De : Jérémie Sein
Avec Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Rivaldo Pawawi, Grégoire Ludig
Année : 2024
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Après dix jours de compétition, les Jeux sont un fiasco pour la délégation française qui ne parvient pas à gagner de médaille d’or. Tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul, champion du monde de tir mais athlète immature et pas très malin. Alors que la compétition approche, il est contraint de partager sa chambre avec un nageur qui semble plus préoccupé par les tentations extra-sportives du village que par sa course.
Avis :
Jeune réalisateur français, « L’esprit Coubertin » est le premier film de Jérémie Sein. Ayant fait ses études à la Fémis, avant ce premier film, le metteur en scène a pas mal réalisé. C’est dès la fin des années 2000 que l’on commence à trouver des courts-métrages de Jérémie Sein. Entre 2009 et 2017, il réalise pas moins de sept courts. Par la suite, on le retrouve du côté du petit écran, avec quelques réalisations sur la série « Têtard« , puis sur la série « Parlement« , où il va réaliser des épisodes ici et là, sur les trois premières saisons.
Pour son premier film, Jérémie Sein avait envie de parler de sport, un sujet qui tient à cœur dans sa famille, puisque son père est journaliste sportif. Et quoi de mieux que de faire un film autour des JO, l’année même où notre pays accueille cet événement sportif ? Comédie potache, « L’esprit Coubertin » est un film qui avait tout de la bonne idée au départ. Ici, le réalisateur nous entraîne au cœur du village olympique, pour une sorte de parcours initiatique auprès d’un jeune sportif totalement coincé, pour qui gagner en compétition est une habitude.
« Sur le fond, cet « … esprit Coubertin » a de l’idée. »
Le tout sera tenu par un casting de premier ordre, avec Benjamin Voisin et Emmanuelle Bercot, mais si le film se veut drôle, il va surtout être long, faisant le choix difficile de nous faire suivre un personnage tellement bloqué, voire même débile, qu’on ne comprend pas. Reste alors deux ou trois blagues qui feront sourire, pour un film qui peut se laisser regarder, mais qui se laissera oublier tout aussi vite.
Les Jeux olympiques de Paris 2024 sont une véritable catastrophe, les Français n’arrivant pas à décrocher ne serait-ce qu’une médaille. Après dix jours, tous les espoirs reposent sur les épaules de Paul Bosquet, un jeune gendarme qui concourt au tir. Paul est multiple champion du monde, et pour lui, ces JO ne sont qu’une formalité. Enfin, pour cela, il faut qu’il reste concentré, et totalement axé sur sa préparation, mais voilà, une fois arrivé au village olympique, Paul découvre qu’il doit partager sa chambre avec une autre athlète, et cette cohabitation va grandement le déstabiliser…
« L’esprit Coubertin » dit que « – Le plus important aux Jeux olympiques n’est pas de gagner, mais de participer, car l’important dans la vie ce n’est point le triomphe, mais le combat… », et ce qui est drôle, en quelque sorte, c’est que cette pensée peut aisément s’appliquer à Jérémie Sein et à son premier film, car s’il y a bien quelques moments, et deux ou trois répliques, qui sont drôles, pour le reste, on repassera, Jérémie Sein n’ayant pas réussi à nous emporter dans son délire.
Pourtant, sur le fond, cet « … esprit Coubertin » a de l’idée. Le réalisateur surfe sur la vague des J.O., offrant un film qui parlera de sports, de compétitions, de partage, et avec ça, il va s’amuser à pointer les politiques et autres journalistes sportifs pessimistes, ou encore l’esprit français qui râle en permanence. Bref, comme je le disais, il y a de l’idée, et en soi-même, le film se laisse regarder, se posant comme moins pire que ce que la bande-annonce laissait présager. D’ailleurs, les distributeurs ont eu du mal avec leur film, la promotion passant pratiquement inaperçue.
« Jérémie Sein livre une comédie lourde. »
Mais voilà, si la critique politique est intéressante, (le moment avec la ministre des sports incarnée par Aura Atika vaut son détour), s’il y a un bon esprit de cohésion avec la trajectoire de ce sportif solitaire qui, petit à petit, va s’ouvrir aux autres, pour finalement appliquer à la lettre « L’esprit Coubertin », le film de Jérémie Sein a un gros souci qui va abîmer énormément les bons éléments de cette comédie qui se veut drôle et grinçante à la fois. Ce problème, c’est Paul Bosquet. Ce personnage est incompréhensible. Que ce soit son look et sa façon de faire, c’est très compliqué. Et ici, on parle bien du personnage, et non de son acteur, Benjamin Voisin, car malgré un rôle débile, le comédien, lui, reste très bon.
Non, ici, c’est bien Paul Bosquet qui est incompréhensible, et ce qui se veut drôle dans ce que le scénario lui fait traverser et lui demande faire, devient lourd et gênant parfois. Pourtant, la trajectoire est plutôt touchante, avec l’idée de quelqu’un qui va s’ouvrir et comprendre tout un tas de choses, mais pour parvenir à cela, il faut affronter une caricature poussive au possible. Et ajouté à cela, il y a l’humour qui est loin d’être nuancé. D’ailleurs, Benjamin Voisin n’est pas forcément aidé avec ses partenaires. Si Emmanuelle Bercot est excellente, elle tient un personnage inégal, assez touchant, mais vite oubliable.
Mais le plus compliqué réside dans le duo Grégoire Ludig et Laura Felpin, qui sont insignifiants, voire même totalement mauvaise pour cette dernière, qui en fait des tonnes et des tonnes pour être drôle. Heureusement, tout cela ne dure pas longtemps, le film faisant une heure et dix-huit minutes, et c’est peut-être ce qui fait que l’ensemble se laisse regarder « gentiment ».
À défaut d’avoir gagné, Jérémie Sein aura toutefois participé, et si cet « … esprit Coubertin » tient quelque chose parfois, tenant quelques scènes qui sont drôles, tenant une critique politique amusante et au-delà de ça, démontrant l’étendue du talent de Benjamin Voisin, le comédien arrivant à être très bon dans un mauvais rôle, sur l’ensemble de ce premier film, Jérémie Sein livre une comédie lourde, et qui va vite se faire oublier.
Note : 08/20
Par Cinéted