
Autrice : Josépha Juillet
Editeur : ActuSF
Genre : Dystopie
Résumé :
Dans un monde post-apocalyptique, sous un régime inflexible et absolu, la faune et la flore ont totalement disparu. Les habitants n’ont plus qu’un seul lien avec la nature : leurs Totems, des animaux génétiquement implantés en eux, qui peuvent influer directement sur leurs caractères et leurs capacités. Si pour la plupart, ces mutations sont bénignes, d’autres se transforment en véritables bêtes, parfois incontrôlables, et sont traquées sans pitié par le gouvernement. Claire cache un lourd secret : elle est une Mutante. En plus de son Totem, elle possède le rare pouvoir de discerner ceux des autres, un don qu’elle doit dissimuler à tout prix. C’est alors qu’elle croise la route d’une Mutation qui pourrait bien tout changer. Entre pouvoir et rébellion, Claire devra choisir si elle est prête à briser les chaînes du système.
Avis :
S’il y a bien un genre que la littérature « young adult » s’est rapidement éprise, c’est la dystopie, ou le récit qui se déroule dans un monde post-apocalyptique. On peut citer les franchises les plus connues comme Hunger Games, Le Labyrinthe ou encore Divergente, qui tournent autour d’un monde futuriste pas jojo et mettent en scène des adolescents qui ont les hormones qui frétillent. Josépha Juillet, psychomotricienne de métier, décide de prendre ce genre à bras le corps avec Mutation, une histoire en deux tomes, dont le premier vient de sortir aux éditions ActuSF. L’action se déroule tout d’abord à Paris aux alentours des 2100, et l’on apprend par la force des choses que plusieurs catastrophes naturelles ont eu raison de la population, qui s’est regroupée dans la capitale, et qu’une inondation gigantesque a buté quasiment tous les animaux et les plantes.
C’est à partir de ce constat que l’on va suivre Claire, une jeune femme d’une vingtaine d’années, qui vit dans le Sud de Paris avec sa frère jumeau et sa grand-mère. Grâce à ce personnage, on va en apprendre plus sur le monde qui l’entoure. Paris semble être le dernier bastion de l’humanité, et est divisé en deux parties, avec les nordistes qui sont les riches et privilégiés, et les sudistes, qui sont les plus pauvres et les laissés-pour-compte. Cependant, le nouveau gouvernement, dans un souci d’équité, scolarise tous les enfants dans le même bâtiment, prônant alors une égalité des chances factice, mais qui a le mérite de faire dans la mixité. Jusque-là, rien de bien neuf à se mettre sous la dent, et on va surtout faire face aux atermoiements de Claire, entre ses émotions, sa complicité avec son frère, et la relation étrange qu’elle entretient avec sa voisine.
Histoire de rajouter un peu de piment dans cet univers, le gouvernement, afin d’éviter la propagation de maladies, a mis au point un vaccin avec de l’ADN animal, et certains individus peuvent alors se transformer en diverses bestioles. Par exemple, Claire découvre qu’elle peut devenir un jaguar. Le problème, c’est que le gouvernement traque les mutations, et encore plus celles qui développent des compétences supplémentaires. Notre héroïne se découvre en prime un don de clairvoyance, ce qui veut dire qu’elle peut voir les totems de tous les mutants. Et on apprend qu’il y a d’autres pouvoirs, comme sa voisine qui est une Oniris, elle fait des rêves plus ou moins prémonitoires. Bref, l’autrice peaufine un univers particulier, qui peut parfois paraître tiré par les cheveux, mais qui a le mérite de nous replonger dans notre adolescence avec les Animorphs, une série en plus de cinquante tomes.
Bien entendu, pour développer un peu les personnages, il faut une aventure, et même si l’on pourra un peu pester contre des facilités, à l’image de ce gouvernement plutôt despotique, et des relations entre nordistes et sudistes qui ne sont que des rumeurs, ce premier tome tient bien la route. Claire découvre un garçon qui possède le totem du phénix, le plus important, celui qui pourrait détenir l’ADN de tout le royaume animal, et elle va décider de le protéger contre le gouvernement, pour lequel il risque de devenir un rat de laboratoire. Il va donc y avoir de la recherche, des fugues, des questionnements, et bien sûr, une romance qui va mettre des plombes à se déclencher. Enfin, pas vraiment à se déclencher, mais plutôt à se verbaliser. Si l’intention est louable, elle est surtout visible à des kilomètres et manque cruellement de finesse.
Alors oui, le roman est plutôt destiné à un public féminin et relativement jeune, mais cela n’empêche pas de construire des relations plus complexes, ou encore de ne pas mettre de romance du tout. D’autant plus que parfois, ça prend le pas sur l’intrigue plus générale, et l’ensemble manque cruellement de profondeur dans sa politique. A titre d’exemple, on peut parler du sauvetage de Camille, le frère jumeau de Claire, qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Et les éléments historiques, qui prennent forme de courts ajouts entre les chapitres, ne sont pas suffisants pour créer un univers vraiment crédible, ou tout du moins où l’en apprend plus sur le monde dans lequel on évolue. C’est dommage, et on espère que les choses seront plus approfondies dans le second tome.
Au final, Mutation T.01 – Animal(e) est un roman qui est plutôt maîtrisé dans sa fluidité et dans son écriture. C’est un bon page-turner et l’aventure qui s’y passe est rondement menée. Néanmoins, on retrouve des éléments propres à la dystopie young adult qui peuvent agacer, à l’instar de cette histoire d’amour qui prend trop de temps et trop de place, ou encore à des éléments fantastiques auxquels on a bien du mal à y croire. Mais in fine, ce n’est pas désagréable à la lecture, et on attend le second tome pour voir comment va se dérouler la suite.
Note : 14/20
Par AqME