Auteur : Laetitia Reynders
Editeur : Gil Editions
Genre : Fantastique
Résumé :
Connaissez vous la légende de château de Gombervaux?
Édifié par le Diable en 1338, le manoir est construit sur une butte surplombant les environs. Contre toute attente, le seigneur des lieux refuse ensuite d’en payer le prix au Malin. Pour se venger, celui-ci fait disparaître le tertre… au fond d’un léger vallon.
Mais saviez-vous que ce récit, ne s’arrête pas là ?
Il semblerait qu’un enchanteur aurait emprisonné le démon derrière la glace d’un miroir…
À Vaucouleurs, en 2012.
Au décès de sa grand-mère, Louise hérite d’un étrange présent …
Quelques jours plus tard, elle fait la connaissance d’un mystérieux jeune homme qui semble toujours être là au bon moment.
Petit à petit, la jeune femme découvre que la légende qui entoure le miroir est bien réelle.
Pièce maîtresse du grand échiquier de Dieu, elle est amenée à choisir entre le Bien et le Mal.
Mais l’ange de lumière est-il celui qu’elle croit ?
Partagée entre Amour et Raison, suivra-t-elle la bonne voie ?
Avis :
La gardienne du miroir est une trilogie de la littérature bit-lit. Ces livres mettent en scène des vampires, des loup-garous, ou d’autres créatures surnaturelles issus d’univers d’heroic-fantasy, dans un monde contemporain, le nôtre, à la Twilight de Stephenie Meyer. Ils peuvent également intégrer à notre quotidien des anges, des démons, comme dans la série de Sophie Jomain, Felicity Atcock. Le thème principal reste tout de même la romance même si ces romans sont plein d’aventures et qu’ils parlent d’amour en général, descendant au niveau de l’amitié, et appuyant sur le lien fort de la famille.
Dans notre cas ici, nous sommes plutôt en présence de personnages bibliques tels que les démons, le Diable, le fameux Satan, sa compagne Lilith et leur fils Samaël, ou les Archanges, les chevaliers du bien, comme Michaël, les Anges comme Raphaël et même Dieu.
Le livre regorge de citations de textes religieux et/ou bibliques qui entrent totalement dans le thème des dialogues et des personnages. L’auteure indique à chaque fois les références pour les plus théologiens d’entre nous. On en apprend ainsi beaucoup sur les croyances liées aux Enfers et au Paradis, ainsi que sur celles sur le Jugement Dernier ou la Géhenne.
Cette trilogie, loin d’être une apologie de la religion chrétienne, est adaptée à tout public, croyant ou non. Certains y apprendront beaucoup de choses, quand d’autres seront en terrain connu. Une certaine ouverture d’esprit est tout de même requise, l’auteure n’hésitant pas parfois à nous insuffler des messages ou à laisser des commentaires ici et là sur sa façon de voir les choses. Ces références en grand nombre peuvent agacer certains mais montrent l’étendue des recherches de l’auteure et son envie de coller au plus proche des récits religieux. Loin d’être fantasques, ses personnages répondent ainsi à certaines règles bien établies qui peuvent énerver, comme elles énervent d’ailleurs Louise, une humaine, personnage principal de la trilogie.
L’écriture est particulière et peut déplaire à un public habitué à un style plus fourni. Le principal de l’action et de l’intrigue se fait par l’intermédiaire de dialogues. Ceux-ci sont extrêmement nombreux et il n’est pas toujours indiqué qui parle, ce qui nous perd de temps à autre, nous obligeant à relire certains passages pour bien comprendre ce qui se passe. Les descriptions des personnages et des lieux sont plutôt rares ou succinctes. La couverture aide à s’imaginer Louise, une jeune femme brune qui voit sa vie basculer après l’acquisition d’un miroir, don de sa grand-mère récemment décédée. Des lecteurs habitués d’heroic-fantasy, de fantastique ou même de bit-lit ne retrouveront pas forcément leur plaisir dans l’écriture mais l’histoire fera le reste.
Celle-ci est en effet complexe et entourée d’énormément de mystères. On en apprend peu tout au fil du récit, subissant les actions les unes après les autres. On veut vite en savoir plus, dévorant les chapitres avec rapidité, tant les dialogues se lisent vite. Les personnages de Michaël, l’Archange, et de Samaël, le démon sont intéressants et tout à la fois contradictoires et complémentaires. On se plaît à lire les conversations pleines de sarcasme du fils de Satan et les jugements et critiques de l’Archange sur la vie dissolue de Louise qui, comme beaucoup de jeunes, aime boire et s’amuser. Louise est souvent accompagnée de ses deux meilleures amies et associées, Sacha et Chloé, qui sont rafraichissantes, pleines de tonus et qui nous font plonger dans un univers simple, comme le nôtre et tranchant nettement avec les mondes nuageux ou volcaniques des deux prétendants.
Comme on peut s’y attendre pour du bit-lit, la jeune femme va s’éprendre des deux ‘hommes’, préférant tout de même l’aura bienveillant de Michaël, du moins au début du livre. Le milieu du roman est en effet marqué par un séjour de Louise chez Samaël qui s’avèrera particulièrement violent. Contrastant avec le reste du livre, ce passage est sombre et perturbant. Il fera basculer la raison de la jeune femme et amènera des complications dans sa vie, la faisant douter d’elle-même et de ses choix, lui rendant impossible le choix entre le bien et le mal, entre le gentil et le mauvais garçon. L’histoire et les différentes intrigues sont vraiment originales et constituent la force de cette trilogie.
Le sujet de la romance est abordé plutôt rapidement et les scènes sensuelles et passionnées ne sont pas spécialement prenantes ni captivantes. Plus de descriptions, détails et moins de dialogues auraient été préférables pour vivre pleinement ces moments, malgré la magie déjà présente.
On s’attache rapidement au personnage de Louise qui nous dévoile la moindre de ses pensées, le livre étant raconté à la première personne. Son caractère est crédible, passionnant et fort. On se plaît vite à la suivre dans ses aventures, même si la jeune femme ne fait pas toujours les bons choix. On se pose les mêmes questions qu’elle et, comme elle, on a envie de savoir ce que toute cette histoire signifie.
De par son écriture, le livre se lit vite, les aventures s’enchaînent et on est vite happés par l’histoire. On se fait finalement au style de l’auteure et on finit par en redemander.
Adapté pour un large public, ce roman permet de passer de bons moments, tout en nous apprenant des choses que ce soit du côté de l’aromathérapie, le domaine du métier de Louise, ou de la religion. L’amour, bien qu’étant le thème majeur dans ce genre d’histoire, est abordé d’une manière intelligente et pleine de légèreté. Laissé même parfois en arrière-plan par les plans machiavéliques des démons, les sursauts divins et les réflexions de Louise, l’amour se voit rapidement dépassé par des idées plus poussées sur le bien et le mal.
Note : 14/20
Par Lildrille