avril 19, 2024

Kursk – Kursk

Avis :

Il n’est jamais évident de se trouver un nom de scène qui claque et qui arrive à avoir un certain sens à la musique que vous pratiquez. Il faut trouver quelque chose qui reste en mémoire, d’assez original pour ne pas être pris pour d’autres groupes, et qui fait écho au sens de vos chansons. Originaire d’Angleterre, et plus précisément du Suffolk, Kursk essaye de se démarquer de la concurrence en arborant le nom du fameux sous-marin russe qui a sombré avec son équipage en 2000. Cela signifie donc que les types font du métal à tendance Heavy, et que leurs paroles auront certainement pour thème la guerre. Sauf que… pas vraiment. Le groupe anglais, dont cet album éponyme est le premier effort, varie les explorations et vont parler aussi bien de ce fameux sous-marin que de thèmes plus fantaisistes. Est-ce un mal ?

Signant chez le label WormHoleDeath, les quatre jeunes musiciens proposent un premier album qui est très classique et qui ne prend jamais de risque. Ce n’est pas forcément un désavantage, car cela permet de mettre en place leur style, et d’essayer de tâtonner pour trouver leur propre identité. Cependant, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de massif ou de surprenant. Ici, avec ce premier skeud, on suit des routes bien balisées, et jamais ils ne sortiront de la piste pour proposer quelque chose de neuf. Le premier titre, K-141, est là pour en attester. Après une introduction assez longue à la guitare, on aura droit au chant et à une structure bien identifiable. C’est loin d’être mauvais, mais on sent déjà les premières scories, notamment un chant qui n’est pas toujours juste et qui manque d’énergie. Les back-ups ne sont pas là pour aider non plus.

Pour autant, d’un point de vue technique, ce n’est pas si mal que ça, même si on sent que les ruptures de ton manquent de liant et que parfois, certains passages n’ont pas l’énergie qu’ils devraient avoir. Claw of the Hammer en est un exemple flagrant, avec son introduction poussive qui laisse la place à un riff agréable, mais qui n’a pas la lourdeur qu’il aurait pu avoir. Encore une fois, le chant est le gros point faible du groupe, avec une voix sans tessiture et qui manque de chaleur. Heureusement, King of Storms va venir nous montrer qu’au niveau du chant, le groupe peut faire mieux, notamment sur des passages plus rapides, voire avec quelques sillons rappés. Mais c’est surtout sur les grattes que le groupe brille le plus, avec un démarrage autour d’un solo qui donne bien évidemment envie d’en savoir un peu plus.

Onehouse Onechurch se veut plus percutant dans ses riffs, mais là encore, l’ensemble manque de cohérence et de liant entre différents riffs. De plus, le chant manque toujours d’enrobage, et on sent que l’on fait face à un groupe tout jeune, qui se cherche et n’a pas forcément les moyens de faire mieux. Priest Burn Priest en est un autre exemple. Si la formation s’inspire de groupes comme Judas Priest, ici, ça donne de lourdeur et d’une production un peu plus éclatante. On s’ennuie assez rapidement, et on entend bien tous les défauts de fabrication du produit, de la voix hésitante aux quelques élans ratés de guitare. Le tout résonne aussi comme trop sage. Malleus Maleficarum aurait pu avoir des envolées un peu Black, mais on reste dans un Heavy stéréotypé et qui manque cruellement d’identité. Et puis cette voix gâche clairement tout plaisir.

En plus de cela, on sent qu’il y a un petit problème dans les constructions des chansons et dans leur enregistrement, puisqu’à chaque fois qu’il y a un couplet, la musique s’arrête presque pour laisser la place au chant, qui semble incapable de couvrir les instruments. Seul Reaper of the Night nous fait mentir sur cet adage. Pour la suite de l’album, on reste encore et toujours sur la même sauce, avec de bons côtés, comme la technique des musiciens, mais aussi de mauvais, avec un chant qui manque d’épaisseur et une production qui est un peu aux fraises. Il suffit d’écouter les deux parties de Canticum Montis pour s’en rendre compte. Le groupe a de l’ambition, mais il n’a pas encore les moyens de rêver plus grand et plus fort.

Au final, Kursk, le premier album de… Kursk, peut se voir comme un coup d’épée dans l’eau, mais aussi comme une lueur d’espoir pour le groupe, qui ne peut que grandir. Si la voix du chanteur est assez désagréable et que la production peine à convaincre, d’un point de vue technique, ce n’est pas si mal que ça et avec des efforts supplémentaires, le groupe peut gagner à être connu. Encore faut-il sortir un deuxième album, où l’on verra si, oui ou non, Kursk gagne des galons et mérite d’être plus connu.

  • K-141
  • Claw of the Hammer
  • King of Storms
  • Onehouse Onechurch
  • Priest Burn Priest
  • Malleus Maleficarum
  • Reaper of the Night
  • Mountains of Pharaoh (Canticum Montis Part 1)
  • Son of the Mountain (Canticum Montis Part 2)
  • Queen of the Kursk

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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