avril 25, 2024

Parkway Drive – Darker Still – Voir au-delà du Metalcore

Avis :

Les épreuves difficiles au sein d’une vie sont peut-être les éléments déclencheurs d’une fièvre créatrice, permettant ainsi d’exorciser certains démons. On a pu le voir avec Korn et l’album The Nothing, dans lequel Jonathan Davis balançait toute sa tristesse et sa colère d’avoir perdu sa femme. Pour Parkway Drive, si la donne est moins dramatique, c’est tout de même un évènement compliqué qui a permis d’aboutir à Darker Still, le septième album des australiens. En effet, après dix-sept années passées sur les routes, le covid s’invite et le groupe doit s’arrêter. De là en découle des soucis mentaux pour certains membres, dont Winston McCall le frontman. Un changement radical de vie avec lequel il faut composer, et une amitié entre membres du groupe qui commence à flancher à cause, justement, de la pression exercée par le spectre créatif.

Darker Still est donc un effort qui a été fait dans la douleur, notamment à cause de la façon de travailler du groupe. Le chanteur l’explique lui-même lors de plusieurs interviews, où tout un chacun se pousse, jusqu’à un certain point de rupture. Et même si l’ambiance peut être bonne, la charge mentale est énorme, ce qui a même conduit à des rumeurs de séparation. Fort heureusement pour nous, Parkway Drive est toujours debout, et il le prouve une fois de plus avec cet effort, qui survient peu de temps après l’annulation de la tournée nord-américaine. Et encore une fois, les australiens vont fortement diviser leurs fans, appuyant un peu plus leur transformation initiée avec Ire, puis confirmée avec Reverence. Deux excellents albums qui s’éloignaient du Metalcore pure souche. Darker Still va alors plus loin encore, tout en conservant l’image si explosif du groupe.

Le début aura de quoi dérouter, puisque Ground Zero débute en chant clair, ce qui est très rare de la part de Winston McCall. On est plus habitué à l’entendre hurler dans son micro, histoire de délivrer des patates à chaque couplet. Néanmoins, cela ne dure que le temps de l’introduction, car très rapidement, on retrouve un Parkway Drive incisif et percutant. Les riffs mélodiques s’imbriquent parfaitement et on retrouve un break qui viendra tout casser. Certes, on est plus proche des précédents albums que des premiers, mais on reste dans une volonté de ferveur et de porter sur un final clairement fédérateur. Cette énergie, elle va baigner tout l’album, et parfois, elle va même devenir explosive, à l’image de Like Napalm, qui est taillé pour la scène. Le morceau ne laisse aucune seconde de répit et donne une furieuse envie de se détruire la nuque.

Et cerise sur le gâteau, le solo mélodique est tout simplement parfait, offrant un break optimal, qui laisse plus d’espace alors à la ligne de basse pour une reprise virulente et diabolique. Glitch sera un poil en dessous du reste. Choisi pour être le premier morceau afin de vendre l’album, le titre est un peu facile et ne détient pas forcément de moments vraiment forts. Si on peut se réjouir d’un break jouissif et puissant, on reste tout de même dans un titre qui manque d’un petit quelque chose pour faire la différence. Un peu dans le même style, mais avec des passages qui forcent le respect, on peut aussi citer Imperial Heretic et sa démarche furieusement fédératrice (comment ne pas chanter les « oh, oh » en chœur) dotée de riffs déments, ou encore Land of the Lost et ses petites touches indus qui renforcent un ambiance relativement sombre.

Bref, Parkway Drive est en grande forme et maîtrise parfaitement son art, quitte à parfois faire dans la redondance. La construction des titres est souvent la même, avec deux couplets, autant de refrains et un pont virulent. Pour autant, cela fonctionne plein pot grâce à un sens aiguisé de la mélodie et une écriture simple qui permet de rendre tous les refrains mémorables. En ce sens, The Greatest Fear est un petit chef-d’œuvre à lui tout seul. Outre des arrangements épiques portés par des voix féminines sublimes, on retrouve toute la volonté du groupe à se dépasser et à aller au-delà d’un simple Metalcore. De plus, c’est peut-être là que le thème de la mort et de l’après est le plus prégnant. Quant à From the Heart of the Darkness, il rejoint ce schéma et donne une véritable aura grandiloquente au groupe.

Enfin, il est difficile de passer outre les titres qui font sortir Parkway Drive de sa zone de confort. Rares sont les groupes qui osent de nouvelles choses, et c’est pourtant le cas ici, avec bien évidemment un interlude étrange avec Stranger, mais surtout avec If a God Can Bleed. Minimaliste au possible, Winston McCall se la joue Nick Cave gothique dans un morceau qui étonne, détonne, mais s’insère parfaitement dans l’album, grâce à sa noirceur et son ambiance si particulière. Mais on retiendra surtout Darker Still, chef-d’œuvre monumental qui débute comme un western avec des sifflements pour fournir un voyage ahurissant, d’une rare beauté. Qui aurait cru les australiens capables d’un tel niveau de technique et de luminosité ? Pas grand monde et c’est magistral. Tout comme Soul Bleach, un torrent de violence qui met une baffe tonitruante.

Au final, Darker Still, le dernier album de Parkway Drive, est, encore une fois, une superbe réussite. Si les fans de la première heure seront certainement encore déçus, force est de reconnaître que le groupe ne cesse d’évoluer et de proposer des titres dotés d’une épaisseur insoupçonnée. Ne reniant jamais ses origines avec des morceaux percutants, cherchant toujours à repousser ses limites créatrices, c’est dans la douleur que le groupe accouche d’un septième effort qui impose le respect et l’admiration.

  • Ground Zero
  • Like Napalm
  • Glitch
  • The Greatest Fear
  • Darker Still
  • Imperial Heretic
  • If a God Can Bleed
  • Soul Bleach
  • Stranger
  • Land of the Lost
  • From the Heart of the Darkness

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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