Avis :
Quand on évoque le Groove métal, on pense illico à Lamb of God. Quand on lâche le gros mot pour certains Nu-Métal, difficile de ne pas penser à Limp Bizkit. En gros, des groupes américains à succès qui ont marqué, chacun dans leur style, l’univers du métal, qu’importe ce qu’en disent les rageux. Du coup, quand on tombe par hasard sur un groupe qui mélange les deux genres, on peut s’attendre à ce qu’il soit américain, d’autant si ledit groupe à un nom américain comme Brothers of No One. Et pourtant… Fondé en 2006 sous l’impulsion du guitariste Diego Rossato, le groupe va commencer à faire parler de lui en 2013, en faisant quelques dates dans son pays natal, l’Italie. Car oui, Brothers of No One est un groupe italien, ce qui peut surprendre, puisque le chant, tout comme les titres de l’album, sont en anglais. En même temps, c’est beaucoup plus pratique pour se faire remarquer à l’internationale. C’est donc logiquement que le groupe va sortir un premier album en 2017, Just Slaves of Abuse, qui ne fera pas grand bruit. Est-ce dû à la qualité intrinsèque de l’album ? Pas du tout, car même en se calant confortablement dans un fauteuil poire, on va vite avoir envie de headbanger dans tous les sens, repérant sans mal les influences de ce groupe encore frais.
Le skeud débute avec une introduction qui dépasse à peine la minute. Sorte d’électro maudite, on se demande bien ce que l’on va se mettre sous les oreilles par la suite. C’est alors que déboule Biomeccanico Messia, qui n’est pas sans rappeler un petit titre de Sepultura. Et la référence ne va pas s’arrêter là puisque le groupe livre une grosse prestation qui va nous mettre K.O. Entre des riffs surpuissants qui donnent immédiatement envie de briser des nuques et une voix granuleuse parfaite pour ce genre d’exercice, Brothers of No One commence de façon tonitruante, avec notamment un refrain ultra catchy. Newborn Cancer cherchant plus dans une mouvance Groove Metal à la Lamb of God et le titre est ultra efficace. Puissant, virulent, il donne une pêche de dingue, malgré des paroles relativement pessimistes. Mais qu’importe, la qualité est là et c’est même étonnant que le groupe n’a pas une notoriété plus importante. Bad Motherfuckers s’ouvre sur une introduction qui promet un titre un peu différent des deux précédents. Démarrant avec un chant clair, le groupe démontre qu’il peut aussi offrir des moments proches d’un Pantera. C’est à la fois rugueux et mélancolique, tout en partant ensuite vers des riffs surpuissants et qui donnent une envie folle de sauter dans tous les sens. Avec ce groupe, le pit doit chauffer salement. Néanmoins, en enchaînant Regression et Poison, le groupe va tomber un petit peu dans le piège de la redite et de la redondance. En effet, les deux morceaux sont très bien, envoyant du pâté, mais ils manquent d’originalité, malgré les références à Slipknot avec l’apport de scratch dans la mélodie.
La seconde moitié de l’album démarre avec ce qui pourrait être le titre phare du groupe (du moins celui qui fut choisi pour en faire un clip). Diseased to the Brain explore la maladie mentale, importe des éléments ragga dans le chant, ponctués par des riffs bien gras et la voix caverneuse du chanteur qui ne semble connaître aucune faiblesse. C’est bien simple, on prend une grosse claque dans la tronche avec ce titre, peut-être un peu long sur la fin, mais qui démontre tout le talent du groupe. C’est régressif à souhait, certes, mais quel pied ! Butcher of Life fera partie de ces titres un peu bouche-trou, qui sont présents pour fournir un peu plus de violence à chaque riff mais qui manque cruellement d’âme. C’est tellement lourd que même dans la fosse, il sera difficile de faire bouger les foules. C’est alors que survient Strasbourg 1518, l’ovni de l’album, un mélange de piano et de musique électronique qui se veut étrange et très ambiant, mais qui s’avère bien trop long pour imprégner nos tympans. On s’attardera alors plus sur No Way Out, qui monte de façon progressive pour mieux nous donner envie de sauter dans tous les sens et de se bousculer entre gros virils pas beaux. Dense et parfaitement exécuté, le morceau exprime toute la puissance du groupe. Tout comme Wasted Breath, même si on sent une volonté de faire plus travaillé, moins rentre-dedans. Le début est très agréable à l’écoute et permet de voir une autre facette du groupe. Holy Day ira piocher des influences chez Coal Chamber tandis que Brothers of No One sera un poil plus complexe dans sa trame, mais fournira toujours la même énergie et semble se rapprocher vers du Static-X.
Au final, Just Slaves of Abuse, le premier album de Brothers of No One, est une très bonne surprise. A la fois puissant et ultra régressif dans sa façon d’aborder le Groove ou le Nu, les italiens ne peuvent laisser indifférent, tant ils se donnent à fond dans l’exercice. On sent une vraie générosité et une envie d’en découdre permanente pour offrir au public une énergie débordante. Si parfois on peut ressentir une certaine redondance, le groupe nous cueille à chaque fois pour nous donner envie de headbanger dans tous les sens, et c’est un bon défouloir.
- Gusnack
- Biomeccanico Messia
- Newborn Cancer
- Bad Motherfuckers
- Regression
- Poison
- Diseased to the Brain
- Butcher of Life
- Strasbourg 1518
- No Way Out
- Wasted Breath
- Holy Day
- Brothers of No One
Note : 16/20
Par AqME