
Avis :
Certains groupes semblent éternels, et malgré cela, ils restent connus par un public de niche. Il suffit de regarder du côté de Grave Digger pour s’en rendre compte. 45 ans au compteur, 22 albums studio et toujours une envie folle de produire du Heavy à l’ancienne. Et pourtant, si l’on demande à n’importe quel quidam s’il connait Grave Digger, la réponse sera négative. Il faut être biberonné au Heavy et au métal pour connaître les teutons qui ont toujours vécu dans l’ombre d’autres groupes plus grandiloquents comme Iron Maiden par exemple. Cela n’empêche pas son frontman, Chris Boltendhal, d’être un fou furieux de travail, et de fournir un album tous les deux/trois ans pour assouvir son besoin de création. Et d’après ses dires, Bone Collector n’est plus un album concept, comme les précédents, mais quelque chose qui renoue avec l’aspect old school du Heavy. Véridique ?
Exit donc les morceaux trop longs, peut-être trop complexes et moins rentre-dedans, le chanteur annonce la couleur en interview, il veut revenir aux fondamentaux et donc à des choses plus directes et concises. Mieux, il dit s’être vraiment concentré sur les riffs avec son guitariste, mais aussi sur les paroles, avec des refrains qui se veulent entêtants, et donnant une forte envie de chanter avec le groupe. Mais est-ce que tout cela est vrai ? En l’état, on ne peut pas renier cette envie de revenir à quelque chose de plus brut et de plus percutant. Dans son ensemble, l’album est assez compact, et aucun titre ne dépasse les cinq minutes, si ce n’est le dernier titre, qui va au-delà des six minutes. On retrouve donc une certaine énergie, une bonne envie d’en découdre, mais on peut reprocher au groupe de rester aussi dans sa zone de confort.
Cependant, on ne peut renier une certaine efficacité, et cela dès le premier titre. Bone Collector est terriblement efficace dans sa rythmique, ainsi que dans son refrain, qui rentre rapidement en tête, pour ne jamais en ressortir. On a aussi droit à un joli petit solo, et le tout donne un morceau réussi, même si on reste sur quelque chose de très attendu. The Rich, the Poor, the Dying sera une autre salade, avec une rythmique ultra rapide et une envie de lorgner vers le Speed. Le résultat est assez satisfaisant, et le titre démontre que l’on peut avoir plus de soixante piges et faire déboîter des nuques bien plus jeunes. On restera un peu plus circonspect avec Kingdom of Skulls. Le morceau est certes plaisant, comme tous les titres de l’album, mais il ne se démarque pas forcément du reste, et demeure assez transparent.

Ce qui ne sera pas le cas avec The Devil’s Serenade. Ici, le groupe change un peu son fusil d’épaule, et délivre un morceau moins virulent dans les riffs, et dans la lourdeur, mais qui possède toujours ce refrain qui reste en tête. Pour autant, malgré son côté « lisse », le titre se fait réjouissant dans ses paroles et dans son aspect presque ludique. Il n’est pas étonnant, d’ailleurs, que ce soit ce titre qui fut mis en image pour vendre le retour du groupe. Par la suite, Killing is my Pleasure revient à quelque chose de plus simple, de plus brut, s’accaparant tous les codes d’un Heavy old school classique et plaisant. Par contre, Mirror of Hate sera bien plus surprenant. Le riff de départ est lourd, la rythmique est plus lente, et on sent une ambiance plus pesante.
Riders of Doom va être du même tonneau, se posant comme un titre lourd, puissant, avec un sentiment d’atmosphère bien pesante. Malgré son envie de revenir à des bases plus simples, Grave Digger essaye de varier les plaisirs. Il est juste dommage que la formation teutonne n’arrive pas vraiment à trouver un son vraiment original. D’ailleurs, Made of Madness, Graveyard Kings ou encore Forever Evil and Buried Alive seront de bons titres, mais ils manqueront un peu d’épaisseur, ou tout du moins d’une identité plus forte. Reste alors Whispers of the Damned, un dernier tour de force qui revient à ce que faisait le groupe auparavant, avec un long titre de plus de six minutes, qui peaufine son ambiance, et n’en oublie pas pour autant sa rythmique et sa virtuosité. Il est dommage que le son soit si cracra par moment avec une prod un peu faiblarde.
Au final, Bone Collector, le dernier album de Grave Digger, s’avance comme un effort tout à fait plaisant et intéressant de la part du groupe teuton. Si on peut lui reprocher de faire ce qu’il sait faire depuis des années, le groupe démontre qu’il est dans une bonne dynamique, et au bout de 45 ans d’existence, rares sont les formations à avoir une telle pêche. Bref, sans être un album d’exception, cela reste une valeur sûre pour ceux qui aiment le Heavy.
- Bone Collector
- The Rich, the Poor, the Dying
- Kingdom of Skulls
- The Devil’s Serenade
- Killing is my Pleasure
- Mirror of Hate
- Riders of Doom
- Made of Madness
- Graveyard Kings
- Forever Evil and Buried Alive
- Whispers of the Damned
Note : 14/20
Par AqME