
Auteur : David Gemmell
Editeur : Milady
Genre : Fantasy
Résumé :
Des anciens peuples, seuls les humains ont survécu.
Les paisibles Eldarins, les sages Oltors et les monstrueux Daroths ne sont plus qu’un souvenir, disparus de la surface du monde après une guerre sanglante. Mais les humains ont la mémoire courte. Mille ans plus tard, alors que quatre duchés se livrent une guerre fratricide pour s’emparer d’une perle aux pouvoirs magiques, par une nuit où la lune est plus noire que le ciel, l’impensable survient. Au beau milieu du Désert du Nord, une cité gigantesque surgit de nulle part.
Les Daroths sont de retour, et personne ne peut les arrêter. Le sort du monde repose désormais sur les épaules de quatre héros. Duvodas, le guérisseur, dernier dépositaire du savoir des Eldarins ; Karis, la belle stratège qui compte autant de victoires que d’amants ; et le jeune Tarentio, le plus dangereux spadassin à avoir foulé le sol. Car Tarentio cache en son sein un être pire encore que les Daroths : Dace, le quatrième héros.
Avis :
Décédé en 2006 à l’âge de 56 ans, David Gemmell laisse un grand vide dans le cœur de tous les fans de Fantasy. Il faut dire que l’auteur n’a fait que des best-sellers dans le genre, et qu’il a construit des univers impressionnants, notamment avec Drenaï (qui comprend les romans Waylander et Druss la Légende) ou encore Troie. Et s’il est principalement connu pour le premier cycle susnommé, il a aussi fait des romans isolés qui ont remporté un franc succès. On peut évoquer Etoile du Matin ou encore L’Echo des Grands Chants, qui sont des romans de Fantasy, mais qui comportent des éléments très originaux, notamment dans les origines des peuples. En effet, l’auteur s’inspire de différentes peuplades de notre monde pour en construire de nouvelles, et il n’est pas étonnant de trouver des pyramides dans certaines de ses histoires.
Avec Dark Moon, on rentre dans ce que l’auteur fait de mieux. On plonge tête baissée dans un récit de Fantasy pure, mais qui comporte des éléments qui ne nous sont pas étrangers. Ici, l’écrivain nous propose de suivre quatre personnages principaux, qui vont se retrouver pour lutter contre une nouvelle race qui revient pour tout détruire. Ainsi donc, on reste dans quelque chose de connu, mais la force de David Gemmell réside dans sa plume et sa capacité à livrer des récits épiques et ultra généreux. De même, tous ses personnages sont ambivalents. Ils ont de bons côtés, mais aussi des mauvais, et se placent plus comme des anti-héros qu’autre chose. Ici, par exemple, on a droit à une guerrière redoutable, excellente stratège, mais qui a le goût du risque, mettant constamment sa vie en jeu.
On peut aussi citer ce pauvre Duvodas, un harpiste magicien qui va laisser la haine l’envahir, perdant ainsi tout l’intérêt de ses pouvoirs. Et il y a Tarantio, un jeune guerrier un peu timoré, précédé d’une réputation redoutable, mais il devient un puissant combattant uniquement lorsqu’il laisse Dace, son démon intérieur, prendre le contrôle. Et il faut aussi compter sur des seconds couteaux très intéressants, tout aussi hantés par des passés simples, mais construits et leur donnant du poids, à l’instar de Forin, un guerrier bâti comme un géant, ou encore Ozhobar, un ingénieur talentueux qui fait des catapultes malgré lui, plus intéressé dans des idées pour améliorer le quotidien des villageois que par la guerre. Bref, tout ce petit monde est imposant et constitue un panel très intéressant à suivre.
Mais en plus de cela, il faut aussi composer avec un antagoniste qui trouve ses racines dans le passé du monde. David Gemmell, avec son talent de conteur, arrive à élaborer un monde passé qui trouve écho dans le nouveau monde. On apprend que des peuples vivaient auparavant, que ce monde a une histoire liée à la magie et à la nature, et que l’homme a plus ou moins tout dénaturé, perdant alors son lien avec les forces naturelles. On reste tout de même bien loin du conte écologique, car même si on ressent ce thème entre les lignes, l’auteur se rapproche plus d’une démarche humaniste, où la paix entre les peuples sera la seule clé pour lutter contre la guerre. Et en ce sens, le final est très beau, entretenant un bon message d’espoir, loin des velléités guerrières que l’on peut retrouver dans le genre.
Et tout cela se construit avec un élan épique propre à David Gemmell. Les Daroths, les grands ennemis, se rapprochent plus d’une race insectoïde qu’autre chose, étant dénué de sentiments, et arrivant à communiquer avec toute la colonie. Cette menace se retrouve confronter pour la première fois à un peuple belliqueux, les humains, qui trouve des ressources insoupçonnées pour lutter contre eux. Encore une fois, le style de l’auteur fait des merveilles, le tout étant fluide, tout en approchant des thématiques fortes et humaines. Et de là, tout prend sens, des personnages torturés à un monde ultra riche, qui pourrait bien être le terreau d’un cycle innovant et pourtant confortable, dans une Fantasy nouvelle mais que l’on connait pourtant déjà.
Au final, Dark Moon est, sans surprise, une nouvelle réussite pour David Gemmell. Restant dans une Fantasy qui nous met dans une zone de confort, on sera esbaudi par les détours innovants qu’emprunte l’auteur, que ce soit dans les peuples de ce nouveau monde, ou dans la nature même des ennemis, se rapprochant plus des insectes que des humains. Toujours aussi épique, tendu et porté par des anti-héros ultra empathiques, ce roman nous transporte dans un univers magique que l’on ne souhaiterait plus quitter.
Note : 17/20
Par AqME