehors d’un carcan potache et plus intelligent. C’est dommage, mais Michaël Youn devrait se focaliser sur ses rôles dramatiques, dans lesquels il est bien meilleur.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.