De : Murielle Magellan
Avec Sara Giraudeau, Pierre Deladonchamps, Grégoire Ludig, Sarah Suco
Année : 2022
Pays : France
Genre : Comédie, Romance
Résumé :
Eloïse se retrouve assise seule sur un banc parisien. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Elle ne se souvient de rien ! Elle se lance alors dans une enquête, pleine de surprises, pour découvrir qui elle est. Et si cette amnésie lui permettait de trouver qui elle est, qui elle aime, et de réinventer sa vie ?
Avis :
Au rayon des nouvelles venues dans le paysage du cinéma français, aujourd’hui, on s’arrête sur Murielle Magellan, dont « La page blanche » est son premier long-métrage de cinéma.
Âgée de cinquante-cinq ans, Murielle Magellan est loin d’être d’une inconnue, car avant de se lancer dans la réalisation, elle s’est d’abord fait connaître comme metteuse en scène de théâtre, puis en tant que scénariste travaillant sur la série « P.J. » sur plusieurs saisons, et tout un tas d’autres séries et films. Puis derrière ça, elle est l’une des showrunners, à partir de 2008, de la série « Les petits meurtres d’Agatha Christie« . Enfin, en 2019, elle passe à la réalisation avec un téléfilm, « Moi grosse« , un film qui aborde, comme le titre le laisse imaginer, l’obésité.
Sorti discrètement à la fin Août, « La page blanche » est une petite comédie très attachante, qui réussit pile ce qu’elle va entreprendre. Adapté d’une bande dessinée du même nom, ce premier long-métrage de cinéma signé Murielle Magellan se pose alors comme un bon moment, partagé entre rires, gags, émotions, et même une petite enquête prenante à la découverte de soi. Après, ce ne sera pas le film français de l’année, mais au rayon des comédies que notre pays nous offre (ou nous fait subir) chaque année, cette « … page blanche » s’envole au-dessus du lot, et pose sur nos visages un joli sourire.
Un après-midi, Éloïse se réveille sur un banc sur une place de Paris. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Elle n’en a aucune idée et au-delà de ça, putain, mais qui elle est ? Éloïse a oublié tout ce qui la concerne, et elle ne va pas être au bout de ses surprises, car à la recherche d’elle-même, elle va découvrir une femme qu’elle déteste, et surtout bien mystérieuse.
Et si on se faisait un petit reset pour redécouvrir sa vie ? Imaginez donc, un jour, en pleine journée, vous oubliez tout de vous, et il va falloir alors faire une enquête sur vous-même, pour d’une part découvrir qui vous êtes, et de l’autre découvrir ce qui a bien pu se passer pour que d’un coup, vous perdiez votre mémoire. Voilà l’idée que nous propose Murielle Magellan pour son premier film, et qui va se poser comme un petit vent de fraîcheur et d’humour.
Ce qui est cool avec ce petit film, c’est qu’il arrive à se faire assez étonnant dans sa construction, et dans ce qu’il va raconter. Le scénario de cette « … page blanche » va nous raconter une jeune femme qui part à la découverte d’elle, et caché derrière la comédie, « La page blanche » est plusieurs sérieux qu’il n’en a l’air. Imaginez donc que vous découvrez que vous êtes finalement un être horrible et superficiel, que feriez-vous ? Ici, au fur et à mesure que le personnage regroupe les pièces du puzzle de sa vie, une sérieuse remise en question se fait, et cette évolution, même si elle est assez facile et évidente, sait se faire touchante et plaisante. De plus, presque de manière logique et convenue, cette histoire nous entraîne dans une petite romance, avec une sorte de triangle amoureux dont on connaît déjà la résolution, mais malgré ça, on se laisse là encore toucher, car aurions-nous voulu une autre fin ? Certainement pas !
On notera que si parfois le film est facile, d’autre fois dans son écriture, il se fait là encore étonnant, pour ne pas dire audacieux, comme ce moment où le personnage va à la rencontre de ses parents, et en l’espace quelques répliques, Murielle Magellan nous fait passer en sous-texte tout ce qui va suivre, et répondre à beaucoup de questions, sans jamais les pointer du doigt. Avec ces réponses et le fait de savoir ce qui va arriver, ça aurait pu tuer le final, et pourtant, on se laisse emporter, et l’on se plaît à voir tous ces éléments se mettre en place.
Si le film fonctionne bien, c’est aussi grâce à la présence d’une Sara Giraudeau en pleine forme dans la peau de cette femme perdue, qui toute en retenue est capable de se lâcher de manière stupéfiante et surtout très drôle. Pour l’accompagner, l’aider, la découvrir, la détester, ou la juger, on pourra compter sur Pierre Deladomchamps, Grégoire Ludig, Sarah Suco, Doully, Stéphane Guillon, ou encore Lola Dubini et Djanis Bouzyani.
Ce vent de légèreté vient aussi de la mise en scène de Murielle Magellan qui nous entraîne dans une petite comédie libre et pleine de petits bouts de folie. Fantasque, oscillant entre le sucré/salé, sachant se faire aussi drôle que touchant lorsque son intrigue le demande, jouant énormément avec Paris et les quartiers dans lesquelles la réalisatrice a posé sa caméra, nous offrant même quelques séquences animées étonnantes, « La page blanche » est vraiment plaisant à suivre, et surtout son rythme fait que jamais l’on ne s’y ennuie. Ici, tout est fluide et le film ne cesse de rebondir pour le meilleur.
Parfois, de petits films sortent comme ça, sans crier gare et il se pose comme de jolie surprise et cette « … page blanche » est typiquement de ceux-là. Certes, il n’y a rien d’extraordinaire, et pourtant, le film fait bien mieux que beaucoup trop de comédies qui se veulent drôles et bienveillantes. Petite fantaisie pleine d’humour et d’amour, ce premier film de Murielle Magellan a su nous cueillir et jamais nous lâcher, et l’on ressort de cette séance de cinéma le sourire aux lèvres.
Note : 14/20
Par Cinéted