mai 3, 2024

Abigail Williams – Walk Beyond the Dark

Avis :

Dans le monde du métal, il y a certaines personnes qui estiment que le genre devrait se contenter d’être underground, et de ne surtout pas se mélanger au reste. De plus, il y a un sous-genre que ces gens détestent (sans trop savoir pourquoi), le Metalcore, notamment parce qu’il y a un mélange de chant clair et de growl. D’ailleurs, certains sites internet spécialisés dans le métal refusent de rentrer des groupes de Metalcore dans leur base de données. Ou alors, il faut que ces groupes possèdent un passif dans un autre genre, ou mélangent le Metalcore avec autre chose. C’est le cas d’Abigail Williams, qui s’est fait tant détester à ses débuts, puisque le groupe avait des itérations Metalcore au milieu d’un Black Metal Symphonique. Et à force de changement de line-up et autres scories, c’est plus tard que la bande va nous offrir du Black Atmosphérique.

Derrière Abigail Williams se cache un seul homme, Ken Sorceron, qui porte le groupe à bout de bras, avec quelques renforts de temps à autre en studio et, bien sûr, sur scène. En prenant le nom d’une des « sorcières » qui s’est faite tuer à Salem, il n’est pas étonnant de voir que les thématiques tournent autour de la sorcellerie, de l’ésotérisme, ou encore de l’occultisme. Walk Beyond the Dark est le quatrième effort studio du bonhomme, et on peut dire qu’il a vu les choses en grand. Sept pistes pour plus de cinquante-cinq minutes d’écoute, rares sont les types à tenir la cadence, tout en offrant quelque chose de singulier et produit avec finesse. Car oui, ce quatrième skeud est une belle tarte dans la tronche, qui utilise tour à tour le growl, la violence, la noirceur, mais aussi la douceur et la complexité pour nous emporter.

Le skeud débute avec une longue piste, I Will Depart, et on va de suite plonger dans un Black assez calme, qui n’utilise pas forcément le blast pour nous percuter, mais nous plonge dans une ambiance sombre et désespéré. Les riffs sont lourds et vifs, alors même que la rythmique reste assez lente et basse. On ressent une volonté de nous mettre mal dès le départ, mais on sent aussi les références du type, notamment vers le Black scandinave, et Immortal. Sun and Moon va être moins virulent dans sa démarche, jouant bien plus sur l’atmosphère. Le démarrage est solide, mais en utilisant sa voix claire, Ken Sorceron envoie une image plus douce et plus ésotérique. On s’image sans grand mal dans une sombre forêt glaciale, avec des voix dans le vent, qui viennent nous murmurer des paroles sordides aux oreilles. Bref, ces deux premiers morceaux sont des réussites.

Avec Ever so Bold, Abigail Williams cherche autre chose. Titre le plus court de l’album (un poil plus de quatre minutes), on est dans une envie d’être plus frontal. Ici, la batterie tabasse à tout-va, et rentre presque en contradiction avec les riffs, rapides eux-aussi, mais plus aériens. Il en résulte un pur morceau Black Atmos, qui prend aux tripes et qui semble sortir des entrailles d’un enfer froid et enneigé. A noter un très bon solo de gratte, qui vient parfaire l’ensemble. Puis Black Waves va venir nous cueillir avec ses dix minutes. Bien évidemment, on va passer par tout un tas d’émotions et d’ambiances, mais l’introduction est absolument divine, avec ce mélange de guitares et de violons. Une preuve, si besoin l’en est, que le Black peut aussi se faire doux et mélodique. C’est résolument le meilleur titre de l’album.

Par la suite, Into the Sleep est un morceau qui va être très synthétique de l’album. C’est-à-dire que l’on retrouve du gros blast qui tache, des riffs puissants mais qui trouvent bien leur place en arrière-plan et des violons qui viennent renforcer une ambiance délétère et pourtant très touchante. Un sentiment de mélancolie s’empare du titre et c’est vraiment très bien fichu. Puis Born of Nothing apporte vraiment un sentiment de douceur à l’ensemble. Même si les violons ajoutent une touche un peu effrayante, on est clairement dans quelque chose de mélancolique, mais qui évite la dépression. C’est beau, tout simplement. Jusqu’à ce que déboule le fond du titre, qui écrase tout sur son passage. Enfin, The Final Failure est un gros bloc de plus de dix minutes qui est une concrétisation de tout ce que l’on a écouté avant.

Au final, Walk Beyond the Dark, le quatrième effort d’Abigail Williams, est une sacrée réussite. Prônant un pur Black Atmosphérique, Ken Sorceron y apporte de véritables moments éthérés à l’aide de violons et de riffs de gratte qui prennent une place de choix en arrière-plan. On se retrouve face à quelque chose de violent, mais qui a en son sein une délicatesse insoupçonnée, qui nous touche en plein cœur. Bref, un excellent skeud.

  • I Will Depart
  • Sun and Moon
  • Ever so Bold
  • Black Waves
  • Into the Sleep
  • Born of Nothing
  • The Final Failure

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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