avril 23, 2024

Korn – The Serenity of Suffering

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Avis :

Apparu à l’aube des années 90 et poursuivi durant les années 2000, le nu-métal (ou néo métal pour certains) a bouleversé le petit monde des guitares saturées, en apportant un mélange inattendu pour l’époque, le rap et le métal. Un mix qui allait se propager rapidement et trouver des têtes d’affiche à l’image de Korn et de Deftones. Vingt ans plus tard, reste-t-il quelque chose dans le nu-métal ? Quasiment rien si ce n’est les grosses machines comme les deux groupes précédemment cités qui ont su changer, évoluer, pour survivre dans un monde de plus en impitoyable, celui de la vente de disques. Et après les atermoiements électro d’un Jonathan Davis tout bouffi, Korn se devait de relancer ses fans de la première heure afin de montrer que le groupe n’était pas mort. The Serenity of Suffering survient trois ans après The Paradigm Shift, qui avait laissé un goût amer dans la bouche des fans. Le défi se devait d’être imposant et finalement, avec ce douzième album, Korn revient à ses premiers amours, sûrement à cause du retour du guitariste prodige Head qui avait délaissé la formation. Il en résulte alors un disque énergique, violent, bien bourrin, mais dans un esprit très fidèle au groupe, cherchant toujours à mettre en avant une certaine émotion au milieu de riffs agressifs et n’hésitant pas à faire deux pas en arrière pour mieux sauter vers l’avant.

Le skeud débute avec Insane, l’un des morceaux choisis pour vendre l’album avant sa sortie. Un titre relativement classique, bien nerveux comme l’annonce l’entame avec le growl du chanteur qui semble en grande forme vocalement. Car tout au long du produit, on pourra entendre les différentes variations de tonalités de Jonathan Davis, qui arrive parfois à allier trois chants complètement différents au sein du même morceau. Pour cela il suffit d’écouter le début de Die Yet Another Night qui montre toute l’étendue de la performance vocale du leader du groupe. Le deuxième titre de l’album sera Rotting in Vain, le premier single du skeud et il est typiquement ce que les fans attendent de Korn. Violent, mais aussi touchant dans son atmosphère aérienne du couplet, le morceau n’hésite pas à mettre la patate lors du refrain. Un refrain efficace qui rentre rapidement en tête pour un titre qui fait le job et qui annonce un grand retour en force. D’ailleurs, on notera un passage en scat, grand gimmick du groupe, qui laissera certains spécialistes dubitatif sur l’apport de ce passage dans le titre, mais qui reste un excellent clin d’œil bien exécuté. Et globalement, si certains vont se dire déçus car l’album reste très formaté dans l’univers de Korn, il n’en demeure pas moins une preuve suffisante pour montrer que le groupe a envie de revenir sur le devant de la scène, quitte à faire un pas en arrière pour sustenter des fans qui faisaient de plus en plus entendre leur mécontentement. Et c’est assez intelligent, car finalement c’est ce que Korn fait de mieux et c’est ainsi qu’il retrouve une certaine identité.

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Autre clin d’œil complètement assumé par le groupe, celui de Corey Taylor, le chanteur de Slipknot et Stone Sour qui apparait sur le titre Another World et qui n’apporte clairement pas grand-chose dans le titre, mais qui fait office de joli happening, comme une retrouvaille salvatrice entre deux monstres du nu-métal. Pour autant, Korn n’oublie pas d’innover et place parfois quelques lignes électros si chères au chanteur comme dans Next in Line par exemple, un titre un peu plus doux que les autres au niveau des riffs de gratte. Mais par-dessus tout, il semblerait que le groupe soit le seul aujourd’hui (avec Deftones étrangement) à réussir à placer de la douceur dans un océan de violence. C’est-à-dire que par-dessus les riffs baveux, par-dessus les growls puissants du chanteur, on retrouve vraiment une douceur insoupçonnée et même quelques passages touchants, comme dans Black is the Soul, qui rappelle par moments une sonorité proche de Bring me the Horizon dans l’instrumentalisation, ou encore Everything Fall Apart dans des couplets presque désespérés mais vraiment teintés d’émotions. Le plus fort, c’est que tout cela tient sur un équilibre assez précaire mais qui tient sur toute la ligne, comme en atteste le titre Baby et son début d’une lourdeur éléphantesque mais qui arrive à placer un refrain tendre et efficace.

Au final, The Serenity of Suffering, le dernier album de Korn en date, est une véritable bombe qui ne demande qu’à exploser dans les charts. Réussissant le pari fou de faire du Korn des années 90/2000 (et ce qu’affiche clairement le groupe avec la jaquette qui n’est pas sans rappeler Issues et sa poupée éventrée) pour mieux complaire les fans de la première heure, le groupe fournit un album complet, nerveux, enchanteur sur certaines compositions et qui n’oublie pas pour autant d’aller de l’avant pour ne pas stagner dans quelque chose de morose. Bref, un douzième album lourd, fort et qui montre que le groupe est en grande forme, chaque pièce étant taillée pour la scène.

  1. Insane
  2. Rotting in Vain
  3. Black is the Soul
  4. The Hating
  5. Another World
  6. Take Me
  7. Everything Fall Apart
  8. Die Yet Another Night
  9. When You’re Not There
  10. Next in Line
  11. Please Come For Me
  12. Baby
  13. Calling me Too Soon

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=6zMiISKntcY[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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