Titre Original : Snowbeast
De : Herb Wallerstein
Avec Bo Svenson, Yvette Mimieux, Robert Logan, Clint Walker
Année : 1977
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Un couple se rend dans une station de ski isolée pour des vacances mais il ne se doute pas que la montagne est hantée par une créature terrifiante. Le monstre, un Bigfoot féroce et affamé, commence à attaquer les skieurs de la station un par un. Les morts s’accumulent et la tension monte, jusqu’à ce que les survivants trouvent refuge dans un chalet. Mais le Bigfoot ne les lâche pas et attaque le chalet avec violence.
Avis :
En forêt ou en montagne, les témoignages concernant des créatures humanoïdes, passablement gigantesques, se sont multipliés aux quatre coins du globe. À tel point que le bigfoot, le yéti ou le sasquatch sont devenus des figures emblématiques de la cryptozoologie. Très vite, la culture populaire s’est emparée du sujet, enchaînant les documentaires, métrages et téléfilms. En cela, les années 1970 constituent une période prolifique en la matière. Preuve en est avec La Légende de Boggy Creek, Le Monstre du lac noir ou, en l’occurrence, Bigfoot – Le Monstre des neiges. Ce dernier est l’occasion de s’immiscer dans les contrées vierges d’une station de ski du Colorado.
L’entame donne le ton quant au traitement alloué à la fameuse créature. Bien que l’approche soit frontale et ne laisse guère le temps aux scènes d’exposition de s’imposer, la première victime est expédiée ad patres en l’espace de quelques secondes. On pourrait penser que le procédé de la caméra subjective est un moyen de ménager un faux suspense de circonstances, à tout le moins de flouer les traits simiesques de la bestiole. Comme c’est trop souvent le cas en présence d’une bobine de cet acabit, il s’agit d’un moyen commode de minimiser les frais de production. Par la même occasion, ce subterfuge atténue la violence des confrontations, rendant l’approche accessible au grand public.
« l’intrigue se montre verbeuse. »
Il suffit en effet de couper les séquences concernées au bon moment, puis d’enchaîner sur un fond rouge pour signifier les coups portés, puis la mort. Le traitement demeure basique au possible et, sauf exception, se multiplie au gré des apparitions plus ou moins opportunes du bigfoot. Au demeurant, ce dernier ne laisse entrevoir qu’un bras velu ou émet des cris rauques qui se perpétuent dans l’écho de la montagne. On peut toutefois avancer l’assaut de la salle municipale où il s’invite aux festivités, ainsi qu’à l’ultime affrontement avec un ex-champion olympique de ski. Du reste, il faut se contenter de confrontations anodines, à tout le moins du point de vue du spectateur.
Étant donné qu’une montée en tension graduelle n’est pas à l’ordre du jour, l’intrigue se montre verbeuse. Elle multiplie les séquences dispensables où les situations conventionnelles ne présentent que peu d’intérêt. Les intervenants enchaînent les clichés, au lieu de fournir un véritable fond à leur histoire personnelle, leur passé commun. On se serait également bien passé d’un triangle amoureux ridicule qui n’apporte rien dans les relations ou les interactions, a fortiori lorsque le danger guette à l’orée des arbres ou près des pentes abruptes. L’écriture s’avère donc paresseuse et peine à retenir l’attention.
« Herb Wallerstein se permet aussi de calquer son scénario sur Les Dents de la mer. »
En tant que réalisateur sans envergure, Herb Wallerstein se permet aussi de calquer son scénario, ainsi que son déroulement sur Les Dents de la mer. Certes, il s’agit d’une incursion aquatique qui marque un précédent pour le genre et le cinéma en général. Pour autant, on retrouve toutes les mécaniques de ce chef-d’œuvre dans Bigfoot – Le Monstre des neiges. Il est aisé de faire le parallèle entre la station de ski et la station balnéaire. À cela s’ajoutent des intérêts financiers qui empêchent de dévoiler la mort de touristes. On peut aussi avancer une volonté de traquer la bête ou d’être vulnérable après la destruction du moyen de transport. Et il ne s’agit là que des éléments les plus évidents. Tout au long du film, d’autres détails confirment cet état de fait.
Au final, Bigfoot – Le Monstre des neiges constitue une piètre incursion sur le territoire du cryptide. Entre deux épisodes de séries télévisées, Herb Wallerstein signe son premier (et unique) métrage sans application ni enthousiasme. Malgré des attaques récurrentes, la créature se fait discrète. Au vu des trucages et de ce costume bon marché, ce n’est toutefois pas plus mal. On peut aussi regretter des protagonistes plus lisses qu’une piste de ski passée à la dameuse. Cela sans oublier des dialogues creux et une curieuse impression de déjà-vu dans le déroulement des évènements. Seuls le cadre et le prédateur varient, mais il est difficile de ne pas faire un rapprochement avec Les Dents de la mer. Il en ressort un téléfilm sommaire, sans identité et dénué de la moindre ambition.
Note : 08/20
Par Dante