mai 20, 2024
BD

Un Dernier Été au Cimétière

Auteur : SantaMatita

Editeur : Ankama

Genre : Tranche de Vie

Résumé :

Chaque été, tel un camping improbable, le cimetière se peuple d’une foule variée et hétéroclite. Chacun passe ses vacances dans les cryptes et les tombeaux familiaux, créant ainsi une communauté insolite qui partage joies et chagrins.​

Mais cette année, une annonce vient bouleverser les vacanciers : le cimetière doit fermer ses portes…​

Avis :

Le neuvième art est formidable dans le sens où il peut aborder tous les thèmes dans quasiment tous les genres. Et cela, peu importe les graphismes ou le genre, il n’y a pas de limite à l’imagination des situations pour parler du deuil, de l’amour, de la vie, de la mort ou d’autres thèmes sociétaux à l’image du racisme, de l’homophobie ou encore du chômage. Bref, même si on peut retrouver tous ces thèmes dans tous les médiums culturels possibles, la bande-dessinée permet d’aborder tout cela au sein d’une seule et même histoire. SantaMatita l’a très bien compris avec sa nouvelle BD, Un Dernier Eté au Cimetière, qui est l’association de plusieurs récits de vie au sein d’un camping improvisé dans un cimetière italien.

Il est assez compliqué de résumer en quelques lignes l’histoire de cette bande-dessinée, puisqu’il s’agit d’un chassé-croisé de plusieurs destins au sein d’un même lieu. Nous sommes en Italie, et chaque année, un cimetière devient un camping pour les familles des défunts, qui viennent passer leurs vacances dans les cryptes familiales. Il en résulte une foule bigarrée qui vient avec ses problèmes, ses envies et surtout ses souvenirs. Car si l’on commence par suivre une famille tout ce qu’il y a de plus « normale », on vite se retrouver aux côtés de Diletta et son mari, qui vient faire le deuil de ses parents, décéder dans un accident de voiture. Le premier thème exploré est alors explicite, avec une jeune femme qui se renferme, jusqu’à exploser et hurler sa tristesse. Le tout est abordé avec simplicité, mettant en avant l’amour de sa famille.

Puis en partant de ce couple avec un jeune enfant, la BD va tisser des liens avec les autres habitants d’un été. Ainsi, Cosmo, le fils qui fête ses six ans, on va voir comment les enfants se font de nouveaux copains, et jouent dans les différentes cryptes pour passer l’été. On verra ainsi les amours naissants, les premiers flirts et les petites bêtises. Quand on se penche du côté du père, on aura droit à une jolie amitié naissante avec un homme veuf, qui vit dans le mausolée de sa femme toute l’année, faute de trouver un travail stable. L’homme est touchant par sa solitude et sa tristesse qu’il a enfoui au fond de lui, tout en ne laissant rien transparaître. Et puis grâce à lui, on va faire la connaissance d’un couple de personnes âgées qui viennent ici chaque pour cultiver des tomates, et parler des ragots.

Des ragots qui entretiennent les relations entre voisins et habitués. Ces histoires amèneront alors à parler d’un type qui a installé une douche personnelle dans sa crypte, alors qu’elle appartient à la famille de son amoureux, dont il n’arriva pas à faire le deuil. Il sera alors question d’homophobie au sein d’une société italienne vieillissante et qui a dû mal à accepter cela. Mais SantaMatita va adoucir ce thème en mettant en avant un jeune garçon qui se découvre homosexuel et qui va demander conseils à cet homme-là pour s’accepter et avancer dans sa vie. Tout en n’avouant pas son orientation sexuelle à une jeune fille qui est amoureuse de lui, faisant alors tout pour ne pas lui laisser un mauvais souvenir. Bref, c’est très riche, très dense, les thèmes sont assez lourds, mais le dessinateur va rendre tout cela très joyeux grâce à deux choses importantes.

En premier lieu, on pourrait croire que les dessins sont assez simplistes, voire trop. Mais à y voir de plus près, ils permettant d’apporter une certaine pudeur dans les thématiques et au sein de cette population. Certains personnages peuvent paraître assez grossiers, à l’image de ces vieux qui passent leur temps à médire sur tout le monde. Alors que d’autres seront plus fins et parfaitement identifiables malgré des dessins qui ne font pas dans le détail. L’autre gros point fort de cette bande-dessinée, outre l’intelligence de ce récit, c’est son aspect hyper coloré, d’une chaleur réconfortante. On est en plein été, et on ressent le soleil qui tape sur les têtes, tout en offrant des couleurs sublimes, rendant alors ce cimetière très festif et joyeux. Cela tend à rendre les thèmes plus digérables, et à mieux accepter le deuil, ou faire face à une mort qui est inéluctable.

Au final, Un Dernier Eté au Cimetière est une bande-dessinée qui se fait touchante, simple et belle, et cela malgré des graphismes simples et pas forcément « beaux », dans le sens détaillé. SantaMatita raconte plusieurs histoires de vie qui sont fortes, pleines de sentiments et de ressentiments, au sein d’une foule disparate mais qui, malgré les différences, s’entraide et se fait confiance. Si les on-dit et autres ragots sont de la partie, il n’empêche que tout ce petit monde symbolise la Vie avec une majuscule et que la pudeur et la simplicité, associées à une chaleur réconfortante qui fleure bon les grandes vacances, font de cette bande-dessinée un petit bonbon acidulé et doux.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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