Avis :
Le Doom Métal est un genre très particulier de la scène underground puisqu’il propose des rythmiques très lentes et des riffs assez lourds et atmosphériques, peaufinant ainsi un univers très sombre et glauque. Les paroles sont souvent désespérées et nihilistes et du coup, le Doom reste un genre encore trop méconnu malgré des musiciens au talent inégalé. Afin de sortir un peu de la masse, il a fallu trouver des solutions, tout en gardant l’essence même du Doom et c’est ce qu’a fait Paradise Lost à la fin des années 80, en mélangeant ce style avec le Death. Il n’en fallait pas plus pour que le groupe sorte de l’ombre et trouve une place de choix dans le cœur de tous les métalleux. Entre chant growlé et riffs lourds à base de rythme lent, la formation avait trouvé sa voix. Puis, après quelques succès, le groupe décide d’explorer autre chose et part carrément vers l’électro rock à la Depeche Mode, prenant tout le monde à revers. Une évolution qui n’a pas forcément été bénéfique pour le groupe, perdant alors son batteur. De ce fait, et depuis maintenant quelques albums, Paradise Lost est revenu à ses fondamentaux et livre des skeuds de qualité, toujours en mélangeant allègrement le doom et le death. Medusa, quinzième album, montre enfin le bout de ses cheveux crochus deux après The Plague Within.
Le skeud débute avec Fearless Sky, le morceau le plus long de l’album, puisqu’il dépasse les huit minutes. Une longue entrée en la matière donc, mais qui tient toutes ses promesses. Car non seulement le morceau est envoutant, mais en plus de cela, il est techniquement incroyable. Le groupe arrive à tenir plus de huit minutes sur un rythme lancinant, mais gardant toujours en tête l’aspect divertissant et donc relançant constamment vers quelque chose à se mettre sous l’oreille. Hypnotique, doté d’une structure complexe mais efficace avec un refrain bien marqué, Paradise Lost montre un retour en grandes pompes. Et ce retour se fera avec des titres surpuissants ne laissant que peu de souffle à celui qui écoute, puisqu’entre des titres comme Gods of Ancient, From the Gallows ou encore Medusa, le groupe envoie la sauce comme il faut et montre qu’il laisse bien derrière tout son délire électro. Histoire de bien enfoncer le clou, le groupe se permet même un délire en partant dans le Black/Death avec Frozen Illusion, un titre d’une grande violence vocale, n’ayant que du gros growl bien gras et des riffs d’une lourdeur sans précédent. Bref, Paradise Lost explore encore les facettes d’un genre trop peu représenté sur le devant de la scène et ça fait plaisir.
Mais surtout, le groupe n’oublie pas pour autant qu’il doit être écoutable et donc fonctionner avec des morceaux plus « mainstream », alternant des moments en chant clair avec des moments plus virulents et s’amusant aussi avec ses rythmiques. Pour se rendre compte de cette prise de conscience importante et qui contribuera bien évidemment au succès du groupe, il suffit de jeter une oreille sur Blood & Chaos, un titre qui sera forcément décrié, mais qui permet au groupe de démontrer son talent pour aller vers des choses plus rapides et tout aussi techniques et riches. Le morceau est entrainant, alterne parfaitement un chant clair grave avec des moments plus criés et l’ensemble se coordonne de manière osmotique. Le plus épatant avec cet album, c’est que tout en gardant une certaine violence, le groupe arrive à toucher l’auditeur avec des moments complètement éthérés que l’on peut retrouver dans Until the Grave par exemple, où au milieu de growls surpuissants, on retrouve des riffs plus doux, ou encore avec The Longest Winter et ses paroles si poétiques ou bien Shrines et ses guitares aériennes. On sent qu’avec cet album, le groupe trouve un équilibre tout simplement parfait entre Doom et Death. Enfin, comment ne pas parler de Symbolic Virtue, un titre hypnotique, puissant et d’une beauté subjuguante. Résolument l’un des meilleurs titres de l’album, avec en prime un piano offrant une dimension supplémentaire dans l’émotion.
Au final, Medusa, le dernier album de Paradise Lost, est une vraie réussite comme on en voit rarement. A la fois lourd et poétique, violent et doux, le groupe qui officie depuis la fin des années 80 n’a pas fini de faire parler de lui et prouve avec Medusa qu’ils restent les meilleurs dans le Doom/Death, continuant une exploration qui ne semble trouver aucune faille. Bref, certainement l’un des meilleurs albums métal de l’année, tout simplement.
- Fearless Sky
- Gods of Ancient
- From the Gallows
- The Longest Winter
- Medusa
- No Passage for the Dead
- Blood & Chaos
- Until the Grave
- Frozen Illusion
- Shrines
- Symbolic Virtue
Note : 19/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ufs-kLZFyjU[/youtube]
Par AqME