mai 8, 2024

The Night

De : Kourosh Ahari

Avec Shahab Hosseini, Niousha Noor, George Maguire, Michael Graham

Année : 2020

Pays : Iran, Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Après avoir dîné chez des amis dans la banlieue de Los Angeles, un couple avec leur bébé décide de rentrer chez eux malgré l’heure tardive et l’excès d’alcool. Sur le chemin du retour, ils tombent en panne de GPS et se perdent. Vaincus par la fatigue, ils doivent trouver un endroit où passer la nuit, quand leur route les amène à l’Hôtel Normandie… La nuit s’annonce être sans fin…

Avis :

Si l’on excepte les films de Asghar Farahdi, le cinéma iranien n’est pas vraiment exploité en France. Pour autant, il existe un vrai mouvement artistique dans ce pays en ce qui concerne le cinéma et de nombreux réalisateurs commencent à se faire un nom. On pense bien évidemment à Bahman Ghobadi avec le film Les Chats Persans, ou encore Dariush Mehrjui à qui l’on doit La Vache, qui est considéré comme un monument du cinéma iranien. Comme on peut le constater, tous ces films sont très terre à terre et n’exploitent pas forcément le folklore iranien ou les croyances ésotériques. C’est désormais chose faite avec Kourosh Ahari et son The Night, coproduction iranienne et américaine, qui nous plonge dans le cauchemar vécu par un couple lors d’une nuit qui ne finit pas. Film d’épouvante austère et assez longuet, The Night reste pourtant un film qui a des atouts pour lui.

La nuit la plus longue

Ici, le réalisateur iranien nous propose de suivre un couple avec son bébé. Alors qu’ils passent une bonne soirée arrosée chez des amis, ils décident de rentrer chez eux. Mais le mari, éméché, se trompe de route. Il se fait tard et le couple décide de passer la nuit dans l’hôtel Normandie. C’est à ce moment-là que des phénomènes étranges apparaissent, mettant le couple dans une situation éprouvante. Apparitions, personnages inquiétants, hallucinations, tout y passe et le couple va passer la nuit la plus longue de sa vie. Quand on évoque un tel pitch, difficile de ne pas penser à Chambre 1408 ou Shining, des films d’épouvante se déroulant dans un hôtel miteux, avec des fantômes. Avec The Night, le cinéaste se concentre sur un couple qui semble avoir des choses à cacher, afin d’injecter un peu de fond au problème.

L’homme, dont le film dresse un portrait peu réjouissant, est en proie à une rage de dent qui le fait de plus en plus souffrir. On pourrait alors penser que la rage de dent, plus l’alcool, lui colle des hallucinations. Mais force est de constater que le film va plus loin que cela, notamment en évoquant une fille mystérieuse qu’il semble apercevoir un peu partout. Une fille dont on va connaître le secret sans que celui-ci soit pleinement avouer. Dès lors, on va voir ce personnage comme quelqu’un d’antipathique, de menteur et presque de manipulateur. D’ailleurs, il traite sa femme avec une certaine forme de mépris, la tenant souvent pour responsable de ses propres erreurs. Le film fait alors une critique timide du patriarcat, à travers un homme désagréable, mais qui trouve une excuse dans la douleur qui le torture.

Dans l’enfer de la nuit

A côté de cet homme, il y a une femme, dont le parcours est sensiblement le même. Elle est aussi victime d’hallucinations et de présences inquiétantes, notamment avec un petit garçon qui la hante. Inquiète pour son bébé (tout comme le mari, le film ne prenant pas parti concernant la parentalité), elle va tout faire pour le protéger, quitte à prendre des risques inconsidérés. Son cheminement sera plus juste que celui du mari, car à la toute fin, elle comprend comment mettre fin à ce cauchemar, et fait preuve d’un grand courage, quitte à blesser moralement son mari. Malheureusement, ce dernier ne fait rien et n’assume pas ses erreurs du passé. On voit bien, à travers le traitement de ce couple, que le réalisateur essaye de mettre du fond sur les relations maritales en Iran, mais il reste trop en surface, et ne va pas au bout du problème.

La fin, cryptique, ne résout d’ailleurs pas les problèmes et pose plus de questions qu’autre chose. Même si, à la rigueur, on peut y voir la victoire d’un patriarcat conquérant, qui gagne, même lorsqu’il ment ou n’avoue pas. Pour arriver à cette réflexion, il faut tout de même pousser le bouchon assez loin et tenir devant le film. Car oui, The Night est un film long, mou et pénible à regarder. Non pas dans sa mise en scène, racée, mais plutôt dans son déroulement, qui prend trop son temps et qui s’appuie sur des éléments qui ne sont pas passionnants. On pense à cette fixation sur une femme en burqa, ou sur ce tableau avec un homme au dos tourné, des passages qui ne servent à rien, si ce n’est à ralentir un peu plus un rythme déjà délétère. De même avec des personnages inconsistants, comme ce maître d’hôtel lugubre.

C’est beau la Normandie

Malgré tous les mauvais points qu’accumule le film, on retrouve tout de même quelques bons éléments auxquels se raccrocher. En premier lieu, les deux acteurs principaux jouent plutôt bien. Ils croient en leur personnage et s’y accrochent. Mais surtout, c’est la mise en scène du réalisateur qui est à mettre en avant. Si c’est long et mollasson, il n’en demeure pas moins que c’est beau à regarder. Les jeux de lumière sont intéressants et soulignent bien certaines émotions, avec notamment des saturations en rouge et vert. Il y a aussi une volonté de jouer avec les lignes de fuite pour souligner les longs couloirs de l’immeuble. On pourra aussi se réjouir de quelques jolis plans, quelques travellings lents et des zooms lancinants, voulant apporter un côté angoissant à l’ensemble. The Night est un beau film sur le plan visuel et il est dommage que l’histoire ne tienne pas.

Au final, The Night est un film d’horreur qui n’est pas inintéressant. Visuellement très beau, le film permet de mettre en avant un réalisateur inconnu qui possède un œil et une envie de faire un cinéma iranien autrement. Cependant, entre un rythme inexistant et une histoire qui peine à convaincre, remâchant sans imagination de nombreux films d’épouvante se passant dans un hôtel, The Night ne convainc pas vraiment et provoque chez le spectateur un ennui poli. En espérant que le cinéaste garde son visuel, au service d’une intrigue plus passionnante pour la prochaine fois.

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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