Minuit 2 – Stephen King

Auteur : Stephen King

Editeur : Le Livre de Poche

Genre : Horreur, Thriller

Résumé :

Vous-êtes-vous déjà demandé ce qui se passe après-minuit? Tout bascule. Le temps se courbe, s’étire, se replie ou se brise en emportant parfois un morceau de réel. Et qu’arrive-t-il à celui qui regarde, les yeux écarquillés, la vitre entre réel et irréel juste avant qu’elle explose et que des aiguilles de verre se mettent à voler en tous sens ? Les cauchemars de Stephen King vous empêcheront longtemps de dormir après minuit.
Minuit 1: L’heure où un avion peut atterrir dans le néant, le monde des Langoliers.
Minuit 2 : L’heure où un écrivain peut rencontrer le pire, dans un jardin très secret d’où l’on ne revient pas.

Avis :

On ne le dit jamais assez, mais Stephen King n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’attaque à des nouvelles et des histoires courtes. Même si certains de ses romans fleuves sont extraordinaires, comme Ça, quasiment tous ses recueils sont de petites merveilles avec des perles qui ont été adaptées en série, au cinéma ou en téléfilm. Ecrit en 1990, Minuit 2 constitue la première partie d’un diptyque (avec Minuit 4) où chaque tome est composé de deux nouvelles assez longues, c’est-à-dire qui font environ dans les trois cents pages. Dans ce premier tome, on retrouve donc Les Langoliers, qui fut adapté en téléfilm en 1995 par Tom Holland, et Vue Imprenable sur Jardin Secret, qui est sorti au cinéma sous la houlette de David Koepp, avec Johnny Depp dans le rôle principal (Fenêtre Secrète). Deux histoires courtes (ou longues, c’est selon) qui sont relativement réussies.

Pour Les Langoliers, on va suivre un pilote d’avion qui atterrit à Los Angeles, et doit partir à Boston car on lui apprend la mort de sa femme. Il s’endort lors du vol et à son réveil, il se rend compte qu’ils ne sont plus qu’une dizaine à bord, les autres passagers ayant mystérieusement disparus, laissant derrière eux tout ce qui est en métal, même les prothèses. Notre héros prend les rênes de l’avion, et il atterrit à Bangor, mais un bruit étrange ne fait que grandir, et une jeune fille aveugle présent un grand danger. Bien évidemment, chaque personnage va vivre différemment cette étrange aventure, et quand le danger devient bien palpable, les crises s’accentuent et la lutte pour survivre va prendre une toute autre envergure. Bref, King explore la fin du monde à travers divers personnages que l’on connait presque par cœur.

Quand on est un habitué de l’écrivain, on va retrouver des traits de caractère que l’on connait bien. On aura droit au héros malgré lui, à l’homme mystérieux qui possède quelques qualités qui servent bien, au méchant qui pète un câble à cause d’un trauma de jeunesse, à la petite fille énigmatique qui a un don, etc… Avec cette première nouvelle, on reste sur quelque chose de confortable et de connu, mais King y rajoute tout de même un élément incongru, une sorte de menace de fin du monde qui va prendre une forme inattendue sur son dernier tiers. Les éléments horrifiques sont bien présents, alternant son histoire entre thriller solide via le psychopathe qui pète son boulard, et science-fiction originale avec voyage temporel, fin du monde et bestioles voraces. Bref, la nouvelle est une réussite sur bien des points.

La deuxième nouvelle synthétise un peu tous les thèmes chers à l’écrivain. Vue Imprenable sur Jardin Secret aborde de façon frontale le mythe de l’écrivain qui fait face à un insuccès et qui se retrouve accusé de plagiat sur une œuvre précédente qui a eu un mérite retentissant. On y suit donc un auteur fraîchement divorcé qui est à la recherche d’une nouvelle idée pour un livre, et qui se voit accusé de plagiat par un type qui vient le menacer directement dans sa maison secondaire. Les choses tournent rapidement mal lorsque l’accusateur tue le chat de l’auteur et le menace clairement s’il ne lui apporte pas la preuve d’avoir écrit l’histoire avant lui-même. Ici, on est sur un thriller horrifique pur jus qui met en avant toutes les thématiques de l’auteur, hormis les traumatismes liés à une jeunesse troublante.

Le plus intéressant sur cette nouvelle, c’est qu’on ne sait jamais si cet alter égo existe vraiment, ou si ce n’est que le fruit de l’imagination d’un auteur qui commence à légèrement péter un plomb. Le talent de l’écrivain n’est plus à démontrer et il garde ce suspens jusqu’à la fin, cela malgré des éléments qui donnent de nombreuses pistes, à l’instar de cette baie vitrée qui montre une grosse fêlure, miroir déformant d’une réalité qui semble prendre une nouvelle apparence. Si on retrouve les thèmes de l’écrivain en manque d’inspiration, de la double personnalité d’un auteur lorsqu’il doit écrire une histoire, ou encore des traumatismes liés à la trahison d’un amour, on reste sur du Stephen King haut de gamme qui n’ennuie jamais. Et cela est dû à des personnages crédibles et bien écrit, tout comme un cadre environnant palpable.

Au final, Minuit 2 est un très bon recueil, même s’il ne comporte que deux nouvelles, et que celles-ci pourraient tout à fait prétendre à être des romans à part entière. Ce n’est pas un hasard si elles ont été adaptées pour le petit et le grand écran, et elles présentent toutes les deux les caractéristiques majeures de Stephen King, tout en utilisant une écriture maline et addictive. Bref, un excellent cru pour le maître de l’horreur, et qui donne une furieuse envie de lire la suite, Minuit 4, là aussi avec deux nouvelles.

Note : 16/20

Par AqME