avril 26, 2024

Ivory Knight – Unity

Avis :

S’il y a bien un groupe dont la vie semble un bon gros bordel, c’est Ivory Knight. Formé à la fin des années 80 à Ottawa, au Canada, le groupe utilise le nom de Sudden Thunder. Mais, manque de bol, le groupe se sépare une première fois en 1990. Par la suite, le passé de la formation est assez trouble. Sudden Thunder revient la même, pour disparaître en 2005, avant de réapparaître en 2010, pour disparaître dans les limbes de l’oubli, avant de revenir en 2013 sous le nom que l’on connait aujourd’hui, Ivory Knight. Pour autant, les quatre musiciens sont à l’origine de deux démos dans les années 80, puis de deux albums, un en 2001 et un autre en 2005. Il faudra alors attendre treize ans pour voir débouler Unity dans un schéma confidentiel, sans aucun label pour les soutenir. Et on peut comprendre pourquoi.

Rejected Intro est donc… une introduction, qui débute avec un bon gros violoncelle des familles, qui va se faire accompagner par un violon. Une guitare viendra sur la fin pour un petit solo, afin de poser les bases de départ du titre suivant. Rejected va alors faire parler la poudre dès le départ, et on sera surpris par la vivacité de la compo. On plonge très vite dans un Thrash inspiré, où le chanteur se permet même un petit grognement au départ. Cependant, malgré le bon démarrage, une première chose va venir nous titiller les oreilles, la qualité de l’enregistrement et la production. En effet, notamment au niveau de la batterie, on sent que cela a été enregistré dans un vieux garage miteux et le quatuor n’a pas eu les moyens de se payer un véritable studio. Cela s’entend clairement et gâche complètement la qualité de l’écoute.

Il faudra aussi rajouter à cela des problèmes de transition avec des coupures nettes et étranges, qui cassent totalement le rythme. Bref, ce n’est pas vraiment la joie, malgré tous les bons points que l’on peut y trouver, dont une rythmique intéressante et une volonté de tout casser. Mais là encore, le groupe souffle le chaud et le froid, la faute à un chanteur qui ne maîtrise pas du tout son organe. Si les passages en chant « normal » sont plutôt bien fichus, il n’en est pas de même lorsqu’il faut monter dans les tours. Le frontman ne maîtrise pas du tout les aigus, et pourtant, il s’évertue à les utiliser à tout bout de champ, formant une vraie dissonance. Un choix d’ailleurs étrange, car à chaque fois qu’il utilise ce chant aigu, il aurait pu faire un choix plus logique et moins pénible. Pour lui comme pour nous.

Ce qui est dommage pour le groupe, c’est aussi qu’il essaye de varier les plaisirs et de montrer toutes ses références. C’est relativement louable, mais malheureusement, cela manque de liant et de cohérence au sein de l’album. De plus, certains genres ne collent pas du tout à la voix du chanteur. A Million Miles Away en est un exemple flagrant. On est proche d’un Hard Rock typique des années 80, mais rien ne fonctionne vraiment, la faute à un chant dégueulasse et à un enregistrement aux fraises. Fight aurait pu remettre les pendules à l’heure, mais les back-up sont insupportables et le côté Heavy années 90 n’est absolument pax exploité correctement. Pire, on en arrive à des passages pénibles, qui nous donnent envie de tout arrêter, comme cette double-pédale qui n’a rien à faire là, ou encore les ruptures dans les solos qui ne sont pas fluides.

Behind These Eyes aura les mêmes problèmes que les titres précédents, avec un manque d’implication et surtout un gros problème de production. Néanmoins, lorsque le chanteur emploie sa voix normale, il tient un peu plus les notes et c’est plus agréable à l’écoute. En fait, il manque vraiment de la sobriété dans cet album, qui essaye de faire plus que les moyens du bord, et se saborde tout seul. Reign of Fear se la joue à la Judas Priest, mais ça fait presque de la peine à entendre. Tout comme Conman, qui ne tient pas la route, et signe à quelque part l’arrêt de « mort » du groupe. A Winter’s Day s’essaye à la ballade, mais on a envie de crier « au secours ». Quant à Waiting for Tomorrow, on retourne dans tous les travers de la formation.

Au final, on ne peut qu’être triste pour le groupe, qui fait de gros efforts et possède une belle technique, mais ne parvient jamais à en faire quelque chose de bien. Ivory Knight aura bien mis treize ans à écrire ce troisième album, rien n’y fera, on restera dans un truc qui pue l’amateurisme à plein nez, et pour lequel on ne pourra que saluer la belle volonté d’aller dans un style compliqué, surtout sans argent. On se console comme on peut.

  • Rejected Intro
  • Rejected
  • A Million Miles Away
  • Fight
  • Behind These Eyes
  • Reign of Fear
  • Conman
  • A Winter’s Day
  • Waiting for Tomorrow

Note : 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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