
De : Lawrence Fowler
Avec Ethan Taylor, Leona Clarke, Simon Davis, Michaela Longden
Année : 2025
Pays : Angleterre
Genre : Horreur
Résumé :
Lorsqu’un expert en robotique canalise le chagrin de la perte de son fils de 11 ans pour construire « Robin », une poupée robotique entièrement fonctionnelle, une série d’événements horribles montre que Robin fera tout ce qu’il faut pour avoir son créateur pour lui tout seul.
Avis :
Si on aime le cinéma, on connait la notion de mockbuster. Ici, il s’agit de parodier, ou de reprendre des éléments d’un blockbuster bien connu, et de le faire à une sauce lowcost, avec les moyens du bord. Les studios Asylum en étaient les porte-étendards pendant de longues années, avant de gentiment se faire plus discret. Mais le monde du septième art est perclus d’opportunistes qui n’en rate pas une pour se faire remarquer, et Lawrence Fowler fait partie de cette caste. Réalisateur anglais, il commence par deux courts-métrages d’horreur en 2011 et 2012, avant de réaliser un épisode de la série Made in Wales. Après cela, il va plonger dans le long-métrage horrifique, avec tout d’abord Curse of the Witch’s Doll, puis sa franchise ringard Jack in the Box. Cette année, il nous gratifie d’un magnifique mockbuster avec Rob1n ou un M3gan sans le sou.

Il semblerait que la mode soit à l’intelligence artificielle, et le cinéma d’horreur a essayé de s’emparer de ce sujet pour faire peur aux gens. Ce qui n’est pas idiot en soi, encore faut-il avoir le script correct pour dénoncer les déboires que l’on peut avoir avec l’I.A., et raconter une histoire qui tienne la route. Ce ne fut pas du tout le cas de L’I.A. du Mal, mais M3gan y était arrivé avec plus ou moins de succès, s’amusant dans un dernier arc complètement foutraque et drôle malgré lui. Et alors que sort cette année le deuxième volet des aventures de cette poupée maléfique, Prime Video a cru bon de concurrencer cela en sortant Rob1n de Lawrence Fowler, ou l’histoire d’un père de famille qui a perdu son fils de onze ans, et décide de mettre tout son argent dans une poupée mécanique à l’effigie de son défunt garçon.
« Le problème avec le film de Lawrence Fowler, c’est qu’il est réalisé avec le cul. »
Dès le début, le film grille ses cartouches. Nous sommes durant l’anniversaire du fameux Robin, qui célèbre ses onze ans, et on voit qu’il se décide à buter sa mère et une paire d’autres personnes à coups de batte de baseball. Il se fait alors tuer par son propre père. Le film fait alors une avance rapide pour nous présenter un couple très amoureux qui décide de se marier, et le futur mari veut présenter son oncle à sa future femme, qui n’est autre que le père de Robin. En arrivant sur place, les retrouvailles sont étranges, et la poupée à l’effigie du petit garçon semble prendre vie, bien décidée à zigouiller quelques personnes. Pourquoi ? On n’en saura pas grand-chose. Le film dérive alors vers le thriller horrifique qui tente de cacher des choses, pour avoir de petites révélations à la toute fin.
Le problème avec le film de Lawrence Fowler, c’est qu’il est réalisé avec le cul. On pourrait se réjouir d’avoir des plans qui ne tremblent pas, et une mise en scène plutôt propre, mais le résultat tire plus vers le téléfilm du dimanche après-midi que du vrai film d’horreur. Il n’y a pas de recherche de lumière, d’idées de réalisation qui peuvent surprendre, et globalement, on a même des passages qui se répètent sans qu’il y ait un sens quelconque. A titre d’exemple, on peut citer ce moment où la caméra se déplace vers la gauche en fixant le personnage principal qui est au téléphone, suggérant alors au spectateur la présence de la poupée, mais il n’en est rien. Il n’y a rien, ni personne, c’est juste pour donner un semblant de mouvement à l’ensemble. Bref, ce n’est pas ce film qui va montrer le talent du réalisateur.
« il ne faut pas compter sur une horreur qui fasse peur. »
Là où les choses sont compliquées aussi, c’est dans le casting. Déjà, le film n’est disponible qu’en version française sur la plateforme de streaming, et forcément, avec un film aussi riquiqui, il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Les doubleurs sont catastrophiques, mais ce n’est rien en rapport au jeu des acteurs, qui se demandent bien ce qu’ils foutent là. Mention spéciale à celui qui joue le père de Robin, faisant semblant d’être amnésique, et qui est en constant surjeu. Puis, dans les faits, les personnages ne sont pas du tout empathiques. Il s’agit-là de personnages fonctions, avec ce qu’il faut de piétaille à zigouiller, entre la femme de chambre, les deux flics qui mènent l’enquête de la disparition de la femme de chambre (qui sera la première victime) ou encore le type qui veut récupérer l’argent qu’il a prêté au futur marié.
Et bien entendu, il ne faut pas compter sur une horreur qui fasse peur. Sans attachement aux personnages, on ne peut pas créer de la tension, et le film ne se rattrape même pas sur le côté gore. Il y a quelques meurtres, mais la plupart sont hors-champ, ou alors avec des coupures qui arrivent aux moments inopportuns pour cacher la misère. Robin est un robot tueur qui semble avoir de l’imagination, même s’il a une préférence pour la machette. Néanmoins, on peut trouver un bon point dans tout cela, le budget a dû partir dans la poupée qui est relativement bien faite, même si on ne la voit jamais se déplacer. Mais ça reste un vrai cache-misère, car même au niveau du scénario, on a aucune réflexion sur l’intelligence artificielle, ni même sur la difficulté de faire son deuil ou sur la cupidité de l’être humain.

Au final, Rob1n est un très mauvais film. En voulant surfer sur la vague initiée par M3gan, Lawrence Fowler délivre un mockbuster d’une qualité consternante, où les enjeux sont tellement misérables qu’ils n’apportent aucune réflexion sur des sujets importants, et de notre temps. Il en résulte un film mal monté, mal joué, et surtout mal mixé, avec parfois une musique plus forte que les paroles des protagonistes. Bref, une belle purge complètement à la masse…
Note : 04/20
Par AqME