
Avis :
Ce qu’il y a de très intéressant dans le domaine du métal, c’est qu’il y en a pour tout le monde. Ceux qui aiment les choses tortueuses, longues et parfois planantes, iront se jeter sur des groupes de Prog avec peu de morceaux mais à la longueur parfois délirante, alors que les amateurs de musique brute seront tentés d’aller vers du Thrash qui ne fait pas dans la dentelle. Et en règle générale, ceux-ci vont sur du Municipal Waste. Fondé en 2001, les américains ont toujours proposé des albums courts, blindés de titres, mais dont la longueur globale ne dépasse jamais la demi-heure. Alignant un line-up stable depuis 2016, Municipal Waste semble avoir pris un petit rythme de croisière en faisant un nouvel album tous les cinq ans. Electrified Brain est le dernier né du groupe, et ce septième opus ne déroge pas à la règle.
Quatorze titres, un petit peu plus d’une demi-heure d’écoute, le morceau le plus long dure à peine trois minutes, on reste dans le carcan de ce que propose le groupe depuis plus de vingt ans maintenant. Et cela peut être un avantage comme un inconvénient, en fonction de ce que l’on cherche. En effet, si les américains visent l’efficacité et l’envie de faire bouger les nuques (et ils y parviennent parfaitement), on peut aussi reprocher à la formation d’aligner les titres sans jamais se poser, empêchant en quelque sorte de bien rentrer dans l’ambiance et de rester en tête un long moment. Et cela commence dès le premier titre, Electrified Brain, qui s’amuse d’une courte intro pour ensuite nous asséner un Thrash velu et rapide. C’est diablement efficace, ça donne une patate d’enfer, mais ça reste très classique et ça ne reste pas très longtemps en tête.
L’un des reproches que l’on peut faire au groupe, notamment sur cet album, c’est que l’accumulation de titres montre une certaine générosité, mais il n’y en a que très peu qui restent en mémoire, avec notamment un refrain entêtant et catchy. Demoralizer fonctionne à merveille, mais parce qu’il s’échappe un peu de la vélocité du groupe pour fournir quelque chose de moins brouillon et de plus mélodique. Dès l’entame, on est obligé de bouger la tête en rythme. Et que dire du chant, qui pousse à se mettre des coups d’épaule (en même temps, venant d’un ancien chanteur de Hatebreed en live…). Bref, il s’agit-là de l’un des meilleurs morceaux de l’album. Last Crawl est aussi un titre percutant et très intéressant dans sa démarche qui lorgne tout de même vers le Hardcore. Mais va-t-on s’en plaindre ? Certainement pas, car ça fonctionne à plein régime.

Par la suite, on atteint un petit ventre mou, avec des titres qui sont bien et sympathiques, qui doivent en plus de ça cartonner sur scène, mais qui manque d’une identité propre. Grave Dive, The Bite ou encore High Speed Steel sont des morceaux qui marchent, qui poussent vraiment à faire de gros mosh-pit, mais ils leur manquent un petit truc en plus pour rester un long moment en tête. Même Thermonuclear Protection, pourtant morceau le plus long de l’album (3 minutes et deux secondes) ne tire pas bénéfice de sa « longueur » pour peaufiner son ambiance. On a un titre brut et puissant, mais il lui manque ce petit refrain qui reste bien en tête et qui fait que l’on chante à tue-tête. Et le plus étonnant dans tout ça, c’est que Blood Vessel/Boat Jail, titre le plus court, marque par sa technique à la gratte.
En abordant Crank the Heat, on retrouve le Municipal Waste des grands jours, avec un refrain qui reste en tête immédiatement, et surtout, un chant presque rappé pour donner plus de percussion à l’ensemble. Une belle réussite au sein d’un album sympathique, mais qui manque de morceaux de cet acabit. Car par la suite, on replonge dans les travers du groupe, qui envoie la sauce, mais avec des titres qui manquent de personnalité et pour lesquels on ne va pas retenir grand-chose. Restless and Wicked, Ten Cent Beer Night ou encore Barreled Rage sont efficaces mais ne restent jamais en tête. On s’amusera plus sur Putting on Errors et sa faible durée (1 minute et trente secondes) qui balance une puissance comme rarement. Enfin, Paranormal Janitor termine l’album comme son ouverture, c’est-à-dire avec efficacité mais avec un léger manque de passages marquants.
Au final, Electrified Brain, le dernier album en date de Municipal Waste, est un très bon disque de Thrash avec quelques éléments de Hardcore. Mais le choix du groupe de faire beaucoup de morceaux courts, sans s’accorder de pause avec des interludes ou des titres plus longs et travaillés, empêche clairement de s’éterniser sur quelques pièces qui auraient pu valoir le détour. En l’état, on prend un parpaing en pleine tronche avec plaisir, mais il manque un petit quelque chose à l’album pour réellement nous empoigner.
- Electrified Brain
- Demoralizer
- The Last Crawl
- Grave Dive
- The Bite
- High Speed Steel
- Thermonuclear Protection
- Blood Vessel/Boat Jail
- Crank the Heat
- Restless and Wicked
- Ten Cent Beer Night
- Barreled Rage
- Putting on Errors
- Paranormal Janitor
Note : 15/20
Par AqME
