Avis :
Fondé en 2011 à Houston au Texas, Oceans of Slumber est un groupe qui a rapidement trouvé le juste équilibre pour mélanger plein de genre à sa musique. Estampillé Métal Progressif, les américains arrivent pourtant à inclure du Death, du Black, du Gothic voire du Symphonique dans leurs compositions, et cela au sein d’une seule et même chanson. Nous avions laissé le groupe en 2022 avec Starlight and Ash, un album fort réussi, très intimiste, et qui ne laissait pas forcément la part belle aux guitares, ou tout du moins aux riffs puissants et lourds. Et c’est peut-être pour cela que le groupe a décidé de changer son line-up avec ce sixième opus, Where Gods Fear to Speak.
Car oui, sur cette galette, signée chez Season of Mist, on va retrouver deux nouveaux guitaristes, Alex Davis et Chris Kritikos, deux types qui ont officié dans des groupes de Death (Chironex pour le premier et Nephilim Terror pour le second). De ce fait, on est en droit à s’attendre à un skeud plus lourd, plus fort, plus puissant, et c’est clairement ce que l’on va avoir. Après plusieurs écoutes, on pourrait même se dire que Oceans of Slumber s’est dit qu’avec le précédent opus, ils avaient joué la carte de l’émotion et de l’intimiste, et qu’avec ce nouvel album, il était temps de refaire parler la poudre. Une poudre qui, tout de même, s’atténue sur certaines pièces, ne dénaturant alors jamais l’image progressive, et un peu féminine, du groupe.
Féminine et chaude, notamment grâce à la voix incroyable de Cammie Gilbert, qui délivre encore une prestation sans faille, s’alliant à la perfection avec un chant growlé masculin qui viendra durcir le ton. Un choix que l’on retrouve d’ailleurs dès le premier morceau, Where Gods Fear to Speak. Le début laisse songer à un Métal Progressif teinté de Gothic, mais assez rapidement, les guitares vont lâcher des riffs relativement lourds, et on aura même droit à du blast avec un chant growlé par la suite, donnant un aspect quasi Black à ce passage. Et à chaque fois, le groupe retombe sur ses pas, notamment avec son chant féminin si magnifique et des textures chaudes qui viennent se répandre par saccades. Bref, malgré la violence plus prégnante que dans le précédent album, on retrouve tous les ingrédients qui font la réussite du groupe.
Run From the Light sera un titre plus nerveux, plus rapide dans son tempo, et qui va démontrer que les américains ont décidé de mettre en avant les grattes et une certaine virulence. On est clairement sur une alternance de chant féminin doux avec des élans plus masculins qui évoquent le Death comme quelques fulgurances un peu Hardcore. Et le tout se mélange parfaitement à des passages plus calmes, qui donnent plus de temps aux accélérations et à de gros coups de butoir. Don’t Come Back From Hell Empty Handed renoue avec les longues planches progressives chères au groupe. Durant près de neuf minutes, le titre monte petit à petit pour nous cueillir par touches gracieuses sans jamais nous perdre un seul instant. Et on a droit à des paroles et un chant ultra chaleureux pour une ambiance pourtant assez pesante. Une dichotomie propre au groupe.
Wish va contrebalancer cette longue pièce en se faisant un plaisir plus calme et moins long. Le début à capella est sublime, et on va rentrer dans un titre plus simple, dans une structure lisible et calibrée, mais qui détient encore quelques envolées d’une rare élégance. Poem of Ecstasy ressemble au premier titre, avec une construction similaire, même si ici, Cammie se laisse vraiment aller avec sa voix, qu’elle brise de temps à autre pour donner un aspect plus fragile. Et ça fonctionne du tonnerre. A un tel point que le chant growlé manque de finesse et peut sembler en deçà du reste. Avec une alternance de métronome, le groupe affiche un long morceau avec un titre plus court, et c’est logiquement que The Given Dream se veut plus concis. Encore une fois, tout tient autour de la voix de la chanteuse, ainsi qu’une ambiance très mélancolique qui captive.
Puis I Will Break the Pride of Your Will revient à quelque chose de plus complexe, tout en affichant de gros riffs et un passage en Growl qui tape fort, donnant ainsi plus de force au refrain, qui rentre dans la tête comme un couteau dans du beurre. Prayer est un morceau beaucoup plus puissant et virulent, mettant en avant la volonté du groupe à fournir quelque chose de plus percutant et de moins intimiste. Ceci étant, au milieu du morceau, on se retrouve avec un passage presque Folk, où l’on aura droit à un échange de voix claires entre la chanteuse et un chant masculin qui colle parfaitement. Et bien sûr, cela donne plus de poids à la reprise Death qui va s’ensuivre. The Impermanence of Fate sera alors comme une synthèse de tout ce qu’a fait le groupe jusqu’à présent.
Au final, Where Gods Fear to Speak, le sixième, et dernier album en date, d’Oceans of Slumber, est une superbe réussite, qui donne le penchant brutal du groupe, surtout si on le compare au précédent opus. Les texans se veulent plus percutants, plus sombres (l’arrivée des deux nouveaux guitaristes ne doit pas y être étranger) tout en gardant cet aspect presque chaud et mélancolique qui les caractérise. Bref, malgré les différences importantes qu’il peut y avoir avec Starlight and Ash, on reste sur un gros morceau qui démontre qu’Oceans of Slumber mérite vraiment une renommée plus grande.
- Where Gods Fear to Speak
- Run From the Light
- Don’t Come Back From Hell Empty Handed
- Wish
- Poem of Ecstasy
- The Given Dream
- I Will Break the Pride of Your Will
- Prayer
- The Impermanence of Fate
- Wicked Game
Note : 17/20
Par AqME