janvier 17, 2025

Carcass – Torn Arteries

Avis :

Derrière cette pochette atypique pour du métal se cache l’un des piliers du genre, à savoir Carcass. Groupe anglais fondé en 1986, il est considéré comme le père fondateur du Goregrind ou du Deathgrind, un genre très violent. Mais cela ne durera que sur les deux premiers albums, car les anglais vont changer de style au début des années 90 en allant vers du Death mélodique, ou du Death’n’Roll comme ils aiment à l’appeler. Là aussi, c’est la première fois que l’on entend ce genre à l’époque, et c’est un gros succès. Cependant, le groupe se sépare en 1996, et chacun va vaquer à ses occupations, certains créant Arch Enemy, aujourd’hui groupe culte, et d’autres rejoignant Firebird, un groupe de Stoner. C’est en 2007, pour une session de plusieurs concerts que le groupe se reforme, mais sans son batteur d’origine.

En effet, ce dernier a eu un accident cérébral, et a été dans le coma pendant quasiment un an. S’il a pu reprendre la batterie, il n’avait pas le niveau exigé pour jouer avec Carcass, et malgré quelques prestations avec le groupe, il n’est pas revenu pour faire de nouveaux albums. C’est dans un contexte de mouvance de line-up que le groupe sort Surgical Steel en 2013, soit dix-huit ans après leur précédent effort, et il faudra attendre encore huit ans pour voir débouler Torn Arteries qui nous préoccupe entre ces lignes. Huit ans, c’est long, mais parfois, la patience paye avec des albums de qualité. Et c’est clairement le cas ici, car ce septième effort pour le groupe est une belle réussite, alternant des morceaux francs et directs avec d’autres passages plus longs, plus progressifs, tout en gardant une belle agressivité. Bref, on prend une belle mandale.

L’album débute avec Torn Arteries, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les anglais ont mis les bouchées doubles pour mieux nous percuter. Le titre est agressif, puissant, mais il bénéficie aussi d’un riff addictif qui reste un long moment en tête. On est en plein Death pur jus, et c’est fait avec talent. Le morceau suivant bénéficiera d’une belle introduction un peu lugubre. Dance of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March N°1 in B) vise plutôt le Death’n’Roll, empruntant un chant purement Death, mais une rythmique plus rock’n’roll, avec des riffs moins lourds. Le résultat est grisant et donne une furieuse envie de danser en jouant des épaules. Puis Eleanor Rigor Mortis va aller encore plus loin, jouant sur deux tableaux, avec notamment un joli dantesque en introduction, qui sera mis en avant avec une guitare plus lourde en arrière-plan.

Ce morceau sera à mettre en parallèle avec Under the Scalpel Blade, morceau qui renoue presque avec le côté Grind du groupe, qui ne fait ici aucune concession et balance la sauce sans se dépêtre d’une ambiance morbide et sale. Cette ambiance digne d’un film d’horreur se retrouve avec The Devil Rides Out, où il est question du diable, bien entendu, le tout dans une rythmique moins rapide qu’à l’accoutumée. Le résultat est fort sympathique et on va se surprendre à hocher la tête au rythme des différents solos qui parsèment le titre. Mais le plus fort résidera sur le morceau-fleuve Flesh Ripping Sonic Torment Limited. Long de presque dix minutes, le titre démontre l’étendue du talent des musiciens pour nous tenir au sein de plusieurs ambiances qui se superposent. Le résultat est une pièce maîtresse de l’album, qui ne suscite jamais aucun ennui.

Difficile de passer après un tel morceau, et pourtant, le groupe va se jouer des pronostics avec Kelly’s Meat Emporium. Revenant à un son plus direct et plus concis, Carcass ne lambine pas et balance la sauce avec une énergie folle. Certes, ce n’est pas très intelligent, mais ça blaste et ça fracasse bien des crânes. In God we Trust sera un titre cynique mais d’une belle qualité technique. Quant à Wake Up and Smell the Carcass/Caveat Emptor, on aura droit à un rythme bien syncopé pour débuter, avant que le rythme ne s’installe vraiment, pour un titre intéressant qui joue énormément sur la redite des paroles pour qu’elles restent bien en tête. Enfin, The Scythe’s Remorseless Swing clôture l’album de la plus belle des façons, avec panache, Death et gros riff dans la trogne. Un morceau qui donne envie de réécouter encore une fois l’album.

Au final, Torn Arteries, le dernier album de Carcass en date, est une véritable réussite, et un beau retour de la part des anglais. En jouant constamment entre Death assez classique, quelques éléments Prog et un rythme Rock’n’Roll, le groupe varie ses titres sans jamais se renier. Il en ressort alors un album complet, aussi bien technique qu’accessible, et qui démontre que c’est bien dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures. Surtout celles à base de sang…

  • Torn Arteries
  • Dance of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March n°1 in B)
  • Eleanor Rigor Mortis
  • Under the Scalpel Blade
  • The Devil Rides Out
  • Flesh Ripping Sonic Torment Limited
  • Kelly’s Meat Emporium
  • In God we Trust
  • Wake Up and Smell the Carcass/Caveat Emptor
  • The Scythe’s Remorseless Swing

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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